Il se serait passé hier. Un jeune homme, juché sur sa moto « Jakarta« fonce tout droit dans le Grand marché, et en sens interdit. Les policiers le sifflent en vain. Il fonce, à vive allure.
Un jeune policier enfourche alors sa moto et le poursuit. Il attrape le jeune homme par la chemise, avant que celui-ci n’arrive au cœur du marché où grouille une foule nombreuse, comme d’habitude. Le malheureux tombe de sa moto, et reste inerte, sur l’asphalte. Paix à son âme !
La foule se rue sur le pauvre policier et veut le lyncher. On connaît la férocité des marchands ambulants et autres colporteurs du Grand marché, et leur allergie aux forces de l’ordre. Le pauvre policier, qui ne s’attendait pas à cette tournure, prend ses jambes à son cou, et se réfugie dans un magasin d’où on l’exfiltre.
Le policier a-t-il eu raison de poursuivre le jeune homme ? Le débat fait rage. Non, il n’y a rien à débattre, puisqu’il y a eu mort d’homme. Et puis, disent certains, le policier ne faisait que« chercher ses 1000 F CFA !« Conclusion : c’est un criminel, un meurtrier ! Mais questions quand même ! Questions s’il vous plaît !
En ces temps de terrorisme où bombes et obus voltigent au-dessus de certaines de nos villes, où à moto, avec leur ceinture d’explosifs, foncent sur la foule, le policier devait-il laisser le jeune arriver au cœur du marché ?
Un mort, c’est déjà trop. Mais si le jeune homme était un kamikaze ? Combien de morts y aurait-il ? On a l’impression que jusque-là, les Bamakois ignorent la gravité de la situation que traverse l’ensemble du Mali. Et que Bamako n’est pas à l’abri, sachons-le !
Ousmane Diarra
(écrivain)
Source: Les Echos