Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné mandat mardi à une future force européenne pour aider Africains et Français à rétablir l’ordre en République centrafricaine (RCA) et menacé de sanctions les fauteurs de troubles dans ce pays.
La résolution adopté à l’unanimité par les 15 membres du Conseil invite aussi le gouvernement centrafricain à accélérer la transition politique en organisant des élections au deuxième semestre 2014 si possible, et renforce les moyens du Bureau de l’ONU en RCA (Binuca).
Le Conseil a décidé de mettre sous mandat de l’ONU les quelque 500 soldats européens qui doivent prêter main forte aux 4.000 militaires africains de la Misca (force de l’Union africaine, censée passer à 6.000 hommes) et aux 1.600 soldats français de l’opération Sangaris.
A terme, l’ONU considère qu’il faudrait déployer plus de 10.000 Casques bleus pour sécuriser la RCA “car la situation est très, très grave et le pays immense”, a expliqué l’ambassadeur français aux Nations unies Gérard Araud.
Un récent rapport du secrétaire général Ban Ki-moon citait le chiffre de 6.000 à 9.000 hommes à engager dans une éventuelle opération de maintien de la paix qui prendrait le relais de la Misca. Il faudra une autre décision du Conseil pour déployer ces Casques bleus, ce qui prendra plusieurs mois.
Pour l’instant, les soldats européens qui seront déployés en Centrafrique acquièrent le droit de “prendre toutes les mesures nécessaires” — c’est-à-dire faire usage de la force — pour se défendre et protéger les civils. Le Conseil avait accordé ce même mandat à la Misca et à l’armée française le 5 décembre.
L’Union européenne a pris la décision de principe le 20 janvier de lancer en RCA sa première opération militaire depuis six ans. Selon diplomates et experts, elle devrait mobiliser 500 à 600 hommes et l’Espagne, la Belgique, la République tchèque ou la Pologne pourraient y prendre part. Pour l’instant, seule l’Estonie a contribué officiellement à hauteur de 55 soldats. D’autres pays comme l’Allemagne ont promis une aide logistique.
La force européenne protégera l’aéroport de Bangui et les 100.000 civils qui y sont réfugiés ainsi que les convois humanitaires, a précisé à la presse Gérard Araud. Les soldats français seront ainsi “plus libres de se déployer à Bangui et dans le reste du pays”.
La résolution menace de sanctions ciblées (gel des avoirs et interdiction de voyager) tous ceux “qui menacent la paix, la stabilité ou la sécurité en RCA (..) et qui font obstacle au processus politique de transition, violent les droits de l’homme”, bloquent l’aide humanitaire ou violent l’embargo sur les armes instauré en décembre par le Conseil.
La résolution met en place un régime précis de sanctions, mais les personnes à sanctionner devront être désignées ultérieurement par un Comité dépendant du Conseil. M. Araud a assuré que la France avait “des noms à présenter”.
Le Conseil stipule que des élections présidentielle et législatives devront être organisées “au plus tard en février 2015 et de préférence au second semestre 2014”.
La mission politique de l’ONU en Centrafrique (Binuca) aidera à organiser ces scrutins. Le mandat de ce Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en RCA est renouvelé pour un an et élargi: il devra aider à rétablir un semblant d’administration capable de “fournir des services de base à la population”.
Il assistera aussi la commission internationale créée par l’ONU pour enquêter sur les exactions commises par les ex-rebelles musulmans de la Séléka et leurs adversaires chrétiens anti-balakas. La résolution recommande donc de “donner d’urgence au Binuca des moyens considérablement plus importants”.