Pour que le Mali puisse avancer vers une stabilité durable, il est impératif que les autorités de transition adoptent une approche plus inclusive et tolérante. Elles ne doivent pas voir tous les regroupements des « opposants » comme un complot contre eux. La suspicion et la répression ne feront qu’envenimer les tensions et rendre la tâche de gouvernance encore plus ardue. Un dialogue ouvert et respectueux avec tous les acteurs politiques est la clé pour surmonter les défis actuels. Il est nécessaire de faire une distinction entre opposition et subversion.
Depuis la mise en place des autorités de transition au Mali en 2020, suite au coup d’État contre un président élu, la scène politique nationale est marquée par des tensions et des méfiances persistantes. Alors que le pays cherche à se stabiliser après une période d’instabilité politique et sécuritaire, les regroupements d’opposants sont souvent perçus par les militaires au pouvoir comme des menaces potentielles. Cependant, il est crucial de ne pas interpréter chaque réunion ou rassemblement de l’opposition comme un complot visant à déstabiliser le gouvernement de transition.
Dans une démocratie saine, l’opposition, selon les principes démocratiques, joue un rôle fondamental en tant que contre-pouvoir, garantissant un équilibre dans la gestion des affaires publiques. Les partis politiques, les groupes de la société civile et d’autres entités doivent pouvoir se réunir, discuter et proposer des alternatives sans être automatiquement accusés de comploter contre le gouvernement en place. Selon des observateurs avertis de la scène politique, la suspicion systématique à l’égard de ces regroupements risque de nuire au processus de réconciliation nationale et de renforcer les divisions.
L’arrestation de 11 personnalités politiques il y a un mois illustre bien ce problème. Lors d’une réunion tenue dans un domicile privé, plusieurs personnalités politiques, dont certains furent des soutiens de taille des militaires au pouvoir à des moments difficiles, ont été arrêtées par les forces de l’ordre parce qu’elles avaient violé l’interdiction de se réunir. Ces arrestations ont été vivement critiquées par les leaders politiques et les observateurs internationaux, qui y voient une atteinte aux libertés fondamentales et un signe inquiétant de répression politique.
Des appels à la tolérance et à l’ouverture
Des membres de plusieurs formations politiques affirment que les autorités de transition doivent comprendre que la démocratie repose sur la diversité d’opinions et la liberté d’expression. « Voir des complots partout ne fera qu’alimenter la méfiance et l’instabilité. Nous devons travailler ensemble pour le bien du Mali », poursuit un membre d’une formation politique joint au téléphone. Pour une H.T., se réunir pour discuter des défis auxquels notre pays est confronté ne doit pas être vu en mal. « Nos rassemblements, réunions ne sont pas des menaces, mais des contributions constructives aux débats du pays. »
Pour que le Mali puisse avancer vers une stabilité durable, il est impératif que les autorités de transition adoptent une approche plus inclusive et tolérante. La suspicion et la répression ne feront qu’envenimer les tensions et rendre la tâche de gouvernance encore plus ardue. Un dialogue ouvert et respectueux avec tous les acteurs politiques est la clé pour surmonter les défis actuels.
Qu’on ne l’oublie surtout pas que la transition au Mali est une période délicate qui nécessite une gestion prudente et équilibrée des relations politiques. Les autorités de transition doivent éviter de voir tous les regroupements de l’« opposition » comme des complots contre eux. Au contraire, ils doivent encourager le dialogue et la participation active de tous les acteurs pour bâtir un avenir stable et prospère pour le Mali. En respectant les libertés fondamentales et en favorisant un climat de confiance, le pays pourra progressivement retrouver la voie de la paix, de la démocratie et du développement. Sans cela, nous allons trébucher pendant des années sans issue.
Mamadou Sidibé