Après la dissolution des partis politiques et la présentation et l’adoption du Plan d’Action du Gouvernement Abdoulaye Maïga, des tractations seraient en cours pour la mise en œuvre d’une des recommandations spécifiques de la phase nationale des consultations sur la relecture de la charte des partis politiques, à savoir l’investiture du Général Assimi Goïta dans son nouveau mandat de « Président de la République » pour cinq ans renouvelable.
La charte étant aujourd’hui abrogée et les partis politiques dissous, tous les obstacles semblent lever sur le chemin des autorités de la Transition pour la mise de cette ultime recommandation ! Pour certains observateurs, toutes actions des autorités de la Transition de ces derniers temps, y compris la soumission de la relecture de la charte des partis politiques à une consultation des forces vives de la nation et de la diaspora, visent ce seul objectif, vu aujourd’hui comme une nécessité vitale dans la pérennisation des acquis de l’AES. Ils en veulent pour preuve la présence et les commentaires de Amadou Tiéoulé Diarra, Président du CENSERE- ANR, à l’investiture du Général Tiani du Niger comme Président de la République de cet autre pays de l’AES ayant suivi le pas au Burkina du Capitaine Ibrahim Traoré, investi « Président du Faso ». C’est d’ailleurs pourquoi la décision du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au Processus électoral de soumettre les propositions des partis politiques à l’appréciation des forces vives de la Nation avait suscité des questions, beaucoup d’acteurs politiques, désormais anciens acteurs politiques, et d’observateurs ayant vu en elle des manœuvres visant à préparer le terrain pour Assimi Goïta.
Des soupçons qui se sont révélés fondés, avec l’élévation du Général Assimi Goïta « Président de la République » pour un mandat de 5 ans renouvelable recommandée par concertation organisée à cet effet !
Toute la question aujourd’hui est de savoir comment les autorités de la Transition vont s’y prendre pour gagner ce pari ? La question se pose car, au-delà de la saisine des juridictions compétentes par les anciens acteurs politiques pour attaquer les décrets du Président de la Transition, avec pour finalité de faire réagir la Cour constitutionnelle, même si beaucoup ne croient pas que cela puisse prospérer, offrir un mandat de cinq ans, avec en sus le titre de « Président de la République », sans aucunement avoir besoin de solliciter le suffrage des Maliens via des élections qui restent la norme standard en la matière, peut s’avérer très difficile au Mali. Nous l’avons souvent souligné ici, la réputation de nation démocratique du Mali n’est pas construite sur un simple mirage, mais sur une histoire vraie de plusieurs années de combat et de lutte populaire ayant abouti en mars 1991, au prix du sang de milliers de martyrs !
En somme, le Mali est un pionnier de la démocratie en Afrique, ce qui est loin d’être le cas pour le Burkina Faso et le Niger. Aussi, vouloir expérimenter ou extrapoler ce qui a pu se passer dans ces pays, va s’avérer très problématique dans notre pays. La bonne nouvelle est que les autorités de la Transition continuent d’affirmer, pour le moment, que la démocratie n’est pas en péril dans notre pays et que les élections ne sont pas reléguées aux calendes grecques, si l’on s’en tient aux déclarations du Premier ministre lors de son PAG devant le CNT… Après, les soupçons levés peuvent ne pas être que de simples spéculations ! ■
Sarah TRAORE
Source : Le soir de Bamako