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Au Mali, l’armée française affiche son éco-responsabilité

Le ministère des Armées a l’empreinte environnementale la plus importante de l’État. Il tente donc de décarboner ses activités. Et veut aussi mesurer l’impact de sa présence dans les zones d’opérations.

À Tessalit ont eu lieu des prélèvements de sol pour envoi en France a des fins d’analyses
Quitter les bases maliennes de Tessalit, Kidal et Tombouctou n’a pas seulement constitué une manœuvre logistique d’ampleur. Le départ des troupes françaises a été précédé par une campagne de prélèvements de terre et de sable pour s’assurer que la force française Barkhane ne laissait aucun site contaminé par des carburants, produits chimiques, résidus métalliques…

Ces prélèvements permettent de relever des traces de pollution générée par des hydrocarbures ou par des produits de lavage utilisés les militaires français. C’est une bonne illustration des attitudes éco-responsables des Armées », explique la colonelle Catherine, qui dirige la pharmacie de la base de Gao. Effectivement, les Armées, conscientes de leur impact sur l’environnement, multiplient les initiatives. Dernière en date : le lancement le 12 novembre d’une feuille de route pour décarboner les activités militaires ; cette initiative française a été suivie par vingt-quatre autres pays.

Au Mali, les prélèvements ont été effectués par la capitaine Coralie. Cette pharmacienne travaille au laboratoire d’analyses, de surveillance et d’expertise (Lasem) de Cherbourg, le seul des trois laboratoires de la Marine nationale accrédité pour rechercher des polluants dans les sols et les sédiments (à la différence de ceux de Brest et de Toulon). Le Lasem de Cherbourg emploie vingt-cinq personnes dont sept sont dédiées aux prélèvements et aux analyses », précise la médecin-cheffe Aurélie qui commande le laboratoire normand.

Avant le début de la mission, nous avons récupéré les plans des sites et demandé quelles activités polluantes y avaient eu lieu. C’est ce qui nous a permis de localiser d’éventuelles zones contaminées et de dimensionner le matériel à emporter au Mali », explique la capitaine Coralie, qui s’est rendue au Mali en décembre 2020 puis en octobre 2021. Sur les sites en question, nous cherchions la présence de métaux et de produits de maintenance industrielle utilisés, par exemple, pour le lavage des zones techniques.

Grand nettoyage en zone technique à Gao. C’est sur de tels sites que les prélèvements sont effectués.
Grand nettoyage en zone technique à Gao. C’est sur de tels sites que les prélèvements sont effectués. |

Si la capitaine Coralie s’est déplacée seule de Cherbourg, elle était accompagnée sur les trois sites maliens d’une gendarme de la prévôté de Gao, l’adjudant Julie, qui a vérifié les conditions de prélèvements et attesté que les échantillons n’ont pas été corrompus. D’où le choix de contenants en verre et non en plastique et un respect scrupuleux des délais entre les prélèvements et la livraison au Lasem de la glacière réfrigérée qui contenait les 30 kg de prélèvements », précise la gendarme.

Trois sites au Mali et le site d’Aguelal au Niger ont été testés.
Trois sites au Mali et le site d’Aguelal au Niger ont été testés. | ECPAD
Le colonel Stanislas, qui commande les neuf prévôts de Gao, ajoute que l’aspect environnemental du retrait de Kidal, Tessalit et Tombouctou a été pris très au sérieux par la force Barkhane qui a souhaité tout réaliser scrupuleusement. C’est pourquoi la prévôté a été impliquée dans cette campagne. L’adjudant Julie a accompagné la pharmacienne qui a réalisé les prélèvements pour attester que tout était en conformité avec les règles. Ce qui permet de prévenir tout contentieux futur.

Il existe, en outre, une contrainte temporelle et logistique forte », ajoute la capitaine Coralie, car les prélèvements doivent être conservés au frais et arriver au laboratoire dans les huit jours ». Il a donc fallu jouer serré, les prélèvements ayant été effectués en pleine période de relève des troupes, avec une disponibilité réduite des avions et des hélicoptères. Une fois les échantillons en métropole, les analyses peuvent commencer. Il faut compter de six à huit semaines pour chaque site. Nous n’aurons donc pas les résultats avant six mois.

Source : Ouest France

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