La troisième région a accordé un accueil chaleureux à la caravane « Azalaï Kayes-Kidal pour la paix et la réconciliation » avec une forte mobilisation de la jeunesse. La région de Sikasso a accueilli la troisième étape de cette caravane chargée de porter le message de paix et de réconciliation aux quatre coins du pays en expliquant aux populations le contenu de l’accord issu du processus de négociation d’Alger.
Bougouni a été la première localité de la région à accueillir les caravaniers. Puis ce fut le tour de Sikasso avant Koutiala. Le conseil local de la jeunesse, la Jeune chambre internationale et les élèves maîtres de l’Institut de formation des maitres ont montré un grand intérêt pour la caravane.
Partout, les populations ont souhaité la bienvenue aux caravaniers en arborant des T-shirts sur lesquels on pouvait lire : « Restons unis pour être plus forts ». Comme lors des étapes précédentes, les activités ont consisté à sillonner les grandes artères des villes pour inviter les citadins à sortir massivement la nuit afin de participer au public-show animé par de grands artistes. Ces public-show comportaient aussi des interventions pour expliquer l’accord pour la paix et la réconciliation et la projection d’un film documentaire sur l’unité nationale.
Ensuite, une conférence se tenait pour permettre aux caravaniers, sous la direction de l’ancien ministre Ousmane Ag Rhissa, de partager le contenu de l’accord et d’en expliciter les parties qui suscitent des inquiétudes et des interrogations. La représentante du ministère de la Réconciliation nationale, Oumou Dicko, a expliqué longuement le contenu de l’accord. Le rôle de la Commission justice, vérité et réconciliation a également été détaillé par l’ancien administrateur civil Abdel Kader Sissoko.
Les participants aux différentes conférences ont soulevé de nombreuses préoccupations concernant l’application de l’accord, la mobilisation des ressources nécessaires, le terme Azawad et la lutte contre le terrorisme. Karamogo Sangaré, un enseignant à la retraite de Bougouni, a posé le problème de l’intégration des « ex-combattants séparatistes » au sein de l’armée malienne après la « mauvaise expérience des précédentes rebellions ». Abdel Kader Sissoko, membre de la Commission justice vérité et réconciliation l’a rassuré en lui annonçant l’installation d’une commission nationale d’intégration dans le cadre de la réforme de la sécurité. Composée d’experts, cette commission définira les critères d’intégration. Ceux qui ont commis des atrocités et autres crimes seront traduits devant la justice, a-t-il promis.
Toujours dans la cité du Banimonitié, Sory Sangaré, qui se dit Soudanais (en référence aux hommes de « principes » d’avant l’indépendance), a rendu hommage aux militaires maliens tombés au champ d’honneur. Quant au pasteur Antoine Djiguiba, il a réitéré le soutien de l’Eglise à l’accord pour la paix et la réconciliation et demandé l’union des Maliens de Kayes à Kidal. « Pour nous les chrétiens, le combat véritable reste la lutte contre le terrorisme dans nos frontières », a-t-il ajouté.
A Sikasso, la conférence était présidée par le directeur de cabinet du gouverneur, Intalhmt Ag Erzaye, qui est revenu sur la question de l’Azawad. « L’Azawad, contrairement au Kénédougou où on pense directement aux Senoufos, n’est qu’une cuvette située à 380 km de Tombouctou et non habitée. Il n’y a pas de Touareg là-bas. C’est donc un faux problème. Les communautés du Tilemsi, du delta du Niger, de l’Adrar ne vont jamais accepter qu’on les appelle des Azawadiens », a tranché Intalhmt Ag Erzaye.
Gaoussou Koné, un responsable de la jeunesse, s’est inquiété du bicéphalisme qui pourrait exister entre le président du conseil régional et le gouverneur. Puisque que l’accord attribue le rôle de chef de l’exécutif au président conseil régional.
Moussa Doudou Haïdara, un des conférenciers, a expliqué que cette disposition avait suscité des réserves de la part du gouvernement lors des pourparlers d’Alger. Mais dans les négociations, il faut accepter de faire des concessions, dira-t-il, avant de préciser que l’accord est en effet bien clair sur ce point. « Le président du conseil régional est le chef de l’administration et de la collectivité. Le gouverneur sera toujours là pour assurer le contrôler de la légalité mais ce sera un contrôle a posteriori », a-t-il précisé.
Concernant la mobilisation de ressources financières, Moussa Doudou Haïdara a indiqué que la communauté internationale s’est engagée à accompagner le gouvernement en mobilisant des moyens. Il y aura ainsi une conférence de donateurs pour la bonne mise en œuvre de l’accord.
Sur la création de police municipale, Moussa Doudou Haïdara a précisé qu’elle jouera un rôle de maintien de l’ordre et non de sécurisation. Cette police municipale va principalement appuyer les forces de sécurité en matière de renseignement.
Le président de la plateforme des organisations de la société civile, Adama Traoré, a demandé à tous les acteurs de la société civile de s’approprier cet accord, de travailler intelligemment à sa bonne mise en œuvre car tout va dépendre de la façon de l’appliquer. « Que chacun s’active à expliquer partout le contenu de cet accord pour aider le gouvernement », a-t-il exhorté.
La conférence des cadres de Koutiala a coïncidé avec la rencontre de l’Association des femmes du nord du Mali dans le cercle. La caravane a profité de cette occasion pour tenir sa conférence en présence de toutes ces femmes et leur offrir 40 livrets contenant l’accord traduit en plusieurs langues nationales et 55 T-shirts.
La caravane initiée par le ministère de la Réconciliation nationale se rendra à Mopti puis Ségou avant d’entamer les étapes des trois régions du Nord après le mois de ramadan.
Envoyés spéciaux
A. A. MAIGA
N. SAMAKE
source : L’Essor