Pour une fois, le très prolixe ministre de la Réconciliation nationale n’était pas dans son élément sur le grill des membres du Conseil National de Transition (CNT). Les phrases emberlificotées, l’incohérence dans la volubilité ont trahi le cash pathétique de cet adepte du battage médiatique et d’actions spectaculaires, entièrement préoccupé par la communication autour de son business de Fara City et du Centre. C’est le thème de votre Bêtisier du jour.
Réconciliation : des voltiges vertigineuses
L’approche du pilote de chasse, de transport et d’avion léger dans la tempête de Fara City, nonobstant un accord de cessez-le-feu définitif, n’était pas idéale. Dans sa manœuvre désespérée, ce flyer conciliateur a choisi comme instrument un aveu candide : « ce sont les acteurs armés eux-mêmes qui ont décidé de s’entendre sous la direction de mon département. Subissant des attaques à tort ou à raison, ils ont décidé de faire la paix. Les communautés cessent d’être des menaces ». Mérite-t-il un procès en cynisme et en indécence pour avoir formulé cette évidence ? Sans doute aurait-il dû ourler ses mots de mille précautions. Parce que, si ce sont les acteurs qui ont décidé de s’entendre, c’est quand même sous l’égide du ministère de la Réconciliation nationale qui engage le Gouvernement malien. En conséquence, le Gouvernement doit assumer sa part de responsabilité dans ce commerce insolite avec les jihadistes.
Cette alliance de raison des communautés entre elles ou avec les obscurantistes découle de l’indigence du pouvoir qui condamne le flyer à des contorsions ridicules, pardon à des voltiges vertigineuses, à un bric-à-brac de lâchetés, de facilités et de mensonges.
« Mais en réalité si la population signe des accords avec les djihadistes, c’est contre l’État. Parce que des clauses de ces engagements interdisent aux populations de collaborer avec les militaires. Donc, si notre population décide de ne pas collaborer avec l’armée, c’est qu’il y a un problème. C’est pourquoi l’État ne cautionne pas forcément ces accords ». Ces accords, en réalité, révèlent les arrière-cuisines peu reluisantes d’un pouvoir à l’incapacité avérée. L’effort désespéré du voltigeur ressemble à une navigation dans la purée de pois. Plus haut, le pilote dans la turbulence légitimait les accords entre acteurs. Mais, par une cabriole dont seuls les pilotes de chasse ont le secret, il mitraille les mêmes accords. D’une part, les accords sont signés sous la direction du ministère de la Réconciliation nationale qui les cautionne par conséquent, d’autre part, ils sont signés contre l’État qui ne les cautionne pas forcément. C’est quelle histoire de dingue ça ! Bon, c’est le voltigement, avant l’atterrissage forcé.
« Tous ces engagements ont été pris dans le cadre du respect de l’État. Tout ce qui a été fait comme arrangement ne va pas contre l’État. Le seul point qui menaçait les intérêts était le départ de l’armée à Farabougou que l’on n’a pas accepté », a déclaré notre Antoine de Saint-Exupery. Signe de fébrilité, d’inconsistance, d’inconstance politique et de l’immaturité des réponses politiques. Il a multiplié les erreurs et impairs. À moins qu’il ne s’agisse d’une manipulation frauduleuse des faits, de quelques arrangements avec la vérité ! Parce que lorsque les femmes sont obligées de se voiler, les hommes obligés de porter des panta-culottes du genre ‘’lièvre a gagné’’ de Mamadou et Bineta, lorsque la participation aux prêches n’est plus facultative, lorsque le paiement de la zakat devient une obligation, même quand son champ a été brûlé par des illuminés, ce ne sont pas les bruits d’un zinc, fut-il un MI-35, en Farniente à Fara City qui neutraliseront le charivari du flingage de l’article 4 de la Constitution qui dispose : ‘’toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion, d’expression et de création dans le respect de la loi’’. Lorsqu’un accord viole la Constitution, la Loi fondamentale dont découlent toutes les autres lois, elle n’est pas contre l’État ?
Fara City a révélé la monumentale défaillance de l’appareil politico-administratif et militaire dans la protection des Bledards. Pour résumer: les engagements sont un mirage aux alouettes, une illusion, pire une arnaque. L’histoire récente du Bled nous enseigne qu’un pacte de non-agression avec les jihadistes revient juste à pousser l’échéance de son agression. Un ancien Président disait : ils ne sous attaquent pas, nous ne les attaquerons pas. La suite de l’histoire dramatique est connue…
Source : INFO-MATIN