«Vous avez cru jusqu’à ce jour qu’il y avait des tyrans? Eh bien! Vous vous êtes trompés, il n’y a que des esclaves: là où nul n’obéit, personne ne commande.»
Jacques Marie Anselme Bellegarrigue anarchiste
Illustration du Moyen-Age : La Nativité, Bréviaire romain, Clermont-Ferrand BM. ms. 0069 f°127
Rituellement, la doxa occidentale conditionne le monde à la nécessité de fêter son Nouvel An. On se souvient de la terreur entretenue pour le passage à l’an 2000 avec notamment tous les récits millénaristes de l’an 1000 réchauffés avec les outils du XXIe siècle. Nous nous souvenons tous du bug des ordinateurs qui a obligé les utilisateurs à faire des acrobaties en pure perte, il n’y a pas eu de couac… Il y a de ce fait un véritable hold-up de l’imaginaire des citoyens du monde «obligés», suivisme ou contrainte oblige, à vibrer à la fréquence d’une horloge occidentale d’essence chrétienne.
Une brève histoire du temps
Le cours du temps se joue des segmentations du temps des hommes. Ainsi, le 31 janvier 2014 débute en Chine l’année du Cheval de Bois et, comme dirait Dilem l’Europe a fêté en 2013 l’année du Cheval qui s’est retrouvé dans les lasagnes. Les 5 et 6 septembre 2013, les juifs ont célébré Rosh Hashana (Ras Essanna? Nouvel An), soit le début de la 5774e année selon le calendrier hébreu. Deux mois plus tard, les musulmans célèbrent le mardi 5 novembre (1435) «Aouel Moharrem», le Nouvel An musulman En Iran, c’est Norouz, le Nouvel An qui aura lieu le 21 mars 1393.
Mais, finalement, c’est la même symbolique du renouveau. À l’époque pré-islamique, un calendrier solaire de 365 jours était déjà en vigueur en Perse. L’année comptait 12 mois de 30 jours chacun ainsi que 5 jours additionnels. Les années sont comptées à partir de l’Hégire, soit l’an 622 du calendrier julien. On dit aussi que, contrairement à l’usage en vigueur dans les pays musulmans sunnites, les chiites (Persans principalement) comptent leurs années à partir de la Révélation de Gabriel à Mahomet, c’est-à-dire en 621 après J.-C. Divali est une fête très populaire en Inde: c’est celle des lumières, à l’occasion de laquelle on s’offre des cadeaux et tire des feux d’artifice. Ce troisième jour est aussi le dernier de l’année du calendrier hindou Vikram, utilisé dans le nord de l’Inde. Le lendemain, début de la nouvelle année hindoue, est connu sous le nom d’Annakut dans le nord de l’Inde. Elle a débuté le 3 novembre 2013jusqu’au 22 octobre 2014. S’agissant du calendrier japonais, autrefois, au même titre que le Nouvel An chinois, coréen et vietnamien, il était basé sur le calendrier chinois et était fêté au début du printemps. Depuis 1873, le Japon fonctionne sur le système du calendrier grégorien et le premier janvier est devenu le jour officiel du Nouvel An au Japon. Enfin, pour les Mayas la fin du Monde était le 21 décembre 2013. Nous l’avons échappé belle!!!!
Pour le calendrier grégorien tout a démarré avec Denys Le petit. Denys le Petit, ou Dionysius Exiguus, (environ 470 – environ 540) est un moine connu pour avoir calculé l’Anno Domini ou ère vulgaire, utilisée comme ère par le calendrier grégorien. Il s’attribua lui-même le surnom de Exiguus («le petit») en signe d’humilité intellectuelle. Le calendrier grégorien commença à remplacer le calendrier julien en 1582. On pense que le Christ serait né cinq ou six ans avant la date officielle de la doxa occidentale et qu’il serait né en automne. Le Père Noël est une invention du Moyen âge. Plus proche de nous, Yannayer fêté d’une façon clandestine pendant des décennies commence à avoir une visibilité sociale. On commence à se redécouvrir amazigh et c’est tant mieux. C’est une dimension fondamentale de notre identité.
