Un ex-porte-parole militaire de la coalition Séléka (au pouvoir) aujourd’hui commandant de la gendarmerie mobile centrafricaine, le colonel Christian Narkoyo, musulman originaire comme Djotodia du Nord du pays, juge la situation « choquante » et « malheureuse ». « C’est triste de voir partir comme ça des gens qui sont installés depuis des décennies. On ne sait avec qui vivre », a-t-il souligné dans un entretien téléphonique à Xinhua à Bangui.
Interdit de patrouilles avec ses 400 éléments déclarés, une mesure également imposée à la police depuis le 16 décembre dans la capitale à la demande des responsables militaires français, Narkoyo, ex-gendarme de deuxième classe ayant acquis ses galons de colonel dans la rébellion, continue d’accuser à son tour l’armée française d’avoir compliqué davantage les choses avec son dé sarmement forcé où les ex-Séléka se sont vus livrés à la vindicte populaire et les anti-Balakas « protégés ».
« C’est la France qui est en train d’envenimer la situation. Vraiment, je ne sais comment qualifier cela. Les Sangaris (forces françaises du nom de l’opération) sont venus chasser les musulmans de Bangui. Ils montent les populations chrétiennes contre les musulmans. Ils les arment, les financent. Dans les provinces où il n’y a pas ces Sangaris, c’est calme. Leur mission principale est de venir protéger la population sans exception », affirme-t-il.
Une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l’ONU tenue lundi à New York s’est alarmée de cette aggravation de la crise centrafricaine où l’impuissance du pouvoir de Michel Djotodia a ét é établie depuis longtemps. Afin de sortir de l’enlisement, la France préconise l’envoi d’une mission de paix de l’organisation mondiale.
« Si la France ne change pas sa méthode (non favorable à ses yeux aux ex-Séléka, NDLR), la situation va continuer de se dé grader. Si les gens achetaient la nationalité, j’en achèterais une et m’en aller moi aussi », insiste le colonel Narkoyo qui juge cependant inopportun l’envoi de Casques bleus. Car selon lui, « qu’ est-ce qu’il y a de grave pour qu’on envoie les Casques bleus ? ».
Pour lui, « les Sangaris ont échoué. Nous demandons à la France d’aider les forces africaines financièrement et maté riellement. Qu’elle finance les 18 milliards de francs CFA (budgé tisés pour le fonctionnement de la MISCA, NDLR). Sans Sangaris, les forces africaines vont réussir ».