Lancée en février 2025, la plateforme virtuelle appelée vestibule de la migration « Tounkan Blon », dédiée aux enjeux migratoires, a tenu sa deuxième édition avant-hier samedi 1 avril, sous la présidence du ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher.
Rendez-vous virtuel trimestriel d’échanges directs avec la diaspora malienne et d’écoute de leurs préoccupations, l’initiative permet de mettre en lumière les actions entreprises par l’Etat. La deuxième édition n’a pas dérogé à cette vocation puisqu’elle a permis au ministre de s’enquérir directement des attentes et aspirations des Maliens établis en France, Espagne, Allemagne, Turquie, Belgique, Italie, Guinée-Conakry et au Nigeria. M. Ag Attaher était entouré pour la circonstance du président du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, de responsables de l’INPS ainsi que de représentants de certaines banques de la place en vue d’apporter des réponses les mieux appropriées aux doléances de ses protégés.
Ces préoccupations et doléances soulevées…
Pour le compte de la France, Dalla Dramé a dénoncé le bicéphalisme à la tête du HCME de France entretenue, selon elle, par les autorités. Et Mariam K Coulibaly, du CSDM-France de plaider pour un traitement équitable des deux faîtières, notamment le HCME et le CSDM, tandis que Dr Pierre Macel Keita a proposé un guichet unique pour les besoins d’investissement de la diaspora au bercail à moindre taux bancaire. Par ailleurs, les Maliens établis en France ont plaidé pour l’augmentation de la durée de validité du passeport de 5 à 10 ans, au regard des difficultés administratives liées à son acquisition. Quant aux diplômés et étudiants maliens de France, leurs préoccupations ont trait à la fuite des cerveaux maliens sur laquelle ils ont attiré l’attention des autorités en les invitant à déployer les moyens incitatifs pour leur retour au bercail. Pour ce faire, ils proposent d’explorer par exemple l’éventualité d’une participation à la fonction publique par télé-concours
Les inquiétudes des Maliens du Nigeria portent surtout sur les implications sur leur sort de la sortie de Mali de la Cedeao. Ils demandent par conséquent aux autorités d’œuvrer au maintien des relations diplomatiques avec cette organisation, en vue de permettre aux Maliens de vivre en paix, tandis que l’Ambassadeur sollicite l’implication financière de l’Etat pour le rapatriement de 55 compatriotes en détresse dans le plus grand pays membre de la CEDEAO.
Depuis la Belgique, la plateforme d’échanges a donné l’opportunité à un porte-voix du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur de plaider en faveur d’un fonds bancaire de financement du rapatriement des dépouilles de Maliens décédés. Quant à Souleymane Dabo, un autre de ses compatriotes du même pays, son rêve d’une retraite au bercail l’a amené à envisager la possibilité d’épargner au pays d’origine pour une meilleure retraite des Maliens de l’extérieur dans leur pays d’origine après leur aventure.
En Espagne comme en Italie, les compatriotes sont confrontés à des problèmes liés à la carte biométrique qui n’arrive pas à remplacer la Nina, ainsi qu’à la difficulté d’investir au Mali et aux lenteurs administratives au niveau du consulat où ils dénoncent par ailleurs l’absentéisme du premier responsable.
A Ankara, selon Mohamed Mariko, les Maliens sont confrontés à un problème de carte séjour avec à la clé des contrôles qui terminent par des refoulements à défaut d’un séjour entre les quatre murs d’une prison. Quant aux élèves et étudiants Maliens de Turquie, ils demandent à l’Etat de renégocier avec leur pays d’accueil le renouvellement du programme d’obtention des bourses en souffrance depuis quelques temps et de veiller de près aux cas d’arrestations souvent extrajudiciaires d’étudiants.
En Guinée, c’est le recensement qui pose le plus de problèmes aux Maliens, selon Mohamed Sidibé du HCME. Idem du côté d’Oumar Dembélé de CSDM-Allemagne, lequel figure par ailleurs parmi ses nombreux autres camarades ayant plaidé pour un traitement équitable des deux faîtières (Hcme et le Csdm) d’une diaspora où l’unanimité est faite sur la pertinence du creuset de dialogue initié par la tutelle et le ministre Ag Attaher. D’aucuns comme Sekou KEÏTA de l’Allemagne y voient même l’opportunité d’une fusion des deux tendances pour en faire une nouvelle organisation pour le bonheur du Mali et de sa diaspora malienne.
Le ministre Mossa Ag Attaher s’engage…
Après avoir recueilli et parcouru leurs précieuses contributions et préoccupations, le ministre a rassuré leurs porteurs ainsi que l’ensemble de la diaspora malienne que des initiatives sont en cours pour y apporter les réponses les plus adéquates possibles. «Chaque point fera l’objet d’un examen approfondi et une suite sera donnée à chacune des préoccupations soulevées» a-t-il promis, en s’engageant à leur revenir cette fois avec des réponses concrètes. Mossa AG Attaher en a profité pour inviter la diaspora à une participation active à la prochaine concertation pour la relecture de la charte des partis politiques ainsi qu’au forum de la diaspora devant se tenir en juillet 2025 à l’effet de créer les conditions idoines devant permettre aux Maliens de l’étranger d’investir au Mali. Et, tout en annonçant des efforts notoires en cours sur le plan diplomatique et au plan opérationnel pour apporter une assistance et un accompagnement à nos compatriotes reconduits de la Mauritanie, le ministre Attaher a exhorté la diaspora à se mobiliser pour le Mali pendant cette période de troubles et de crise avec l’Algérie.
Amidou Keita