“Le commandant Mugabe était une icône de la libération, un panafricain qui a dédié sa vie à l’émancipation (…) de son peuple. Sa contribution à l’histoire de notre nation et de notre continent ne sera jamais oublié. Que son âme repose en paix”, a-t-il ajouté.
Robert Mugabe avait pris les rênes de l’ex-Rhodésie, devenue indépendante, en 1980. Lâché par l’armée et son parti, il a été contraint à la démission en 2017. Il a laissé un pays englué dans une profonde crise économique qui ne cesse d’empirer.
Président à plusieurs visages
Dès son arrivée au pouvoir, sa politique de réconciliation, au nom de l’unité du pays, lui vaut des louanges générales, particulièrement dans les capitales étrangères. “Vous étiez mes ennemis hier, vous êtes maintenant mes amis”, lance l’ex-chef de la guérilla.
Il offre des postes ministériels clés à des Blancs et autorise même l’ancien Premier ministre, Ian Smith, à rester au pays.
Bardé de diplômes, le révolutionnaire Mugabe apparaît comme un dirigeant modèle. En dix ans, le pays progresse à pas de géant: construction d’écoles, de centres de santé et de nouveaux logements pour la majorité noire.
Très tôt pourtant, le héros a la main lourde contre ses opposants.
Paria
Dès 1982, il envoie l’armée dans la province “dissidente” du Matabeleland dans le sud-ouest, terre des Ndebele et de son ancien allié pendant la guerre, Joshua Nkomo. La répression, brutale, fait environ 20.000 morts.
Mais le monde ferme les yeux. Il faudra attendre les années 2000, ses abus contre l’opposition, des fraudes électorales et surtout sa violente réforme agraire pour que l’idylle s’achève.
Affaibli politiquement, déstabilisé par ses compagnons d’armes de la guerre d’indépendance, Robert Mugabe décide de leur donner du grain à moudre en les lâchant contre les fermiers blancs, qui détiennent toujours l’essentiel des terres du pays.
Caricature
Dans les dernières années de sa vie, il balaie de la même façon les spéculations sur son état de santé. La rumeur le dit atteint d’un cancer, son entourage explique ses fréquents séjours à Singapour par le traitement d’une cataracte.
“Mes 89 ans ne signifient rien”, plastronne-t-il en 2013 juste avant son énième réélection. “Est-ce qu’ils m’ont changé ? Ils ne m’ont pas flétri, ni rendu sénile, non. J’ai encore des idées, des idées qui doivent être acceptées par mon peuple”.
Malgré ces assurances, sa santé décline. En 2015, il est surpris à prononcer le même discours à un mois d’intervalle. Les photos de ses siestes pendant les réunions internationales n’en finissent plus de faire rire la planète.
Incarnation jusqu’à la caricature du despote africain prêt à tout pour prolonger son règne, il promet pourtant de fêter ses 100 ans au pouvoir. Il ne tiendra pas parole.
Source: bfmtv.com