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ZLECAF: une opportunité unique

L’Agenda 2063, qui constitue le Cadre stratégique de l’Union Africaine pour la transformation socio-économique de l’Afrique, appelle à promouvoir des plans sectoriels et de productivité, ainsi qu’à développer des chaînes de valeur régionales et de produits de base pour appuyer la mise en œuvre de politiques industrielles à tous les niveaux. Il s’agit essentiellement de promouvoir l’industrialisation, la production et l’exportation des produits à valeur ajoutée et la création d’emplois durables. Le premier Plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063 a été approuvé en juin 2015 par les pays membres de l’Union Africaine.

 

C’est le 21 mars 2018 que 44 États membres de l’Union Africaine ont signé à Kigali (Rwanda) l’Accord de la Zone de Libre Échange Continentale (ZLECAF). L’entrée en vigueur de la ZLECAF était initialement prévue pour le 30 mai 2019, après sa ratification par 22 États membres, mais elle fut repoussée au 1er janvier 2021, à cause de la gravité de la crise sanitaire de la Covid-19. Actuellement, 54 pays africains ont signé l’Accord portant création de la ZLECAF et 41 pays l’ont ratifié officiellement. Le premier objectif de la ZLECAF est de créer un marché unique continental pour les biens et services, avec la libre circulation des personnes et des investissements, et d’ouvrir ainsi la voie à l’accélération de l’établissement de l’Union douanière continentale. Une solution pour relancer les économies africaines suite aux crises provoquées par la crise sanitaire de la Covid-19 et la guerre en Ukraine réside dans la mise en œuvre de la ZLECAF.

L’accord commercial vise à stimuler le commerce intra-africain des marchandises par l’élimination progressive des tarifs douaniers et des barrières non-tarifaires et le développement et la promotion des chaînes de valeurs aux niveaux régional et continental. Dans les cinq ans suivant sa mise en œuvre, il vise à supprimer plus de 90% des droits de douane sur les biens échangés entre les États membres et, dans les dix ans, au moins 97% des droits de douane doivent être supprimés.

Le premier objectif de la ZLECAF est de créer un marché unique continental pour les biens et services, avec la libre circulation des personnes et des investissements, et d’ouvrir ainsi la voie à l’accélération de l’établissement de l’Union douanière continentale africaine ». Plusieurs études ont montré que celle-ci pourrait accroître le revenu régional de 7%, soit 450 milliards de dollars de plus, et sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté d’ici 2035. En 2019, 14,4% des exportations africaines officielles sont allées vers d’autres pays africains, une faible proportion comparée aux 52% du commerce intra-asiatique et aux 73% entre les nations européennes la même année, selon Afreximbank, une institution multilatérale de financement du commerce basée au Caire, en Égypte.

Le commerce entre l’Afrique et le reste du monde est en train d’évoluer rapidement. D’après une note de recherche publiée le 18 mai 2022 par le think tank américain Carnegie Endowment for International Peace, les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique ont diminué à partir de 2009, passant d’un pic de 142 milliards de dollars en 2008 à seulement 64 milliards de dollars en 2021. Cependant, la Conférence des Nations-Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) estime les échanges commerciaux entre le continent africain et la Chine à un niveau record de 254,3 milliards de dollars en 2021. Pour 2022, ces échanges commerciaux ont atteint 64,8 milliards de dollars au premier trimestre, en hausse de 23% par rapport à la même période de 2021, selon les données de l’administration générale des douanes chinoises. Par ailleurs, les échanges commerciaux entre l’Afrique et la Russie ont augmenté de 34% au cours des premiers mois de l’année 2022, selon le Chef d’État russe, Vladimir Poutine, lors de la rencontre le vendredi 3 juin 2022 avec son homologue sénégalais Macky Sall, Président de l’Union africaine.

Selon la Banque mondiale, au niveau de la politique fiscale, la réalisation du marché commun africain, qui verrait les 54 États membres se consentir mutuellement une exemption de taxes douanières sur leurs produits, priverait 49 pays sur 54 de moins de 1,5% de recettes. Quant aux avantages au niveau de la politique sociale, ils seront considérables. La libre circulation des marchandises et des capitaux, ainsi que les créations d’emplois, qu’elle multipliera, permettront une augmentation des salaires des femmes (+10,5%) et des hommes (+9,9%) et des travailleurs non-qualifiés (+10,3%) et qualifiés (+9,8%).

Ainsi, la pauvreté pourrait reculer significativement et sortir 30 millions de personnes de la très grande pauvreté (1,9 dollar par jour et par personne en parité de pouvoir d’achat) et 68 millions de la pauvreté relative (3,20 dollars par jour), soit 98 millions d’Africains qui verront leur sort amélioré. Le taux moyen de pauvreté du continent tombera de 34,7% en 2015 à 10,9% en 2035, selon la Banque Mondiale.

La mise en œuvre effective de la ZLECAF émanera d’une volonté politique forte des gouvernements africains, afin de réduire les obstacles et les entraves au commerce et aux investissements, en adoptant des législations permettant aux marchandises, aux personnes et aux capitaux de circuler librement et facilement à travers les frontières. Il s’agira essentiellement pour les gouvernements de transformer et de sacrifier une partie des recettes douanières, qui constituent une importante source de recettes budgétaires, en un important outil de développement industriel, malgré une conjoncture économique très défavorable ces dernières années pour le continent africain.

Bamako, le 7 juin 2022

Modibo Mao Makalou

Source : Journal du Mali

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