Elle a été marquée par une marche et la remise à l’Assemblée nationale d’un cahier de doléances, du livre vert de la caravane ainsi qu’une grande rencontre au stade du 26 Mars
La caravane ouest-africaine « Droit à la terre, à l’eau et aux semences agricoles, une lutte commune » est passée hier par Bamako. Elle s’est manifestée sur le Boulevard de l’indépendance par une marche à l’issue de laquelle, le livre vert de la caravane a été officiellement remis à l’Assemblée nationale représentée par Idrissa Sankaré, président de la Commission du développement rural à l’Assemblée nationale.
Cette caravane ouest-africaine pour la terre, l’eau et les semences paysannes a rassemblé 15 pays de la sous-région dans le but de « faire entendre les voix des communautés et populations et interpeler nos autorités politiques et administratives nationales et les institutions sous régionales (CEDEAO et UEMOA) sur les questions de terre, eau et semences paysannes. Au Mali elle est dirigée par la Convergence malienne contre les accaparements des terres, présidée par Soungalo Koné.
« Rendez nous nos terres ! », « Restituez nous nos maisons !», « Donnez nous nos droits, notre eau », figuraient parmi les slogans scandés par les protestataires sous un soleil mordant. « Le peuple du monde et du Burkina sont debout contre les OGM pour la santé de nos enfants, la dignité des paysans, l’indépendance des peuples », clamait une banderole tenue par un groupe d’hommes et de femmes dans lequel un homme à l’accent moré criait « à bas les OGM ! ».
Dans la troupe de marcheurs, on repère tout de suite une vielle dame essoufflée par le parcours. Elle se nomme Djeli Coumba Diawara et déclare avoir plus de 80 ans : « Je marche pour défendre mes biens, mon droit, il y a en a marre, je suis lasse de toutes ces injustices. Je suis de Sanankoroba, j’ai 8 maisons qu’on ne tardera pas à démolir, ils y ont peint des croix blanches, signe qu’elles sont destinées à la démolition. Personne ne peut m’expliquer pourquoi ? Pourquoi mes maisons doivent-elles être démolies qu’on m’explique, je ne suis pas folle, qu’on m’explique », proteste-t-elle, en regagnant la marche avec une diligence tranchant avec son âge. « L’accaparement des terres est un problème connu de tous, le phénomène est alimenté par les ennemis du Mali, des juges ennemis du peuple, des fonctionnaires véreux qui ont précipité le Mali dans un gouffre dont il peine à sortir. Que les gens sachent que nous dont les terres ont été prises injustement nous sommes totalement pieds et poings liés, nous n’avons pas d’autres moyens de survie. Cela a influé négativement nos vies, celles de nos enfants qui, ne sachant plus à quel saint se vouer, se perdront dans la délinquance, fruit amer d’une injustice encouragée par nos dirigeants. Tout ce qui favorise l’épanouissement de ce fléau, c’est la loi Hamidou Diabaté qui fait la promotion de l’injustice, qui légalise l’injustice. Comment voulez vous qu’un pauvre puisse obtenir pour ses parcelles un titre foncier. Notre pays est en danger à cause des problèmes fonciers, par cette marche nous lançons à tous les Maliens un appel, qu’ils prennent conscience du danger que représentent ces pratiques », développe Chaka Traoré, un participant à la marche.
Les initiateurs de la caravane ont remis au président de la commission développement rural de l’Assemblée nationale un cahier de doléances et leur livre vert. Le député leur a réitéré la disponibilité de l’institution : « je représente ici le président de l’Assemblée nationale du Mali. Je vous assure qu’il est au courant de vos activités, il m’a délégué ici pour récupérer le livre vert en son nom. Soyez sûrs que le livre lui parviendra. Mais déjà, je puis vous assurer que vos doléances sont déjà arrivées à l’Assemblée nationale, les lois ne seront pas à votées à votre insu. Tout le monde sera concerté dans le vote. »
L’étape Mali de la caravane a été également marquée par une grande rencontre au stade du 26 Mars. La caravane se rendra également à Dakar où elle remettra le livre vert au président en exercice de l’Union africaine, le président sénégalais Macky Sall.
K. DIAKITE
Source :Essor
