Alors que les violences ont repris de plus belle dans le Nord du Mali à peine un mois et demi après l’élection présidentielle qui devait mener à la réconciliation nationale, la présence des forces françaises au Mali se révèle plus pertinente que jamais.
Quelques jours avant cette soudaine dégradation de la situation sécuritaire, le nouveau président du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, affirmait à l’ONU que son pays s’engageait dans la voie de la réconciliation et qu’il était sur le point de retrouver sa place dans le concert des nations.
Mais soudain, tout dégénère!
Le 28 septembre, 16 soldats maliens perdent la vie dans un attentat suicide d’AQMI mené par deux kamikazes à Tombouctou.
Du 28 au 30 septembre, des combats opposent soldats maliens et rebelles touareg à Kidal et ne prennent fin qu’après l’intervention des Casques bleus de l’ONU.
Et les islamistes armés du nord du Mali continuent de plus belle en octobre: mardi 8 octobre, ils dynamitent un pont près de la frontière nigérienne, lundi 7 octobre à l’arme lourde sur Gao.
La présence des Casques bleus et, surtout, l’appui des 3.200 soldats de l’opération française Serval, toujours active, empêchent la situation de dégénérer… pour l’instant.
Cette escalade de violences dans le Nord suscite pourtant bien des questions sur les capacités de l’armée à faire face aux menaces djihadistes et aux velléités autonomistes touareg, après la débâcle subie en 2012 par les militaires maliens face aux groupes armés, mieux équipés, qui ont occupé plusieurs mois durant ces vastes régions allant de Kidal à Tombouctou et à Gao.
Le général français Grégoire de Saint-Quentin, ex-patron de l’opération Serval qui a libéré le Nord malien du joug des extrémistes liés à Al-Qaïda, déclarait en juillet dernier que le Mali n’est pas «complètement stabilisé» malgré «une dynamique de succès militaires répétés» et, en juillet aussi, le général François Lecointre, commandant de la mission européenne chargée de la formation de l’armée malienne (EUTM Mali), a estimé qu’il faudrait au moins un an de plus pour mener sa tâche à son terme.
L’opération Serval, que certains avaient peut-être un peu oubliée, n’a jamais cessé et, sans son appui, l’armée malienne, même aidée par les Casques bleus de la MINUSMA, ne parviendrait pas à contenir le MUJAO et AQMI, les deux principaux groupes armés qui ont occupé pendant neuf mois en 2012 le nord du Mali, y commettant de nombreuses exactions avant l’intervention armée franco-africaine, initiée par la France en janvier.
Environ 3.200 militaires français sont actuellement présents sur le sol malien et poursuivent une mission de sécurisation visant à affaiblir durablement les groupes terroristes, tout en appuyant le transfert de la zone aux contingents relevant de la MINUSMA, rappelle le ministère français de la Défense dans un point qu’il fait de la situation.
Parlant des forces maliennes, le ministre malien de la Sécurité intérieure, le général Sada Samaké, avait déclaré lors d’une visite ce mois-ci à Tombouctou: «Il y a des défaillances, il faut avoir le courage de le reconnaître, mais […] nous allons prendre toutes les dispositions pour que la situation soit maîtrisée.»
Mais les djihadistes, eux, ne se trompent pas: pour eux, l’ennemi, c’est la France!
«Les attaques contre les ennemis de l’islam vont continuer», a déclaré Abou Walid Sahraoui, un porte-parole du MUJAO.
«Notre ennemi est la France qui travaille avec l’armée du Mali, du Niger, du Sénégal, de la Guinée, du Togo, contre les musulmans», et « tous ces pays sont nos ennemis et nous allons les traiter comme des ennemis», a-t-il ajouté.
SOURCE: 45e NORD.CA