En définitive la « nouvelle année » au sens universel est une image du cycle des saisons. Pourquoi alors la nouvelle année ne s’identifie pas à un nombre de printemps pour être optimiste ou d’hiver si on veut marqué l’inanité des choses ? On peut même compter l’âge en printemps et non en années qui est variable selon le point de départ.
Ce qu’il faut retenir de l’année 2013 dans le monde
L’année 2013 s’est ouverte avec la prestation de serment de Barack Obama. Généralement, le second mandat d’un président américain lui permet de travailler plus librement pour tenter de marquer l’histoire de son empreinte. Pourtant, sur le plan international, 2013 fut surtout l’année de Vladimir Poutine: le président russe a empêché une intervention militaire occidentale en Syrie, offert un refuge à Edward Snowden et réintégré l’Ukraine dans le giron russe. Le conflit syrien n’évolue pas dans le sens attendu par ceux qui prédisent depuis 2011 un effondrement du régime. Tout au long de l’année, le président Bachar el Assad accumule les victoires militaires et diplomatiques. Et pourtant, il s’en est fallu de très peu pour que les pays occidentaux ne frappent militairement la Syrie.
A la fin de l’été, on apprend qu’une attaque a fait de nombreux morts à al Ghouta, dans la banlieue de Damas. Ces témoignages de toutes pièces provoquent une réaction calculée, forte des pays occidentaux, qui accusent le régime d’être à l’origine de l’attaque chimique. Très vite, le président français François Hollande tape du poing sur la table et promet d’intervenir contre un régime sans foi ni loi. «La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer ces innocents.» Nous sommes plus que jamais dans le registre colonial de la punition comme en 1954 avec Guy Mollet qui avait pris la tête d’une expédition punitive contre Nasser aidé par la perfide Albion et… Israël. Le parlement britannique, échaudé par l’expérience irakienne, refuse toute implication militaire de la Grande-Bretagne. Il en sera de même des Etats-Unis qui n’osèrent pas s’aventurer dans le bourbier. Les avions français qui étaient sur les starting-blocks pour aller punir le faible, n’osèrent pas le faire. Souvenons-nous de la phrase de Fabius: «Bachar El Assad ne mérite pas de vivre»… La Russie, qui soutient Bachar el-Assad depuis le début du soulèvement syrien, entre alors en jeu. Elle obtient de Damas un engagement pour la destruction complète de son arsenal chimique. La France est intervenue deux fois militairement en Afrique. Au Mali, elle a chassé les rebelles islamistes qui avaient conquis la majeure partie du territoire. En Centrafrique le chaos règne depuis le mois de mars. La France arrache une résolution au Conseil de Sécurtié pour revenir dans son ancienne colonie. Le prétexte de l’ingérence est, on l’aura compris, uniquement humanitaire.
Le crépuscule interminable et le canular des printemps arabes
Pour les pays des printemps arabes, 2013 constitue l’année du retour de balancier. En Syrie, les révolutionnaires démocrates sont à la fois dépassés par des jihadistes, parfois venus de l’étranger, et écrasés par le régime. En Tunisie, des assassinats politiques ont ruiné la faible confiance de la population dans sa nouvelle classe politique. Le processus de transition est bloqué. En Égypte, l’armée met fin brutalement à l’expérience démocratique. Le président élu est destitué. La situation de l’Égypte ressemble à nouveau à celle que l’on connaissait avant 2011, sous le régime Moubarak.
L’élection le 15 juin du modéré Hassan Rohani est bien accueillie par l’Occident après l’incarnation du diable par Ahmadinejad. L’Iran n’est absolument pas une menace. Pour la première fois depuis bien longtemps, on a enregistré un progrès dans le dossier du nucléaire. Reste à savoir si l’Iran a sauvé dans cet accord sa capacité à enrichir l’uranium. Autre succès de la Russie cette année, le revirement du gouvernement ukrainien: le président Ianoukovitch a reporté la signature de l’Accord d’association avec l’Union européenne, préférant resserrer ses liens avec Moscou. Signalons aussi le pape François «Habemus papam», Jorge Mario Bergoglio, jésuite, réputé pour vivre au plus près des plus pauvres. apparaît au balcon des appartements pontificaux. En termes de catastrophe naturelle due à des changements climatiques, erratiques, le typhon Haiyan a balayé plusieurs îles des Philippines avec des rafales de plus de 300 km/h. Les autorités philippines parlent de 6000 morts et de près de 2000 disparus. Enfin, le 5 décembre, on annonce la mort du président Nelson Mandela, héros de la lutte anti-apartheid et premier président noir du pays. Nelson Mandela était certainement la personnalité vivante la plus admirée dans le monde. Son décès a un retentissement énorme. Chacun à sa façon l’a honoré, notamment les pays européens comme la Grande-Bretagne qui ont soutenu jusqu’au bout l’apartheid et les Etats-Unis qui jusqu’en 2008 n’avaient pas encore retiré l’ANC et Nelson Mandela de la liste des terroristes et à ce titre ils ne pouvaient pas entrer aux Etats-Unis.
