C’est dans son Quartier général de la Bourse du Travail, sans trompête, ni tambour, et loin des défilés parades, que l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) a sobrement célébré la commémoration de la fête des travailleurs ce 1er mai 2021. Ainsi, le secrétaire général de la centrale, Yacouba Katilé, a adressé un message à ses camarades travailleurs de la nation, puis animé une conférence de presse, essentiellement consacrée au préavis de grève déjà déposé sur la table du gouvernement de transition.
A cette occasion, privilégeant l’insécurité qu’à la pandémie du coronavirus, la plus grande et puissante centrale syndicale du Mali a placé la présente édition sous le signe de la « protection de la sécurisation des travailleuses et travailleurs, et singulièrement des FAMA ».
Cette cérémonie a enregistré la présence de Mr Olivier Traoré, secrétaire général de la plateforme d’Action commune composée de : « Le syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale ; le syndicat autonome des administrateurs civils ; le syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales ; le comité syndical des agences de développement régional ». On notait également la présence du secrétaire général du syndicat autonome des greffiers, secrétaires de greffes et parquets (Synag), Alfousseini Doucouré.
L’insécurité au cœur des préoccupations
De prime à bord, le secrétaire général de l’Untm a peint le décor de la cérémonie en rendant d’abord un vibrant hommage aux leaders syndicaux décédés au cours de l’année 2020. Dans son message, Yacouba Katilé a invité les travailleurs à plus de persévérance et de discipline dans l’observation stricte des mesures dites barrières, même si celles-ci demeurent si fragmentairement respectées. Cependant, il a indiqué qu’on peut se demander quelle destination a été faite des milliards de Franc CFA généreusement affectés par le Président renversé pour contenir la pandémie du coronavirus. De toute évidence, il a dénoncé les licenciements abusifs, car non économiques ont été faits contre les travailleurs dans nombre d’entreprises. Déplorant le mépris des gouvernants, Katilé a lancé entendre : « Quand les plus hautes autorités de l’Etat, se tapent la poitrine d’avoir su abuser de notre Centrale, et qu’elles n’appliqueront aucun des accords signés par le gouvernement, nous nous trouvons dans un contexte d’animosité syndicale, d’utilisation obscurantiste de la politique contre les citoyens par l’Etat et quelques-uns de ces plus hauts responsables ». Selon lui, aux salaires pluri-millionnaires que s’octroient des responsables, l’Untm oppose la modicité des traitements appliqués à ceux qui pendant 30à 40 ans de service n’ont pas encore 500 000 Francs CFA de salaires. « En quoi servir dans la fonction publique est une dignité » s’est interrogé Yacouba Katilé. A en croire le secrétaire général de l’Untm, pour le calme dans notre pays, nombre de salaires des autorités de la transition devraient être divisés par 100. A cet égard, il a martelé ceci : « sans cela, que nul ne compte sur l’Untm pour ne pas mettre de l’incandescence dans ses actions de défense des intérêts des travailleurs ». Justifiant le thème de cette année 2021, Katilé a indiqué qu’il n’y a aucun doute que l’Untm prône d’abord la sécurité au nord, au centre, au sud et à l’ouest, sinon elle n’accepter pas que des jeunes travailleuses et travailleurs soient des chaires à canon. Il a réitéré l’engagement et la détermination du bureau exécutif national de la centrale à œuvrer pour défendre les revendications de tous les travailleurs dans le respect strict des lois de la République.
