Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a remis mardi au président Recep Tayyip Erdogan le mandat que celui-ci lui avait confié en vue de former un nouveau gouvernement, a annoncé la présidence dans un communiqué.
L’échec des discussions avec les partis d’opposition devrait conduire à l’organisation de nouvelles élections à l’automne, avait indiqué plus tôt dans la journée un porte-parole du Parti de la justice et du développement (AKP), qui a perdu sa majorité absolue lors des législatives du 7 juin.
Le porte-parole a annoncé la tenue le 12 septembre d’un congrès au cours duquel l’AKP pourrait définir une nouvelle stratégie électorale en vue de ce scrutin.
Auparavant, Recep Tayyip Erdogan pourrait cependant confier au Parti d’action nationaliste (MHP), arrivé en seconde position en juin, la tâche de former un gouvernement, une mission qui paraît impossible.
En l’absence d’accord sur la formation d’une coalition gouvernementale d’ici au 23 août, la Constitution autorise le chef de l’Etat à dissoudre le gouvernement sortant, chargé d’expédier les affaires courantes, et à demander la formation d’une nouvelle équipe pluraliste pour assurer l’intérim jusqu’à la tenue d’élections anticipées à l’automne.
Dans le cadre d’un tel arrangement, les postes ministériels reviendraient théoriquement à quatre partis ayant de profondes divergences idéologiques, ce qui paralyserait probablement l’exécutif et aggraverait la crise politique qui a d’ores et déjà provoqué une baisse record de la livre turque.
Pour la première fois depuis 2002, l’AKP ne peut donc plus gouverner seul et Ahmet Davutoglu a annoncé lundi l’échec des discussions entamées avec le MHP.
L’échec électoral du parti islamo-conservateur s’explique principalement par la percée du Parti démocratique des peuples (HDP), formation historiquement prokurde mais dont l’ouverture à d’autres minorités lui a permis de franchir pour la première fois le seuil des 10% nécessaire pour être représenté au Parlement.
Le HDP a fait savoir mardi qu’il était prêt à siéger dans un gouvernement intérimaire chargé de préparer un nouveau scrutin. Le Parti républicain du peuple (CHP), principale formation de l’opposition, avait lui exclu un peu plus tôt d’y participer en l’absence du HDP.
“Si le HDP ne siège pas dans le gouvernement électoral, nous n’y participerons pas non plus”, a expliqué Engin Altay, vice-président du groupe parlementaire.
Les nationalistes du MHP refusent quant à eux d’en faire partie.
(Ece Toksabay, Jonny Hogg et Orhan Coskun, Jean-Philippe Lefief et Tangi Salaün pour le service français)