Ce premier jour des 72H de grève des syndicalistes de transport routier appuyés par ceux des consommateurs ; les syndicats des bouchers et une partie du syndicat des commerçants a été une réussite. Le mot d’ordre de grève a été suivi à la lettre, parce qu’il suffisait de faire un tour en ville pour se rendre compte de l’effectivité. À Tièbani comme dans plusieurs quartiers de Bamako : Kalaban-Coura ; Kalaban-Coro ; Daoudabougou ; Bacodjicoroni-Golf ; Torokoro ; Banconi, Sirakoro…, la sotrama considérée comme le véhicule de transport en commun le plus utilisé dans la capitale malienne ne circulait pas. À cet effet, les conducteurs de taxi qui circulaient en violation du mot d’ordre de cette grève se faisaient arrêter par les apprentis chauffeurs. Depuis le matin, on constatait la présence massive de ces apprentis chauffeurs qui s’étaient positionnés au niveau des intersections, voire presque partout au bord des goudrons. En plus, les apprentis de ces conducteurs de sotrama procédaient à l’arrestation de tous les conducteurs de ‘’mototaxis’’, moyen de locomotion qui est actuellement en vogue à Bamako. Par crainte d’eux, certains conducteurs de taxi et de mototaxi abandonnaient les goudrons pour pouvoir amener les clients qu’ils prenaient en cachette. Malgré tout, nous nous sommes rendu compte qu’ils étaient arrêtés au cours du trajet par les apprentis positionnés dans les différents endroits. « Remets-moi ta clé et fais descendre le client. On ne vous a pas dit que tous les conducteurs sont en grève ? », Disaient les apprentis aux conducteurs de taxi et de moto qu’ils arrêtaient sans l’intercession des policiers. Pourtant, certains actes se passaient sous les yeux des policiers au poste. Pour Zoumana Diabenta, un usager habitant à Sogoniko, un quartier sis en commune VI de Bamako, « les conducteurs ont bien fait d’aller en grève, parce que les autorités qui sont là ne se soucient pas du problème des Maliens ». D’après lui, c’est le défunt président Amadou Toumani Touré (ATT) qui a amené ce système de péage sans aucune exagération dans son application. L’ex-président IBK a fait ses sept ans sans exagération. « Mais c’est ce gouvernement de transition qui veut exagérer les choses pour les chauffeurs. Nous allons même demander de réduire le nombre de péages, il y en a trop. La distance entre certains ne vaut même pas cent mètres. Cela n’est pas normal, s’il faut payer de l’argent pour chaque passage au niveau de chacun de ces péages », a-t-il dit, énonçant : « Ce gouvernement de transition doit mettre de l’eau dans sa boisson, elle ne s’intéresse pas aux priorités du moment. Même si les conducteurs font 100 ans en grève ils auront raison ».En l’occurrence, même si certains syndicalistes confirment que le préavis de cette grève a été signé par certains syndicats des commerçants, les syndicalistes des commerçants détaillants se sont quand même désolidarisés de la grève. Selon Alou Keita, vice-président de l’association des commerçants voyageurs du Mali et de la diaspora (ACOVMADIA), c’est le syndicat national des commerçants détaillants qui doit parler au nom des commerçants, et non une autre corporation. D’après lui, les syndicalistes n‘ont pas été concertés par les syndicalistes en grève. Pour être clair, il déplore qu’aucun syndicat apte à s’exprimer au nom des commerçants du Mali n’ait été associé à cette grève. Les mêmes propos ont été repris par Moussa Sacko, secrétaire général de l’Acovmadia. Notons que les syndicalistes des transporteurs routiers se plaignent du paiement de la redevance de péage par passage ; des problèmes relatifs à l’obtention des permis de conduire. Quant à la corporation syndicale des commerçants qui a signé le préavis de grève de ces transporteurs, celui-ci se plaint de la vente des marchés publics par des maires au détriment de l’intérêt collectif.
Mamadou Diarra
Source: Journal le Pays- Mali