L’Untm sur pied de guerre : les raisons
Le second temps fort de cette commémoration du 1er mai aura été la conférence de presse. Face aux journalistes, Yacouba Katilé a soutenu que ce n’est pas un 1er Mai d’espoir pour le Mali, eu égard aux soubresauts d’une transition qui ne semble plus aller vers les aspirations affichées des Maliennes et Maliens. En cela, il souligné que « se taire et laisser faire n’est pas seulement une complicité, mais le renoncement aux devoirs sacro-saints du patriotisme, à défaut du nationalisme ». Selon lui, ce 1er arrive à un moment où les travailleurs sont perplexes devant l’inexistence des politiques gouvernementales, dans le respect des principes de l’Etat de droit, dont les libertés syndicales, la garantie et le renforcement des acquis ne sont que des volets liés au progrès social. Fustigeant la gestion actuelle des affaires de l’Etat, le secrétaire général de l’Untm a accusé le pouvoir militaro-technocratique de la transition d’œuvrer à rejeter aux calendes grecques, tous les accords signés avec les syndicats, exceptés ceux qui leur conviennent. En ce qui concerne les accords signés avec l’Untm, ses alliés que sont la Plateforme Commune, et le Synag, Katilé a exigé l’application des PV de conciliation, la prise et la signature des décrets prévus pour que les grèves, bataille économique par excellence pour les travailleuses et travailleurs s’estompent. Il a indiqué que les 7 points de revendication concernent entre autres sur : « l’application immédiate des accords dont les délais sont à termes échus ou dépassés par rapport aux délais du Procès-verbal de Conciliation signé le 05 février 2021 ; le traitement diligent des accords dont les délais ne sont pas arrivés à terme, en vue de l’extinction du Procès-Verbal de Conciliation signé le 5 février 2021 ; la prise en main par le Gouvernement de Transition des salaires des travailleurs de la Comatex-sa ainsi que le redémarrage de la production dans l’immédiat ; l’élargissement de la prime de judicature aux greffiers et secrétaires des greffes et parquets conformément à l’harmonisation du point 1.1 du Procès-verbal de Conciliation signé le 5 février 2021 ; le retour à leurs postes respectifs des 22 travailleurs du ministère de l’Administration territoriale relevés suite à la grève du 9 novembre au 22 décembre 2020, sous l’effet du décret pris en Conseil des ministres du 18 décembre 2020 ; l’application immédiate du point d’accord relatif au paiement des salaires et accessoires de salaires des fonctionnaires des collectivités territoriales du cadre de l’Administration générale conformément aux Procès-verbaux de Conciliation des 23 mai 2017, 24 mai 2018 et 26 juin 2019 ; l’application immédiate des Accords d’Etablissement des Agences de Développement Régional (ADR) du Mali ». A l’entendre, toutes ces revendications ont comme support des accords dûment conclus et signés, excepté le point 5 (le retour à leurs postes respectifs des 22 travailleurs du ministère de l’Administration territoriale). Il a maintenu que si les exigences formulées ne sont pas satisfaites, le Bureau exécutif engage tous ses démembrements sur toute l’étendue du territoire à observer une grève de 96 heures allant du lundi 17 mai 2021 à 00 heure au vendredi 21 mai 2021 à 0 heure. En cas de désaccord, il a rappelé que la grève du lundi 24 mai 2021 à 00 heure au vendredi 28 mai 2021 à 00 heure et se réserve le droit d’une continuation de la grève à partir du lundi 31 mai 2021 à 00 heure, en lui donnant un caractère illimité.
A ce titre, il a fait croire que le prétexte du manque d’argent ne prend plus dès lors que des non-élus se sont octroyé des dizaines, voire des centaines de millions de salaires, alors que des milliards constituent leurs fonds souverains. Katilé a saisi l’occasion pour affirmer que c’est une erreur de croire que l’Untm est tombée dans le piège. Répondant la question relative à l’opportunité de la grève, Yacouba Katilé a noté qu’il n’y a pas d’argument de se taire et de ne pas revendiquer. « Nous allons continuer à réclamer nos droits », a-t-il signalé. Il a confessé qu’il s’agit d’une pour le peuple malien et non seulement pour les travailleurs. S’agissant des attaques dirigées contre lui et l’Untm sur les réseaux sociaux, Katilé a répondu : « chacun répondra de ses actes devant l’histoire ou dans l’au-delà ».
Source: La lettre du Peuple