Bamako, à l’instar de tous les centres urbains du Mali, est inondée de jeunes (filles et garçons) vendeurs ambulants de divers articles, au compte de leurs parents ou patrons. Certes, c’est une activité qui rapporte, mais elle n’est pas sans conséquences sur l’éducation surtout de ces jeunes filles dont le quotidien se partage entre séduction et harcèlement sexuel de la part des apprentis chauffeurs autour desquels, elles rodent toute la journée. Certaines victimes témoignent. Madina, une jeune fille d’à peine 15 ans, vendeuse ambulante : « je travaille pour une dame qui me demande de vendre une grande quantité d’eau par jour et, le plus rapidement possible. Mais, elle ignore ce que je vie au quotidien. Les apprentis de Sotrama nous touchent les seins, les fesses ; nous frappent et nous insultent en longueur de journée. Des fois, ils nous demandent de coucher avec eux, en échange, de l’achat de tous nos produits ».
Les arrêts de Sotrama et les alentours des marchés de Bamako sont des lieux où les jeunes filles vendeuses de divers articles (eau, fruits, condiments, pacotilles) sont, au quotidien, victimes d’harcèlement et subissent toute sorte d’actes vicieux. Comme la pauvre Madina, elles sont nombreuses les filles à Bamako et dans les centres urbains à faire les frais de ce petit commerce d’où vient leur salaire.
« On n’a pas le choix. Si tu n’acceptes pas les avances des chauffeurs et apprentis, non seulement tes produits ne seront vendus, mais ta patronne va te gronder. Pire, tu n’auras pas assez d’argents pour retourner au village », renchérit sa camarade qui n’a pas voulu décliner son identité.
Voilà, comment de nombreuses servantes, venues en ville, à la recherche des trousseaux de mariage, se retrouvent avec des grossesses non-désirées dont les auteurs, dans la plupart des cas, ne sont pas connus. Et le retour au village qui devient impossible pour bon nombre parmi elles, de peur du déshonneur de leurs familles et du regard porté sur elles par la société. La suite est connue : avortements clandestins à haut risque, abandon du bébé, etc. Une situation déplorable qui dénote l’effritement de nos valeurs sociétales, et interpelle tout le monde (autorités, parents, patronnes, le ministère de tutelle, les Organisations de défense des droits des femmes et surtout la Brigade des mœurs dont la mission fondamentale est la protection de cette couche très sensible et vulnérable de notre société.
Bamakonews