EN IMAGES – Une série d’explosions a eu lieu dans des hôtels et des églises du Sri Lanka dimanche 21 avril. Des lieux où la messe de Pâques était en train d’être célébrée. Au moins 158 personnes ont été tuées parmi lesquels des dizaines d’étrangers. Un couvre-feu a été instauré. La communauté internationale condamne dans son ensemble. Aucune revendication n’est pour l’heure connue.
L’essentiel en quatre points
• Des dizaines d’étrangers font partie des victimes
• Dimanche après-midi, ces attentats n’avaient pas été revendiqués
• Les responsables politiques du monde entier ont condamné ces attentats
Au moins 158 personnes ont été tuées dimanche 21 avril dans une série d’explosions dans des hôtels et églises du Sri Lanka où était célébrée la messe de Pâques. Dans la matinée, trois hôtels et trois églises ont été attaqués à Colombo la capitale mais aussi à Negombo, plus au nord et à Batticaloa à l’est. Deux nouvelles explosions se sont ensuite produites en début d’après-midi, dont l’une dans un hôtel de la capitale faisant deux morts, a annoncé la police.
Au moins 35 étrangers – dont un ressortissant portugais – font partie des victimes de ces attentats. On dénombre en outre des centaines de blessés (vraisemblablement plus de 300), selon des sources hospitalières. D’autres sources évoquent un bilan un peu moindre. Toutefois, ce dernier ne cesse d’évoluer au fil des heures.
La police a décrété l’entrée en vigueur immédiate d’un couvre-feu à durée interdéterminée. Le gouvernement a également décrété le blocage temporaire des réseaux sociaux pour empêcher «la diffusion d»informations incorrectes et fausses».
La nature exacte de ces explosions demeurait inconnue dans l’immédiat et aucune revendication n’était parvenue dimanche après-midi. Mais le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait alerté ses services il y a dix jours en indiquant qu’un mouvement islamiste appelé NTJ (National Thowheeth Jama’ath) projetait «des attentats suicides contre des églises importantes et la Haute commission indienne».
Le président sri-lankais Maithripala Sirisena s’est dit choqué par les explosions. Il a chargé une unité spéciale de la police et l’armée d’enquêter. Le premier ministre Ranil Wickremesinghe a fustigé des «attaques lâches». «Je condamne fortement les attaques lâches sur notre peuple aujourd’hui. J’appelle tous les Sri-Lankais à rester unis et fort en ces temps tragique», a-t-il écrit sur son compte Twitter, ajoutant que le gouvernement prenait des «mesures immédiates pour contenir la situation».
Durant la célébration de la messe de Pâques à Rome, le pape François a exprimé sa «tristesse» et s’est déclaré proche de «toutes les victimes d’une si cruelle violence». Le chef de l’Etat Emmanuel Macron a condamné «fermement» des «actes odieux». Le président américain Donald Trump a assuré que son pays était «prêt à aider».
Une réunion du Conseil de sécurité nationale sri-lankais devait se tenir dans la résidence du premier ministre dans la journée.
Voici le résumé des faits, ces éléments ont été communiqués par la police ou des responsables hospitaliers aux agendes AFP et Reuters:
Au total, huit lieux ont été attaqués: quatre hôtels, trois églises, et un poste de police.
Dans la matinée, deux déflagrations se sont produites dans l’église Saint-Anthony de Colombo, la capitale, où au moins 160 personnes blessées ont été admises à l’Hôpital. Un responsable de la police a indiqué sous couvert de l’anonymat qu’au moins 64 personnes au total avaient été tuées dans la capitale. Car outre l’église, ce sont également trois hôtels qui ont été pris pour cible: le Shangri-La Colombo, le Kingsbury Hotel et le Cinnamon Grand Colombo.
Il y a également eu deux déflagrations à l’église Saint-Sébastien de Negombo, une localité au nord de la capitale où au moins 67 personnes ont péri. Et 25 autres personnes ont trouvé la mort selon la police dans une explosion dans une église de Batticaloa, dans l’est de l’île.
«Attentat contre notre église, s’il vous plaît, venez nous aider si des membres de votre famille s’y trouvent», peut-on lire dans un message en anglais posté sur le compte Facebook de l’église Saint-Sébastien.
Dans l’après-midi, au moins deux personnes ont péri dans une nouvelle explosion dans un quatrième hôtel, situé celui-là à Dehiwala, une banlieue du sud de la capitale.
La 8e explosion rapportée par la police qui est survenue à Orugodawatta, une banlieue du nord de Colombo, serait le fait d’un kamikaze. Trois policiers seraient morts.
Toutes les célébrations de Pâques ont été annulées dans le pays, a annoncé l’archevêché. L’armée a été déployée, et la sécurité a été renforcée à l’aéroport international de Colombo, a annoncé un porte-parole de l’armée. L’ensemble des établissements scolaires resteront fermés lundi et mardi, a fait savoir le ministre de l’Education, Akila Viraj Kariyawasam.
Sur Twitter, l’ambassade de France au Sri Lanka a exhorté ses ressortissants à se tenir «éloignés des lieux publics» et à éviter «tout déplacement».
Calme Relatif
Le pays connaissait un calme relatif depuis la fin en 2009 du conflit civil avec les séparatistes tamouls. Le Sri Lanka est un pays à majorité bouddhiste, et les catholiques sont estimés à 1,2 million sur une population totale de 21 millions d’habitants. Le pays compte environ 70% de bouddhistes, 12% d’hindouistes, 10% de musulmans et 7% de chrétiens. Les catholiques sont perçus comme une force unificatrice car on en trouve chez les Tamouls comme chez la majorité cinghalaise. Certains chrétiens sont cependant mal vus parce qu’ils soutiennent des enquêtes extérieures sur les crimes de l’armée srilankaise contre les Tamouls pendant la guerre civile qui s’est achevée en 2009. Selon les Nations unies, le conflit de 1972 à 2009 a fait de 80.000 à 100.000 morts.