Le nouveau président Emmerson Mnangagwa a été investi vendredi 24 novembre après 37 ans de règne de Robert Mugabe au Zimbabwe. Le nouveau chef de l’Etat a prêté serment dans le stade national d’Harare devant plus de 60 000 personnes. Dans un pays qui sort ruiné de l’ère Mugabe, les attentes des 16 millions de Zimbabwéens sont immenses. Il a promis des réformes.
C’est un discours rassurant et consensuel qu’a prononcé le nouveau président zimbabwéen, vendredi, devant plus de 60 000 personnes euphoriques réunies dans le stade d’Harare.
►Relancer l’économie, la priorité
A la majorité de la population pauvre et sans emploi, Emmerson Mnangagwa a promis de prendre à bras le corps leur préoccupation numéro un. Il a promis de relancer l’économie en s’attaquant à la corruption, en faisant revenir les investisseurs et en créant des emplois. « Nous attendons de lui qu’il crée de l’emploi, c’est une priorité, il n’y a pas de travail ici. Moi j’ai fini mes études il y a quatre ans, mais je ne trouve pas de travail », témoigne cette jeune Zimbabwéenne.
Aux investisseurs étrangers, il s’est engagé à protéger leurs capitaux. Un signe qu’il pourrait revoir ou assouplir la loi sur l’indigénisation.
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A l’endroit de l’opposition et de la société civile, il s’est engagé à être le président de tous les Zimbabwéens et à garantir le respect des droits de l’homme.
► Des indemnisations pour les fermiers blancs
Même les fermiers blancs, expulsés de leurs propriétés au début des années 2000, ont eu droit à leur lot de promesses. Sans revenir sur cette réforme, il a parlé de compensations financières. Une promesse en totale rupture avec la politique de l’ère Mugabe.
« Je pense que le nouveau président, le président Mnangagwa, sait bien que le pays a besoin de passer à autre chose et que les fermiers blancs ont besoin d’être dédommagés, a commenté Peter Steyl, président de l’Union commerciale des fermiers du Zimbabwe. Nous avons besoin d’un droit de propriété. Nous avons besoin d’un état de droit. Et ça, il le sait bien ! La question est : comment allons-nous être indemnisés. Comment cette indemnisation va-t-elle être élaborée ? C’est ce qui me préoccupe. Mais je crois que c’est un homme sincère. Je pense qu’il a compris qu’il fallait régler ce problème et tourner la page. Ma seule préoccupation est de savoir de quel ordre sera la compensation. Je pense que nous devrions discuter avec le gouvernement pour nous assurer de trouver une entente satisfaisante. »
►Des promesses tenables ?
Beaucoup de promesses, donc, mais pas encore de solutions. Avec une économie ruinée, où le gouvernement va-t-il trouver l’argent pour ses différents chantiers ? Et surtout les réformes qu’il projette de mettre en place vont-elles être suffisantes pour rassurer les investisseurs ?
Un discours jugé en tout cas prometteur par cette jeune femme. « Je pense qu’il représente le changement car il est prêt à travailler avec l’opposition, à écouter les gens. Il a de nouvelles idées, peut-être qu’il n’était pas en mesure de les mettre en place avant, mais son discours montre qu’il peut y avoir un futur radieux pour le Zimbabwe », estime-t-elle.
►Des élections en 2018
Lors de son discours, Emmerson Mnangagwa a également assuré que les élections prévues en 2018 auraient bien lieu. Mais l’opposition pose d’ores et déjà ses conditions.
« Des dispositions concrètes doivent être prises pour garantir des élections libres et équitables. C’est bien de le dire, mais il faut des actions, souligne le secrétaire général du principal parti d’opposition, le MDC, Douglas Mwanzora. Nous estimons aussi que l’armée ne doit pas être impliquée dans le processus électoral. Nous voulons que le gouvernement, que le président lui-même le dise parce que les militaires ont l’habitude d’intervenir dans la vie politique zimbabwéenne. Il y a eu des violences par le passé. Nous avons besoin que les militaires et les services de sécurité se mettent d’accord sur un plan concret pour mettre fin à la violence et à l’intimidation. Mais le plus important, c’est que nous souhaitons que ces élections soient organisées sous la houlette des Nations unies. La SADC doit être impliquée. L’Union africaine aussi ainsi que les autres organisations internationales. A ce moment-là, nous pourrons avoir des élections libres et justes et nous pourrons à nouveau avoir un pouvoir légitime. »
RFI