En bon africain, chacun sait que «tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne peuvent que chanter la gloire du chasseur». Les vainqueurs du jour ont le beau rôle, les rôles ils se les distribuent, ils se partagent les privilèges, les postures, le magot… Et quand on se goinfre ensemble, on se partage la vaisselle ! Mais à condition de se souvenir que dans ce pays d’honneur et de dignité, même à son pire ennemi on épargne l’humiliation à plus raison la délation.
Nous prenons le pari de penser et de dire qu’en dessous de l’affirmation de Mme la ministre de la Culture, de l’artisanat et du tourisme, DRAME Kadiatou KONARE, nulle vindicte par procuration, point de coup tordu ! Au contraire, au regard du délabrement de l’État dans tous ses compartiments, Mme la ministre (qui n’est pas que fille de son père et de sa mère, elle a aussi son parcours personnel qu’il faut respecter) ne serait-elle pas une victime de l’incompétence de son cabinet et de ses services ? Non, la fille de Alpha et de Adam n’est de l’engeance de celles qui piétinent l’adversaire au sol. Non ! Mettons cette grande dame de l’Édition au-dessus de ça.
Mettons la passion de côté, de même que les procès en sorcellerie, et disons simplement que Mme la ministre est passée à côté. Le bâtiment est loin d’avoir été vendu. Il est proposé à être échangé, à charge pour l’autre partie de construire un nouvel immeuble devant abriter l’Institut National des Arts (INA). Les travaux sont en cours exécution.
Pourquoi l’INA doit être délocalisée ? Simplement parce le bâtiment est devenu le marché, magasin pour les commerçants, impraticable, inaccessible et inapproprié comme école.
L’inculture notoire
Contrairement à Kadiatou KONARE, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la dérive accusatrice de Dr Aboubacar Sidick FOMBA, Président du parti ADEPM et membre du CNT. S’il n’a pas encore franchi, comme les autres, le seuil de l’imposture en usurpant le label d’honorable, il devrait ne serait-ce que pour le respect de l’avenir (il sera dit demain qu’il était membre du CNT) jauger ses publications. En citant comme si c’était un scoop, la cession (vente) d’une liste de bâtiments publics, Dr FOMBA croit pouvoir porter l’estocade au président IBK et son régime qu’il croit avoir terrassé à la loyale. Mais, il se prive de provision pour l’avenir, car se met dans un trapèze sans filet avec des affirmations péremptoires sans aucun fondement. Et notre chef de parti s’inscrit sur la liste des bonimenteurs, des petits phraseurs politiques et des hâbleurs de la Transition, même s’il n’a pas encore atteint le niveau de Issa Kaou N’DJIM.
Il est en effet dommage de la part d’un si brillant leader politique de s’illustrer comme un si piètre connaisseur de l’État qu’il a l’ambition d’incarner et de servir. En faisant croire que par la cupidité de l’ancien régime, une «trentaine d’immeubles de l’Etat bradés et vendus au 2/10 du prix réel. Certains toujours sur la liste du patrimoine de l’Etat et d’autres loués à l’Etat », Dr FOMBA étale son ignorance et s’en prend au mauvais client. Oui, en plus de ce qu’il appelle « bradage de l’INA » et de la petite liste qu’il cite, quelqu’un devrait dire à Monsieur le membre du CNT, que tous les bâtiments publics situés dans le rectangle centre centre-ville, centre commercial, quartier du fleuve, Médina, Darsalam sont ou devraient être vendus. Non par le régime de Ibrahim Boubacar KEITA, mais depuis 1994. En effet pour amortir le choc de la dévaluation, le Premier ministre d’alors avait préconisé un certain nombre de mesures passées à la littérature politique et institutionnelle de l’époque sous le nom de «les dix-sept (17) mesures d’Abdoulaye Sékou SOW ». Outre l’introduction du PMU, du casino et des machines à sous dans notre pays, la cession de tous immeubles, bâtiments et maisons appartenant à l’État dans le périmètre du centre de Bamako était inscrit en bonne place parmi ces mesures-là.
Pour ceux qui s’en souviennent, le candidat Maribatrou DIABY, lors de la présidentielle de 1997, avait fait sa campagne sur le thème du non au bradage de bâtiments publics en disant en substance : « si vous les achetez, après le pouvoir de l’Adéma on va vous le retirer, parce que ce sont des biens du peuple ». Un quart de siècle après dire que c’est IBK qui est à l’origine de ce « bradage »… !
