L’attaque terroriste de Bamako contre l’hôtel Radisson Blu le vendredi 20 Novembre 2015 a fait une vingtaine de morts dont les deux terroristes. Une semaine avant, soit le vendredi 13 novembre, des terroristes avaient frappé Paris. Bilan 130 morts. Les blessés, sans compter les dégâts matériels dans les deux capitales sont nombreux. En réaction à ses attentats terroristes, les présidents de la République française et malienne ont pris des mesures qui s’imposent. Etat d’urgence décrété de part et d’autre, drapeau en berne, deuil national. Les populations aussi ne sont pas demeurées en marge. Différemment, elles ont été sensibles dans leurs comportements après les attentats. Quelles lectures peut-on faire des deux évènements ? Y’at-il des similitudes ou non ?
L’état d’urgence décrété au Mali par le président de la République, à l’issue du Conseil extraordinaire des ministres du vendredi dernier, a une durée de dix (10) jours. En France, la même mesure prise par François Hollande a été prolongée pour trois (3) mois. Ibrahim Boubacar Keita présent à N’Djaména, la capitale tchadienne où s’est tenu le sommet du G5 Sahel au moment de l’attaque de l’hôtel Radisson de Bamako, est rentré d’urgence au pays pour faire face à la situation. Au nom de la solidarité africaine, la Guinée Conakry a décrété un deuil national de trois jours comme au Mali. Et tout comme les pays membres de l’OMVS (Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal). Le président du Sénégal, Macky Sall, président en exercice de l’OMVS, a effectué une visite au Mali le Dimanche 22 Novembre 2015. Le lendemain lundi, c’est-à-dire hier 23 novembre, le président béninois a répété le même geste.
A Paris, terreur sur la ville
En frappant Paris, (ville lumière, ville de toutes les libertés), si l’objectif des terroristes était de faire le maximum de victimes et par là même occasion faire peur à la population, ils ont atteint leur objectif. Car la capitale française (et même au-delà, Bruxelles) ressemblait à une ville morte durant une semaine (du vendredi 13 Novembre au jeudi 19 Novembre 2015). Pendant tout ce temps, les autorités françaises ont fait monter le risque d’attentats dans leur capitale. Du coup, la peur s’empara des populations restées cloitrées chez elles. Les métros, tramways, les bars, les commerces, les musées, les hôtels, terrasses … sont restés fermés au grand dam des touristes qui ne savaient plus où aller. Même la Tour Eifel, symbole de Paris reste encore fermée jusqu’à nouvel ordre. On voit bien que les français n’avaient pas le cœur à consommer, à se déplacer. C’est pourquoi, les réservations ont baissé de moins de 80%
La terreur n’a pas triomphé à Bamako
Si en France, (singulièrement à Paris), la peur s’est emparée de la population et même de certaines autorités, telle n’est pas le cas pour le Mali. La stratégie de la terreur pour torpiller l’accord de paix entre le gouvernement et les rebelles de Kidal n’a pas fonctionné dans la mesure où la CMA et la Plateforme ont condamné ensemble l’attentat de l’hôtel Radisson. A Bamako où s’est déroulée l’attaque, la population a continué à vaquer à ses préoccupations, comme si de rien n’était. Malgré l’état d’urgence décrété par le président de la République du Mali, à l’issue du conseil extraordinaire des ministres dans l’après-midi du vendredi 20 Novembre, les bars restaurants de Bamako, les quelques rares salles de cinéma et boites de nuits sont restés ouverts et bien remplis de monde. En un mot, le public a vaqué à ses occupations habituelles. Deux jours après les faits, soit le dimanche 22 Novembre, des habitants de Bamako ont célébré leurs mariages comme ils ont l’habitude de le faire, avec des cortèges, klaxonnes de véhiculent et moto. Des comportements qui peuvent être qualifiés d’incivisme et de manquement à la loi, au regard de la mesure d’état d’urgence décrété par le président de la République pour dix (10) jours. A vrai dire, il est difficile de mettre le Malien dans une camisole de force, après la révolution de Mars 1991.
Selon l’article 49 du titre III de la constitution malienne, relatif au Président de la République, « le Président de la République décrète après délibération en Conseil des Ministres, l’état de siège et l’état d’urgence ». L’état d’urgence et l’état de siège font donc partie des pouvoirs exceptionnels que la constitution accorde au président de la République lorsqu’il ya péril en la demeure. Les pouvoirs exceptionnels visent à assurer le fonctionnement régulier des institutions et la continuité de l’Etat…Ce sont des mesures restrictives de libertés individuelles et collectives. Mais à première vue, cela n’a aucun incident sur le quotidien des Maliens.
Il faut rappeler que dans l’histoire du Mali indépendant, c’est la troisième (3ème) fois que les différentes autorités décrètent l’état d’urgence. Dans les années 1990, sous la menace de la rébellion touareg, le président Moussa Traoré avait décrété l’état d’urgence seulement dans les régions de Gao et Tombouctou. En 2013, pendant la transition, le Pr. Dioncounda Traoré, chef de l’Etat par intérim, a décrété pour la deuxième fois, l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire national. Le troisième état d’urgence fut décrété par le président IBK le 20 Novembre 2015 pour dix jours.
D . KEITA
Source: Tjikan