Se dirige-t-on vers un changement de stratégie au Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme ? La question se pose depuis les propos tenus par le premier ministre, en marge de son discours de politique générale, ce jeudi. Christophe Dabiré a affirmé qu’il n’excluait pas de négocier avec les groupes jihadistes.

Ces propos ont été prononcés en réponse à la question d’un député de l’opposition, précise-t-on ce matin au sein du gouvernement. Ce n’était pas dans le discours de politique générale du Premier ministre et du côté des autorités, clairement, on cherche à minimiser l’ampleur de ces déclarations.

Christophe Dabiré n’a d’ailleurs parlé hier que de « la possibilité d’engager éventuellement des discussions avec les groupes jihadistes », sous-entendu, rien n’est encore fait, rien n’est encore décidé. Le Premier ministre a surtout donné hier l’impression de vouloir ouvrir la porte à de possibles discussions. « Les négociations avec les terroristes, nous ne disons pas que le Burkina Faso est contre, a-t-il dit, parce que même les grands pays (…) sont arrivés à un moment où a un autre à s’asseoir autour d’une table avec les terroristes. »

Interrogations

Ces propos interrogent : est-ce là le seul point de vue du Premier ministre ou la volonté de l’État burkinabè de s’engager dans une telle démarche ? Difficile à dire pour l’heure. Toujours est-il que si cette ouverture venait à se confirmer, ce serait un vrai changement de stratégie au Burkina Faso, car Roch Marc Christian Kaboré y a toujours été fermement opposé. À l’inverse, la majorité des candidats de la dernière présidentielle y était, eux, favorables.

Autre question que pose les propos du Premier ministre, c’est avec qui discuter ? Sur ce point, le chef du gouvernement n’a pas souhaité en dire en plus, expliquant jeudi que « les terroristes et leurs mentors n’étaient pas toujours clairement identifiés ».