Le flagrant délit de mensonge
Quid de l’affirmation selon laquelle l’ancien régime aurait procédé au bradage de plus de 800 hectares des terres de l’IER (Institut d’Economie Rurale) à SOTUBA (sol des terres utiles de Bamako).Ces terres réservées pour la recherche agricole et qui servent de support pédagogique sont transformées en concession à usage d’habitation par un décret présidentiel de 2019. Que FOMBA nous permette de ne point le croire que sous bénéfice d’inventaire. La publication du décret nous aurait rabattu le caquet, sinon que le politicien nous permette juste de lui rappeler qu’en 1998 la station de recherche de l’IER disposait dans le district de Bamako au Mali de 1100 ha en 1998 ; elle en comptait en 2013 moins de 300. Donc le régime de IBK n’aurait pu brader plus de 800 ha de l’IER parce qu’en 2013, l’IER n’avait plus 300 ha.
En 2006, l’Etat malien avait vendu 60 hectares dans le village de Gouana à 2 sociétés immobilières qui n’ont jamais pu en prendre possession, en raison de l’opposition des occupants de ces terres. L’IER a été saisi fin mars 2013 par le ministère de l’Agriculture pour céder une partie de ses terres du site de Sotuba à ces deux agences immobilières, à titre de compensation.
Après avoir entrepris plusieurs démarches de plaidoyer auprès des autorités, les travailleurs de l’IER ont observé du 28 au 29 mars une grève d’avertissement de 48 heures pour interpeller les autorités, puis une autre du 3 au 5 avril et une autre encore du 10 au 12 avril 2013. C’est finalement à la fin du mois d’avril que le Premier ministre Cheick Modibo DIARRA a tranché en faveur de « la sauvegarde du capital de recherche que constitue l’IER ».
Que dit l’accord UNTM-Gouvernement ?
Le point 7 du protocole d’accord entre l’UNTM et le gouvernement concerne justement la sauvegarde du patrimoine immobilier à travers «la libération des domaines fonciers de l’ORTM et de l’IER illégalement occupés. »
Le Gouvernement et l’Union nationale des Travailleurs du Mali ont convenu de la mise en place d’une commission de suivi de 9 mois (à compter de la date signature du présent procès- verbal) de l’ensemble des dossiers relatifs aux sous-points ci-après sous réserve des décisions de justice… « L’évacuation des domaines de l’IER occupés anarchiquement par des individus pour janvier 2021.»
Les responsables de la section SYNAPRO (Syndicat national de la production) de l’IER (Institut d’économie rurale) étaient face à la presse, le jeudi 25 février 2021 à la Bourse du travail de Bamako pour dénoncer les « agressions foncières sur les terres de recherche de l’IER de manière générale et spécifiquement le domaine du Centre Régional de Recherche Agronomique de Sotuba (CRRA/Sotuba) ». Ladite conférence de presse était animée par le secrétaire général de la section SYNAPRO (Syndicat national de la production) de l’IER (Institut d’économie rurale), Dr Moro Souley SIDIBE, en présence du secrétaire général de l’UNTM (Union nationale des travailleurs du Mali), Yacouba KATILE, des travailleurs de l’IER et d’autres personnalités.
Le secrétaire général de la section SYNAPRO (Syndicat national de la production) de l’IER (Institut d’économie rurale), Dr Moro Souley SIDIBE, a lu une déclaration dans laquelle il précise que l’objet de la présente conférence de presse est d’informer l’opinion nationale et internationale par rapport aux agressions foncières sur les terres de recherche de l’IER de manière générale et spécifiquement le domaine du Centre Régional de Recherche Agronomique de Sotuba (CRRA/Sotuba). «Malgré l’acquisition des titres fonciers pour les parcelles de recherche de l’IER par le gouvernement ; malgré l’engagement permanent du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, malgré les multiples démarches de la Direction Générale de l’IER ; malgré les efforts syndicaux permanents de la Section SYNAPRO de l’IER, du SYNAPRO National et de l’UNTM pour la sauvegarde des terres de recherche ; malgré les accords signés entre le gouvernement du Mali et l’UNTM le 05 Février 2021 relatifs à la libération des terres de l’IER; nous sommes dans le regret de vous informer de la persistance des agresseurs fonciers à faire fi des lois domaniales de l’Etat ».
Non, l’IER n’a jamais accusé le président IBK et son gouvernement d’avoir bradé les ha lui appartenant. Au Contraire, il a toujours accusé «ces prédateurs (qui) n’accordent aucune importance aux accords signés entre le Gouvernement et l’UNTM. Sinon comment comprendre la convoitise soutenue par la Mairie de la Commune 1 en sachant que le point 7 de l’accord met l’accent sur la sécurisation des terres de l’IER. Ce n’est pas leur souci si la pression permanente vis-à-vis de ses terres de recherche est une barrière infranchissable pour le développement des technologies pouvant accroître la production et la productivité agricoles voire l’atteinte des objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Malheureusement pour eux, ils trouveront devant eux l’IER et ses soutiens qui ensemble constitueront des remparts pour les empêcher d’hypothéquer l’avenir du Mali ».
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN