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Après le départ forcé du chef d’État, la transition démocratique vue comme une urgence

Le coup de force contre le président de la République malienne continue à faire grincer les dents. À l’émission « Édition spéciale » de RFI de ce jeudi 20 août 2020, les avis ont divergé sur la question.

 

Les uns pour l’applaudir, les autres pour le dénoncer et d’autres encore plus réservés dessus, le coup d’État contre Ibrahim Boubacar Keïta est diversement apprécié. Selon Dr Choguel Kokalla Maiga, membre du M5-RFP, ce coup d’État n’est qu’un aboutissement de la lutte de son mouvement qui demandait la démission du président de la République et du Premier ministre ainsi que la résolution du problème lié à l’Assemblée nationale. L’ancien patron de l’AMRTP ne fait aucun doute que le M5 coopèrera avec le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), qui vient de renverser le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, pour discuter de la mise en place de la transition. Cela avec toutes les forces vives de la nation. Pour ce faire, il indique la volonté du M5 de mieux travailler le Mémorandum qu’il avait soumis à l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta.

Quant à la question de savoir si la junte militaire est digne de foi lorsqu’il rassure vouloir remettre le pouvoir à des civils et instaurer une transition dans un bref délai, Mamadou Konaté, avocat malien, déclare : « Je ne crois en rien, je ne crois en personne tant que je ne vois pas ». Il précise que « la vocation d’un militaire n’est pas d’administrer et de gérer l’État ». Néanmoins, il invite les Maliens à prendre conscience des difficultés dans lesquelles le Mali se trouve aujourd’hui. Ce qui l’amène à mettre en garde contre toute précipitation à se lancer dans un processus électoral sans au préalable entreprendre des réformes profondes. Il faudrait tout repenser complètement, a-t-il recommandé.

Cet avis est soutenu par Dr Choguel qui souligne le besoin pour le Mali d’une réforme profonde, notamment dans sa loi électorale. Des réformes nécessaires, précise-t-il, pour éviter au Mali de tomber dans des crises post-électorales cycliques.

Sur RFI, la Convergence des forces républicaines (CFR), dénonce l’arrestation et la séquestration de hautes personnalités. Selon cette force de soutien au régime IBK, les mêmes personnes qui ont dénoncé les précédents coups d’État au Mali sont les mêmes qui applaudissent celui de 2020. Ce qui est, selon la CFR, « abasourdissant ».

Smaïl Chergui, commissaire pour la paix de l’Union africaine (UA), demande la libération d’IBK ainsi que des autres membres de son gouvernement qui ont été arrêtés en même temps que lui. Ce n’est pas tout, l’UA demande également le retour du pouvoir aux civils afin que le dialogue s’instaure avec la CEDEAO, l’UA, les Nations-Unies ainsi que les partenaires internationaux du Mali afin que ce pays retourne rapidement à l’ordre constitutionnel. M. Chergui recommande une transition inclusive. Quant à Me Konaté, lui, il invite à la mise en place d’une transition démocratique prêtant une oreille attentive aux cris du peuple malien.

Rappelons que suite à cette démission forcée d’Ibrahim Boubacar Keïta, la CEDEAO a mis le Mali sous embargo. La Côte d’Ivoire a fait de même. Néanmoins, le CNSP s’organise et effectue déjà des rencontres à l’interne afin d’assurer le fonctionnement normal des services de l’État.

Fousseni Togola

Faso Mali

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