Le monde actuel est protégé de la déchéance par la force morale des éminences spirituelles des religions. Que Dieu sauve le Mali des griffes des djihadistes. L’air du temps n’est pas à la tranquillité d’esprit. Le doute de vivre un lendemain meilleur trouble l’esprit des Maliens. L’autorité morale et la force spirituelle sont-elles encore les piliers de nos familles ? Les grands hommes et les épouses exemplaires qui les incarnent sont désormais rares.
Combien de Maliens se souviennent encore des mises en garde de feu Monseigneur Luc Sangaré au président Moussa Traoré lors des cérémonies de présentation des vœux du nouvel an à Koulouba ? Le chef de l’Église catholique a enseigné un jour que tous les Maliens devaient être traités sur un pied d’égalité, car Dieu a donné à tout le monde «la qualité d’homme».
Je rappelle que du vivant de feu Monseigneur Luc Sangaré, le Mali avait eu l’honneur de recevoir Sa Sainteté Jean Paul II. Le Pape a embrassé la terre malienne à sa descente d’avion. Cette bénédiction, inestimable honneur au peuple malien, a été actée un jour de janvier 1990. Et de deux. Le Pape Jean Paul
II a délivré une inoubliable preuve de confiance aux populations du Mali. Sur le passage du cortège officiel, les Bamakois surpris et heureux applaudissaient Sa Sainteté le Pape debout à côté de Monseigneur Luc Sangaré. Le chef de l’Église catholique et son hôte n’étaient pas protégés par les vitres blindées de la «papamobile». La messe célébrée, plus tard au Stade Omnisports, défraie encore la chronique.
Quelle belle leçon d’humilité. Quelle belle leçon de vie. La simplicité et la foi de Sa Sainteté le Pape Jean Paul II me rappellent aujourd’hui cette pensée tirée d’un article de l’éminent feu Béchir Ben Yahmed, fondateur du journal «Jeune Afrique» ; «La religion apporte une exigence morale qui incite à la modération ou même à l’abstinence, un environnement social qui aide le croyant à résister à la tentation, des convictions qui lui donnent de la force face à la mort, au divorce ou au chômage, une meilleure résistance à l’angoisse».
Il a dit «ANGOISSE» ? Ce poison psychologique chagrine, aujourd’hui, les cœurs dans notre Mali. Nous ne sommes plus joyeux à la vue de la dune blanche de Bitangougou, du coucher du soleil dans notre Sahara, de la vue magique de la main de Fatma sur la route de Gao. Ces images idylliques ne nous enchantent plus aujourd’hui, parce que nous n’avons plus le temps de les admirer. Notre pays est-il encore un havre de paix ?
Voilà qu’en deux semaines successives, les autorités décrètent un deuil national de trois jours à la suite des tragédies de l’accident survenu sur la route de Ségou, qui a fait plus de cinquante victimes et l’attaque barbare de trois villages du Cercle d’Ansongo qui a aussi fait autant de morts innocents. Ce peuple martyr désire ardemment recevoir pour la deuxième fois l’imam de La Mecque, l’actuelle Sainteté le Pape François et toutes les autres éminences spirituelles du monde.
Que leurs prières nous aident à éteindre dans notre pays le brasier allumé par le Diable et ses adeptes. Le Pape de Rome à Bamako pendant la Transition ? C’est possible. Amine.
Sékou Oumar DOUMBIA
Source : L’ESSOR