L’auteur de l’agression contre le Président de la transition Assimi Goïta est décédé, a annoncé le gouvernement dans un communiqué le 25 juillet 2021. Cela n’éteint pas l’action judicaire en cours, selon le même document. Youssouf Z. Coulibaly, ancien Conseiller juridique du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) et membre du Conseil national de transition, nous éclaire.
Quelle suite va prendre l’affaire après le décès du présumé agresseur dans des conditions encore peu claires ?
Après ce décès, le juge va poursuivre ses enquêtes pour statuer : a-t-il agi en complicité avec d’autres ou quelqu’un lui a-t-il demandé de le faire ? Si cela s’avère être un acte isolé, alors, avec sa mort, on suppose que c’est fini. Malgré tout cela le juge doit donner une conclusion aux enquêtes. Le présumé coupable est décédé et une autopsie est en cours pour déterminer les causes du décès. Juridiquement, ses droits ont été respectés puisqu’il a été mis à la disposition des enquêteurs, conformément au Code pénal. Ensuite, lorsqu’il a été constaté qu’il était malade, il a été mis à la disposition des médecins. C’est d’ailleurs là qu’il est décédé. Maintenant, les causes de la mort vont être déterminées par l’autopsie.
Le communiqué informant du décès provenait du gouvernement et non du juge en charge du dossier. L’Exécutif a-t-il supplanté le Judiciaire ?
Seul le juge sait où en est l’enquête. Même Assimi Goïta ne le sait pas. Dès que les faits sont là, un juge est chargé du dossier. L’État lui donne les moyens, la police et la gendarmerie pour faire correctement son travail. L’investigation, c’est le juge, le Président, même victime, ne fait pas d’investigations.
Le fait que le Président ait été atteint ne prouve-t-il pas une défaillance de sa sécurité rapprochée ?
Il est difficile de protéger quelqu’un. Je connais ces jeunes de la Force spéciale, ils font très bien leur travail. Bien disciplinés, ils ne fument pas et ne boivent pas. Ils sont très sereins. Des cas comme ça, cela peut arriver partout dans le monde. Il ne faut pas leur en vouloir. Quelqu’un qui veut porter atteinte à une personne trouvera toujours un moyen.
Et pourtant c’est arrivé…
Dans les lieux de culte ce que j’ai vu dans les pays arabes, les gardes rapprochés ne prient pas. Ils se tiennent debout. Il faudrait appliquer cela au Mali. C’est dans ce sens que je peux donner un conseil au Président, en tant que son ancien conseiller et ami. Même dans l’Islam au temps du Prophète, lors des conquêtes, certains priaient pendant que d’autres assuraient la garde.
Propos recueillis par Aly Asmane Ascofaré
Source : Journal du Mali