En approuvant le principe d’une taxe de 0,2% sur les importations des Etats membres, les dirigeants africains espèrent mobiliser 500 milliards de Fcfa. De quoi donner à l’organisation panafricaine les moyens de sa politique
Les travaux de la 27ème session de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA à Kigali ont pris fin lundi. L’élection d’un nouveau président de la commission de l’UA qui, à la dernière minute, avait occulté les autres questions à l’ordre du jour de la rencontre, a été reportée à janvier 2017.
La quarantaine de chefs d’État du continent dont le président, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui ont fait le déplacement dans la capitale rwandaise, ont échangé sur le thème du sommet : « 2016 : l’année africaine des Droits de l’Homme avec une attention particulière pour les Droits des femmes ». Les chefs d’Etat ont également discuté des questions de sécurité, et du financement de leur organisation commune.
Afin de rendre l’UA financièrement indépendante, il a été proposé la création d’une taxe pour financer l’organisation.
Les chefs d’Etat ont approuvé le principe d’une taxe sur les importations pour financer l’organisation panafricaine et réduire sa dépendance vis-à-vis des pays donateurs. Cette nouvelle taxe de 0,2% doit s’appliquer à toutes les importations des 54 Etats membres de l’UA, à l’exclusion de certains biens de première nécessité qui restent à déterminer. Cette formule devrait générer environ 1,2 milliards de dollars soit 500 milliards de Fcfa. La mobilisation de cet argent sera facile par les Etats et permettra à l’UA de compter sur ses propres ressources, a commenté le ministre rwandais des Finances et de la Planification économique, Claver Gatete. Notons que cette proposition de financement a été faite par un comité d’experts dirigé par l’ancien président de la BAD, Donald Kaberuka.
Concernant notre pays, les chefs d’Etat ont salué les avancées dans la mise en oeuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, ainsi que le renouvellement et l’adaptation du mandat de la MINUSMA au contexte sécuritaire. Signalons que le Mali est à jour pour ses contributions au financement de l’UA.
Préoccupés par les violences au Soudan du Sud, un plan sécuritaire de paix a été adopté. A cet effet, les pays de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) ont demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’autoriser le déploiement d’une « Force régionale de protection » au Soudan du Sud, dans le cadre de la Mission des Nations unies déjà présente dans ce pays.
L’IGAD est un groupement régional composé de huit pays d’Afrique de l’Est que sont : Djibouti, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Kenya, la Somalie, l’Ouganda et le Soudan du Sud.
La force proposée sera distincte de la mission de maintien de la paix de l’ONU et aura la particularité d’avoir un mandat plus musclé. Son objectif est de protéger les civils, de pacifier Juba, la capitale, et de séparer les parties au conflit, a détaillé le commissaire au conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine, Ismaël Chergui
Concernant la fourniture des troupes à cette force, Ismaël Chergui a expliqué avoir d’ores et déjà reçu des assurances des pays de la région, mais aussi de pays d’Afrique australe et du Rwanda. Ces pays sont prêts à offrir des bataillons si le conseil de sécurité valide le déploiement de cette force lorsqu’il se réunira dans les prochains jours
Le commissaire de l’Union africaine a également reconnu qu’il va falloir concilier cette décision d’envoyer une force avec le refus du président sud-soudanais de recevoir plus de troupes étrangères. Il faudra donc, dans les prochains jours, que la communauté internationale parvienne à convaincre Salva Kiir.
Concernant l’élection d’un successeur à Mme NKosazana Dlamini Zuma, les observateurs ont expliqué que les candidatures de Agapito Mba Mokuy de la Guinée équatoriale, Pelonomi Venson-Moitoi de Botswana et Speciosa Wandira-Kazibwe de l’Ouganda ont donné lieu à une trentaine d’abstentions, soit beaucoup plus que la moitié des Etats membres présents. Les abstentions envers ces candidats concernent particulièrement les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest à travers la CEDEAO. Les pays ouest-africains avaient, dès le début des travaux, estimé que les trois candidats n’étaient pas leur choix car ils manquent d’envergure.
Le report de l’élection du successeur Mme NKosazana Dlamini Zuma permettra à d’autres candidats de briguer le poste. Les noms de l’ancien président Jakaya Kikwete et de l’ancien ministre sénégalais Abdoulaye Bathily, circulent déjà.
Envoyés spéciaux
B. COULIBALY
N. SAMAKE