Depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, la capitale a été le bébé le plus choyé, dorloté, soigné au détriment des autres territoires de la république par tous les pouvoirs qui se sont succédés à la tête de notre pays.
Grâce à son statut de capitale, Bamako abrite tous les meilleurs équipements culturels sportifs religieux, administratifs, commerciaux, universitaires, économiques, socio-sanitaires… et mobiliers urbains du Mali.
Ce traitement de faveur dont Bamako a bénéficié depuis belle lurette a créé une inégalité spatiale et sociale entre la capitale et les autres villes de l’intérieur qu’elle devait polariser afin que celles-ci se développent dans son sillage.
Aujourd’hui, elle est la ville la plus pittoresque du Mali avec des urbanités particulières et ses ersatz de plaisirs bourgeois : les nouveaux Espaces Publics aménagés.
Par conséquent, tous les citoyens de la République cherchent forcément à venir habiter à Bamako grâce aux opportunités d’emplois, d’éducation, d’affaires et à la qualité de la vie qu’elle offre à ses habitants.
En matière de Développement des Territoires, cela est injuste. Tous les territoires de la République doivent être traités de la même manière. Les territoires en difficulté doivent bénéficier des mêmes chances pour qu’ils ne perdent pas leurs habitants en faveur des villes plus attractives.
Au Mali, le phénomène de « macrocéphalisme » s’accentue et s’aggrave de jour en jour. Tout est fait pour que la marge s’élargisse entre la capitale et l’hinterland.
Bien vrai qu’elle soit le siège du pouvoir : Présidence, Gouvernement, Assemblée Nationale et autres Institutions, la différence ne devait pas être aussi marquante et frappante entre elle et les autres villes. Dans les pays développés, cette différence flagrante ne s’aperçoit pas entre la capitale et les autres villes qui bénéficient de projets et politiques de développement de la part des pouvoirs publics que la capitale.
Cette volonté affichée, acharnée, et exacerbée des pouvoirs d’aménager, de ménager et de manager Bamako fait que les autres villes sont marginalisées et se retrouvent à la périphérie de tout développement urbain sérieux.
Ce faisant, les villes de l’intérieur à cause de leur morphologie urbaine marquée par des mosaïques et des bigarrures de pauvreté ainsi que des pratiques sociales spatiales dégagent des aspects détestables. Elles aussi méritent des commodités, des aménités, des équipements et mobiliers avec lesquels elles peuvent s’enorgueillir pour accueillir les touristes et autres déambulateurs et flâneurs.
Cette ambition internationale de la part des pouvoirs publics de faire de Bamako une métropole voire une technopôle afin de jalouser Dakar et Abidjan devait se réaliser en même temps que les autres villes de l’intérieur car c’est ça le développement des territoires à l’heure de la décentralisation.
Source: Autre presse