L’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants suit avec une attention particulière l’affaire dite des engrais frelatés, introduits au Mali par un réseau d’operateurs économiques puissants, avec la complicité de quelques hauts responsables politiques véreux.
Ces actes qualifiés de crimes au regard de la loi malienne, lesquels ont valu l’interpellation du gouvernement par l’Assemblée Nationale, constituent des menaces réelles et sérieuses pour la sécurité alimentaire et la santé des populations.
En effet, il a été établi que d’importantes quantités desdits produits malsains aux conséquences néfastes sur l’environnement, ont été utilisées par un grand nombre d’usagers, notamment des exploitants agricoles.
L’AMPP dans la poursuite de ses objectifs dont la promotion de lutte contre la corruption dans l’administration publique et dans le secteur privé :
Relève que ces crimes hautement répréhensifs n’ont aucune connotation politique et que l’action publique peut être opportunément mise en mouvement sur la base des renseignements recueillis ;
Affirme sur la base des expériences, que les enquêtes parlementaires, ont plutôt servi de moyen politique visant à faire échapper des personnalités de haut rang à la justice.
Par conséquent :
–Exige des poursuites judicaires diligentes contre les auteurs ou toutes personnes susceptibles de l’être, afin de mieux élucider les circonstances de cette ténébreuse affaire.
-Engage le gouvernement, outre les mesures d’urgences indiquées pour la sécurisation des personnes et la sauvegarde de l’environnement, à mettre à la disposition de la justice, tous les moyens nécessaires au succès des investigations.
-Dénonce toute démarche allant dans le sens de l’ouverture d’une enquête parlementaire, comme étant une atteinte grave à la séparation des pouvoirs, surtout à un stade où l’intervention de la justice s’impose.
-Invite les acteurs de la justice, de la presse, des organisations ou associations de la société civile, à plus de vigilance et à une plus forte implication dans le combat contre l’impunité, facteur essentiel de développement et de consolidation de la démocratie.
Bamako le 22 juin 2015
Le président de l’Association
Cheik Mohamed Chérif Koné
Magistrat