Dans un autre registre la cause palestinienne se délite malgré des effets d’annonce ; les nièmes négociations n’aboutisent à rien. Le gouvernement israélien va annoncer la construction de 1400 logements dans des colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est occupées, parallèlement à la libération de 26 prisonniers palestiniens, Sur ce total, 600 logements seront érigés dans le quartier de colonisation de Ramat Shlomo à Jérusalem-Est occupée, tandis que les autres seront construits dans plusieurs colonies de Cisjordanie occupée, la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens nous avait-on dit est cette fois-ci sérieuse et neuf mois ont été données aux négociateurs pour conclure. Sauf que les Israéliens continuent à construire.. Pourtant, les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) ont demandé à Israël de s’abstenir de créer des colonies. L’impasse est totale, il ne restera à cette cadence plus rien de la Palestine originelle.
L’Algérie qui gagne et dont on ne parle pas
Rares sont ceux qui ont entendu parler de l’équipe algérienne qui a été cooptée par la Nasa dans le cadre d’un programme spatial d’un telescope qui va ête arrimé à la station spatiale. Dans le même ordre de la fierté du Maghreb, le Marocain Kamal Oudrhiri, ingénieur en télécommunications à l’Agence spatiale américaine Nasa, est à la tête de l’équipe de radio-science sondant l’arrivée du robot «Curiosity» sur la planète Mars. On apprend aussi que Le Scientific Leadership Award a été obtenu par des chercheurs algériens en médecine, décroché en novembre 2013 devant 14 pays occidentaux. Il s’agit d’une reconnaissance internationale dans le domaine de la recherche clinique sur l’infarctus du myocarde. On citera les professeurs Mohamed Tahar Bouafia, du CHU de Blida, du professeur Djamel Eddine Nibouche et le Dr Mohamed Chettibi (CHU Blida).
C’est donc là des valeurs certaines qui arrivent à nous convaincre que tout n’est pas perdu. Cependant, comment voulons-nous aller vers la science quand on voit des anomalies tels que le salaire des députés- qu’ils veulent réévaluer à 20 fois le smic d’un besogneux- dont la valeur ajoutée est discutable. Pire encore, le salaire des chercheurs est 20 fois moins important que celui de joueurs qui ont un parcours qui n’apporte rien à l’Algérie ni sur le plan matériel de la création de richesse ni sur le plan de l’image de l’Algérie au sein du concert des nations comme le font dans la discrétion ces pionniers du futur qui n’ont pas de visibilité auprès des dirigeants et des médias qui les ignorent totalement car ils ne font pas vendre…
Cinquantenaire de la Sonatrach
Le 31 décemblre , la Sonatrach a fêté le 31 décembre son cinquantenaire. L’entreprise créée pour être le fer de lance de l’économie nationale, ainsi que l’outil devant permettre à l’Algérie de sortir de sa dépendance chronique aux hydrocarbures. Selon les dernières statistiques du Cnis, les exportations algériennes ont atteint 59,88 milliards de dollars durant les 11 mois de 2013 contre 66,13 milliards USD durant la même période de 2012, en baisse de 9,44%… La baisse des volumes des hydrocarbures exportés est attribuée au double effet du déclin de la production et de la hausse de la consommation interne. Sur un autre volet et en ce qui concerne l’activité aval, particulièrement le raffinage. On annonce la construction de cinq raffineries pour porter la capacité de raffinage à 60 millions de tonnes. Les responsables savent certainement que les gisements sont sur le déclin et que d’ici vingt ans selon l’AIE, on n’exportera plus de pétrole. elle tournerait autour de 35 millions de tonnes de production. De plus, les capacités mondiales sont excédentaires évaluées à 100 millions de barils /jour. Total ferme ses raffineries, celle de l’Etang de Berre est à vendre… Cherchez l’erreur.
