PARIS (Reuters) – François Hollande se rend fin décembre en Arabie saoudite, point d’orgue d’une année d’offensive diplomatique marquée par la volonté de la France d’élargir sa zone d’influence et de se positionner comme un acteur essentiel dans le dénouement des crises, notamment au Proche-Orient et en Afrique.
Taxé de mollesse par ses détracteurs sur le plan intérieur, le chef de l’Etat aura en 2013 adopté à l’international une ligne dure dans des dossiers brûlants -Iran, Syrie, Centrafrique et Mali au risque de faire souvent cavalier seul.
“Je ne suis pas venu aux responsabilités du pays pour faire la guerre, ce sont les circonstances”, a-t-il dit à la mi-décembre, démentant tout calcul politique à l’heure où sa cote de popularité reste faible malgré une légère embellie.
Bien qu’il s’en défende, l’opération Serval lancée début janvier au Mali contre des groupes islamistes armés aura permis au chef de l’Etat, alors fragilisé par une série de couacs gouvernementaux, de profiter d’un fugace bol d’oxygène en endossant son costume de chef de guerre.
Accueilli par une foule en liesse à Bamako le 2 février, François Hollande confiait ainsi vivre “la journée la plus importante de (sa) vie politique”.
Quatre mois plus tard, en juin, il se voyait décerner par l’Unesco le prix pour la paix en présence des dirigeants de l’Afrique du l’Ouest venus à Paris le remercier pour l’action militaire française menée au Mali.
PUGNACITÉ
Un temps réticent à ouvrir un nouveau front en Afrique au moment même où il prônait la fin de la “Françafrique”, il a finalement donné son feu vert début décembre à une nouvelle intervention des forces françaises sur le continent africain, cette fois-ci en Centrafrique, un pays en proie aux violences depuis un coup d’Etat en mars.
“La France prend toujours et sur tous les sujets ses responsabilités”, avait dit en septembre le chef de l’Etat à la tribune de l’Onu, appelant la communauté internationale à agir pour mettre fin aux exactions commises par les rebelles de la Séléka parvenus au pouvoir au printemps à Bangui.
En première ligne en Afrique, la France peine en effet à convaincre ses partenaires européens et alliés traditionnels de lui emboîter le pas, même si elle a obtenu le 20 décembre une “européanisation” de l’opération Sangaris en Centrafrique.
François Hollande milite notamment pour la création d’un “fonds européen permanent” destiné à financer des interventions en urgence communes dans des pays en crise.
La France s’est aussi distinguée en 2013 en faisant preuve de pugnacité dans les dossiers syrien et iranien, deux sujets qui devraient être évoqués à Ryad, les 29 et 30 décembre, lors de la rencontre entre François Hollande et le roi Abdallah.
En adoptant une ligne dure dans les négociations entre le groupe P5+1 et Téhéran, Paris a en effet marqué des points auprès de Ryad mais également d’Israël, qui observent avec préoccupation l’évolution du rôle de leurs alliés traditionnels, les Etats-Unis, dans la région.
“Dans le dossier iranien, la France a eu un certain succès en négociant durement, les Français se sont fait respecter, ça les rend intéressants comme partenaires de discussions pour l’Arabie saoudite”, une monarchie sunnite en rivalité avec l’Iran chiite, souligne François Heisbourg, président de l’Institut international des études stratégiques.
LES LIMITES DE LA “LIGNE DURE”
La stratégie de la ligne dure a toutefois montré ses limites dans le dossier syrien. Prêt à intervenir militairement contre le régime de Bachar al Assad accusé d’utiliser des armes chimiques, François Hollande a été désavoué par Barack Obama, qui a renoncé à la dernière minute à l’option militaire.
Washington redoutait de voir une intervention militaire compromettre ses négociations secrètes avec l’Iran, soutien du régime syrien.
Pour les analystes, si la France reste tributaire des Etats-Unis au Proche-Orient, elle peut toutefois jouer un rôle important en nouant des relations au coup par coup avec certains pays régionaux. Elle peut également marquer des points dans le cadre de la diplomatie économique prônée le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
“Le contexte international, et surtout la ligne permanente, fidèle et claire de la France concernant la Syrie et sa relation avec l’Arabie Saoudite, ont contribué au fait que nous ne soyons plus dans une relation atone en matière militaire” avec Ryad, soulignait en octobre le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian après la signature d’un contrat de rénovation de frégates saoudiennes.
Edité par Yves Clarisse