“Depuis près de 10 ans, les enquêtes sur la disparition de Birama Touré sont interminables”
Le Mali à l’instar du monde entier a célébré, le vendredi 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse à travers une série d’activités à la Maison de la presse. L’occasion était bonne pour Bandiougou Danté, président de la Maison de la presse, de jeter un regard sur la situation de la presse malienne afin de projeter sur l’avenir. Le thème de cette présente édition était : “La presse au service de la planète : crise environnementale et urgence du journalisme”. Selon Bandiougou Danté, “la célébration du 3 mai est l’occasion de rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse”
Avant tout propos, je voudrais exprimer une pensée pieuse à l’illustre mémoire de tous les enfants du pays et d’ailleurs qui nous ont quittés.
Permettez-moi au nom de la Maison de la presse et au mien propre, de vous souhaiter une belle célébration de la journée internationale de la liberté de la presse.
Distingués invités,
Depuis trois décennies, la journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée à travers le monde.Pour cette 31ème édition le thème est «La Presse au service de la planète : crise environnementale et urgence du journalisme».
Ce thème rappelle l’importance et la nécessité pour les médias de s’engager dans la préservation de l’environnement. En effet, le monde connait une situation d’urgence environnementale qui menace l’existence des générations actuelles et des générations futures. C’est pourquoi les professionnels des médias risquent leur vie pour tenter d’informer le monde sur tous les sujets, de la guerre à la démocratie.
Chers invités,
La célébration du 3 mai est l’occasion de rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse. Elle constitue également une journée de réflexion pour les professionnels des médias sur les questions relatives à la liberté de la presse et à l’éthique professionnelle.
Dans ce contexte deux déclarations du secrétaire général des nations unies marquent les esprits et nous encouragent dans notre combat noble de lutte pour la liberté de la Presse et la liberté d’expression. Il a déclaré :
«Sans liberté de la presse, nous n’aurons aucune liberté»
«La liberté de la presse n’est pas un choix, c’est une nécessité»
L’année qui s’est écoulée a été une année particulièrement difficile pour la presse malienne. Nous sommes au regret de revenir encore sur les cas d’enlèvement, d’assassinat enregistrés. Depuis près de dix ans les enquêtes sur la disparition de Birama Touré sont interminables. En septembre 2020, Hammadoun Niailibouly, de son retour d’un atelier de formation de journaliste a été descendu du véhicule à Mandjo près de Somadougou, non loin de Mopti et amené à une destination inconnue.
Le 18 avril 2021, Moussa Bana Dicko, directeur des programmes de Radio Hairé de Boni dans le cercle de Douentza a été enlevé chez lui et reste introuvable.
Le 26 janvier 2023, Sory Koné, directeur des programmes de Radio Danaya de Souba dans la région de Ségou, cercle de Farako, a été enlevé chez lui et reste lui aussi, encore introuvable. Sur ce registre peu reluisant, permettez-moi de citer les assassinats de Dada Bah, animateur à Radio Dagné FM dans la nuit du 26 au 27 octobre 2023 à Nara par des individus non identifiés, d’Abdoul Aziz Djibrilla, animateur à la radio Naata de Labbezanga sur l’axe routier Ansongo-Gao le 7 novembre 2023 et l’enlèvement de ses compagnons de route, Saleck Ag Jiddou dit Zeidane et Moustaph Koné respectivement directeur et animateur de Radio Coton d’Ansongo dont nous sommes encore sans nouvelles.
Au même moment, Harouna Attini de Radio Alafia d’Ansongo s’en est tiré avec quelques blessures et un traumatisme psychologique profond. Plus récemment, le 11 décembre 2023, Almahady Barazy, directeur de Radio Bonferey de Taboye dans le cercle de Bourem a été lui aussi été enlevé par des individus armés non identifiés. Comment ne pas évoquer le cas de toutes ces consœurs, tous ces confrères qui ont dû abandonner leur rédaction parce que ne se sentant plus en sécurité. Nous réitérons nos demandes aux autorités de la Transition, comme nous l’avons toujours fait chaque fois que l’occasion se présente, de tout mettre en œuvre pour rechercher et retrouver nos confrères.
Mesdames et messieurs,
Un autre plan sur lequel les autorités nationales sont fortement interpellées est celui de l’environnement des médias. Dans ce domaine, l’on constate avec amertume, l’immobilisme des pouvoirs publics et l’espoir de refondation suscité par de durs et coûteux labeurs d’élaboration des projets de lois et des projets de décrets est menacé.
Un désordre encouragé et entretenu fait planer le risque d’une implosion inéluctable. Il s’agit d’un nombre indéterminé de médias sur les réseaux sociaux dont certains acteurs se font appeler “journalistes” qui touchent à tout en violation des règles d’éthique et de déontologie. Ces médias qui sont dans l’asymétrie pour rappeler un ami militaire, sont aussi les auteurs d’une concurrence déloyale si bien que les journaux se meurent, les radios et les télévisons agonisent. Ces médias désemparés, sans perspectives, sans opportunités, frappés de plein fouet par la situation économique précaire doivent faire face aux obligations quotidiennes.
Au-delà, de la journée mondiale de la Liberté de la presse, la Maison de la presse a respecté la tradition en organisant la Semaine nationale de la liberté de presse dont le thème consensuel est : «Rôle et place de la Presse dans la construction de la concorde nationale». C’est l’occasion pour moi d’exprimer notre amitié au ministre de la Communication, de l’Economie numérique et de la Modernisation de l’administration pour son sens de l’écoute, du respect mutuel et du partenariat. Nos remerciements et notre reconnaissance s’adressent également au président de la Transition, chef de l’Etat, le colonel Assimi Goïta, et le président du Comité de pilotage du Dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale, Ousmane Issoufi Maïga pour la confiance placée en nous dans le but d’apporter notre contribution au succès du Dialogue en cours.
Pour terminer, je réitère mes remerciements à tous les partenaires, à toutes les organisations professionnelles de la presse, à tous les membres du Comité de pilotage et du comité des experts de la Maison de la presse, à tous les confères et à tout le personnel de la Maison de la presse pour la mobilisation générale”.
Source: Aujourd’hui-Mali