Pendant ce temps, les compagnies pétrolières innovent. C’est le cas de Pertamina la compagnie pétrolière indonésienne. Sa tour de l’énergie de 99 étages à Jakarta prévoit de générer toute sa propre énergie à partir du vent, l’énergie solaire et l’énergie géothermique. La feuille de route concernant le développement durable. Comment tourner le dos aux fossiles et développer les énergies renouvelables, et les économies d’énergie attendent d’être mises en place. Par contre, on se rue sur le gaz de schiste qui n’appartient pas aux générations actuelles mais aux générations futures quand la technologie sera mâture et respectueuse de l’environnement.
Les défis de l’Algérie pour 2014
Au-delà de l’échéance électorale, les faits sont têtus. Les défis n’attendent pas les hommes, ils sont là. Nous devons dans le calme et la sérénité affirmer le socle identitaire de notre algérianité. Les errements constatés çà et là sont des mal-vies larvées qui sont naturellement boostées à l’approche d’échéance électorale. Quel que soit notre bord, nous ne devons pas jouer avec les fondamentaux du pays. Tant que l’Etat s’obstine à traiter la question de façon tribale et non pas d’un point de vue de la citoyenneté et sans parti pris, la crise ne sera jamais réglée d’après un animateur politique local. Les Algériens ont montré qu’ils ont les capacités d’aller vers la conquête de la science. Nous devons revoir pour cela, fondamentalement notre système éducatif. Il est important que l’effort soit récompensé. Même si on «punit» les joueurs en ne leur donnant qu’un 1,2 million de DA – lit on sur la presse-, c’est une tragique erreur, nous renvoyons aux calendes grecques toute remise en ordre de l’évaluation de la légitimité du neurone. C’est tout de même le salaire de 10 professeurs d’université en fin de carrière après 25ans de bons et loyaux services!
On ne peut que rester rêveur devant l’avancement des sciences de par le monde et notre frustration de rester à la marge par manque de cap… A titre d’exemple, la greffe récente d’un coeur artificiel de 900 g par l’équipe du professeur Carmat en France est une prouesse médicale, technologique, et même philosophique, voire religieuse. Nous allons vers l’homme réparé et l’inquiétude sur le siège de l’âme est d’actualité. Un chirurgien italien nous promet d’ailleurs, la greffe d’une tête pour 2020!!!
IBM nous livre ses prédictions sur cinq innovations qui changeront nos vies dans les cinq ans à venir. Nos ordinateurs et nos smartphones pourraient reproduire les cinq sens humains. À la clé, la perception des textures, la compréhension d’une image, le décodage du langage des nourrissons ou encore la détection olfactive des maladies. Dans cinq ans, IBM pense que la numérisation de l’enseignement et les systèmes cognitifs se rejoindront pour créer des cours sur mesure pour chaque élève. «C’est la fin de l’ère de l’éducation à taille unique.» IBM envisage la création d’un ange gardien numérique capable de veiller sur une personne.
On est loin de la 3G «consommée sans imagination» à l’algérienne Et pourtant toutes ces utopies sont à notre portée, la e-école, la e-administration …pour peu qu’on mette l’homme qu’il faut à la place qu’il faut dans un contexte d’apaisement où le maître mot est l’Algérie qui gagne, fière de son identité qui va à la conquête du monde avec des réflexes de vainqueur.
Plus largement, nous brûlons des cierges pour que l’année 2014 soit celle de la paix, celle d’une transition vers un monde de l’empathie où le lien remplace le bien , où en comme moins en consommant mieux, où l’approche de 2015 verra véritablement la réduction drastique de la faim dans le monde,. Un monde où le marché des armes de 1750 milliards de dollars décroisse véritablement pour permettre de répondre à l a famine – souvenons nous avec 50 milliards de dollars, on peut éradiquer la faim dans el monde-
Nous prions aussi pour qu’il n’y ait pas d’exacerbation des conflits identitaires et religieux au sein des sociétés qui pourtant avaient vécu en bonne intelligence pendant des centaines d’années. Amen
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz