Regards croisés sur les contraintes politiques, institutionnelles et constitutionnelles de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali’’, tel est le thème d’un atelier organisé, hier par la Fondation Balanzan, dans le cadre de son programme Espace Balanzan, avec l’appui de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Étaient conviés à la journée de réflexion, les partis politiques de la majorité présidentielle et de l’Opposition démocratique ; les mouvements signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger ; les principales composantes des organisations de la société civile ; les représentants de la Cour constitutionnelle, du Haut conseil des collectivités ; les représentants des ministères de la Décentralisation et de la réforme de l’État, de la Solidarité et de reconstruction des régions du Nord, de l’Administration territoriale, de la Réconciliation nationale ; un panel de personnes ressources et d’experts indépendants ainsi que des membres du Comité d’experts, dédié à la réforme constitutionnelle.
Les membres de l’équipe de médiation présents à Bamako, les des Ambassades, la MINUSMA, la CEDEAO, l’Union africaine et les partenaires techniques et financiers du Mali étaient invités à participer aux travaux.
Certaines personnalités ont été retenues par l’organisation pour donner leur point de vue sur les contraintes politiques, institutionnelles et constitutionnelles, liées à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation à travers des communications. Il s’agit de Nancoma KEITA, secrétaire politique du RPM ; Tiébilé DRAME, président du PARENA ; Pr Ali Nouhoum DIALLO, président de la Coordination des mouvements démocratiques ; Me Harouna TOUREH, porte-parole de la Plateforme ; Mohamed Mahmoud, représentant de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
L’objectif
En choisissant le thème de la journée de réflexion, la Fondation Balanzan compte s’approprier l’article 51 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger qui stipule :’’les Parties demandent à la classe politique ainsi qu’à la société civile, notamment les organisations de femmes et de jeunes, les médias, les communicateurs traditionnels et les autorités religieuses et traditionnelles, d’apporter les pleins concours à la réalisation des objectifs de l’accord’’.
Deux interventions ont émaillé la cérémonie d’ouverture de l’atelier.
Le ton a été donné par le président de la Fondation Balanzan, Moussa Makan CAMARA. Il a expliqué qu’il s’agit pour sa Fondation, à travers cet atelier, d’apporter sa contribution à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ; créer un cadre fécond de dialogue. Pour ce faire, a-t-il poursuivi, il s’agissait pour les personnalités invitées de croiser leurs regards sur les contraintes politiques, institutionnelles et constitutionnelles liées à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ; recueillir les contributions des représentants des partis politiques, des organisations de la société civile et des experts indépendants visant à enrichir le débat ainsi que les témoignages inspirés de bonnes pratiques des membres de la Médiation internationale et des Partenaires techniques et financiers.
Portée de l’Accord
L’occasion était bonne pour M. CAMARA de souligner ce que représente l’Accord ‘’de Bamako’’ aux yeux de la Fondation Balanzan. Il a, à cet effet, rappelé que ce n’est rien d’autre ‘’qu’une entente politique entre des parties en conflit, négocié dans un contexte donné, donc un compromis politique. Par conséquent, il importe d’en faire une gestion politique’’. Le président de la Fondation Balanzan a souligné que comme tel, une construction continue d’un consensus et l’élargissement progressif de la base de ce consensus sont des préalables. Ce d’autant plus, a-t-il expliqué, l’Accord dépasse le cadre d’un programme de gouvernement et constitue un instrument politique qui engage l’avenir du pays.
Pour la Fondation Balanzan, l’Accord est également un outil de résolution des problèmes, signé entre le Gouvernement de la République du Mali et les Mouvements signataires. Ce pour quoi, a insisté son président, les parties doivent chercher l’adhésion des populations, des acteurs politiques, des leaders d’opinion, pour élargir la base de cet instrument politique.
Le dernier point évoqué par M. CAMARA a porté sur la Conférence d’entente nationale prévue par l’Accord devant permettre un débat approfondi entre les différentes composantes de la nation sur les causes profondes du conflit afin de dégager les éléments d’une solution. Ce sera aussi l’occasion d’élaborer une Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale sur une base consensuelle. De l’avis de l’intervenant, un tel dispositif permettrait de résoudre rapidement la soif d’inclusivité.
Le soutien de la Francophonie
À la suite du président CAMARA, le représentant de l’OIF, Boubacar Issa Abdourahamane, a fait savoir que son organisation accorde une grande importance à la paix, à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel et particulièrement au Mali, à travers la mise en œuvre de l’Accord.
‘’La Francophonie se réjouit du fait que malgré des contraintes, il y a des avancées significatives’’ dans le processus de paix, a-t-il ajouté. Il en veut pour preuve, l’adoption, par les Parties, de l’« Entente sur les modalités pratiques de mise en place des autorités intérimaires, des chefs de circonscriptions administratives, le redéploiement des services déconcentrés de l’État et sur le mécanisme opérationnel de coordination.
La nomination de l’ambassadeur Mahamadou DIAGOURAGA en qualité de Haut représentant du chef de l’État pour la mise en œuvre de l’Accord a aussi été saluée par Boubacar Issa qui a assuré de la disponibilité de la Francophonie à accompagner notre pays sur le chemin de la paix.
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin