Les mains liées, le gouvernement s’est finalement résigné à appliquer l’article 39 du statut des enseignants qui avait plongé l’école malienne dans une crise longue. La bonne nouvelle est tombée le mardi soir lors de la rencontre entre le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita et les forces vives de la nation, au Centre international de conférence de Bamako. Pour le faire, il a fallu que le président IBK nage à contre-courant de son Premier ministre qui avait presque fait de ce dossier brûlant de la nation malienne une affaire de cœur et de règlement de compte.
Mais, il n’est pas le seul. La nouvelle semble aussi se sentir très mauvais à la Bourse du Travail du Mali.
Avec une telle nouvelle, les regards sont désormais tournés vers l’Union nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) qui se battait aussi à visage couvert contre l’application de l’article 39 du statut des enseignants.
En effet, des informations persistantes faisaient état d’une forte opposition de l’UNTM à l’application de cet article. En l’effet, l’Union craignait un dépassement de la grille salariale des enseignants sur celle des autres fonctionnaires.
Ainsi, la question qui se pose d’ores et déjà est celle de savoir si l’UNTM, probablement mécontente, ne va pas aussi sortir ses griffes dans les jours à venir en mettant à son tour des doléances sur la table gouvernement.
A en croire des sources proches de la Bourse du Travail, le choc est lisible sur les visages à l’UNTM.
Mais dans ce cas, les responsables de la centrale syndicale ne seront pas les seuls vexés par cette décision prise à la sauvette par le sommet de l’Etat. Le Premier ministre Boubou Cissé, qui en tellement avait fait de cette affaire une question de rivalité, serait certainement en train lui-aussi, de mâcher sa langue sous l’effet de la honte après s’être fait coiffé au poteau par le président de la République.
En effet, que n’a-t-il pas dit ou fait pour saboter la revendication légitime des enseignants ? Tout ! Pire, il est allé jusqu’à monter l’incapacité du Trésor public à supporter l’incidence budgétaire qui découlerait de l’application de cet article.
Contacté par nos soins dans l’euphorie de la nouvelle, Abdoul Karim Dicko, enseignant domicilié à Sébénikoro, pense que Boubou Cissé doit maintenant démissionner pour avoir plongé l’école malienne dans une crise qui pouvait être évitée. « Pourquoi attendre jusqu’à maintenant pour résoudre un problème qui pouvait l’être depuis le début de la crise. C’est un mépris pour les enseignants, un acte de sabotage de l’avenir des enfants pauvres du Mali, une trahison contre l’avenir de la nation malienne. S’il a un peu de respect pour lui-même, il doit démissionner », fulmine l’enseignant.
Moussa Koné