A la demande du ministère de la communication, les acteurs de la presse ont répondu présent à une cérémonie du gouvernement pour appropriation et vulgarisation du projet de constitution la semaine dernière. L’objectif recherché par les organisateurs était d’amener la presse à se mobiliser pour sensibiliser et informer gratuitement pour un gouvernement qui ne lui voue que mépris.
Sous ce gouvernement, nous assistons impuissants à la faillite des entreprises de presse et à une insécurité grandissante des journalistes.
Le gouvernement, acteur majeur du “Mali Kura” devait pourtant faire de la presse son premier allié, pour la simple raison que les hommes de media ont de tout le temps œuvré pour la paix et la stabilité dans notre pays surtout dans les moments les plus difficiles de la vie de la Nation.
Hélas ! La presse toute entière est en train de mourir à petit feu sous le regard indifférent des autorités de la transition.
Pour rappel, sans obtenir aucune subvention du fonds COVID, la presse et certaines entreprises de presse ont survécu à la pandémie et jusqu’à présent, il n’y a eu aucun accompagnement du gouvernement Choguel pour la presse.
La corporation est délaissée, elle ne participe pas aux prises de décision d’intérêt national comme la planification et la mise en œuvre de la stratégie de vulgarisation du projet de constitution, elle est déloyalement concurrencée par de nouveaux acteurs qui ne contribuent en rien aux recettes fiscales.
Et au même moment, la primature, le ministère de la refondation et celui de la communication se permettent d’organiser une cérémonie d’appropriation et de vulgarisation du fameux projet sans demander au préalable l’avis des principaux acteurs (la presse) sur la stratégie et les moyens qu’il faut pour l’atteinte des objectifs fixés. C’est pourquoi nous doutons d’ailleurs de la crédibilité de cette politique.
Le ministère de la refondation dispose -t-il d’un document de stratégie en bonne et due forme ?
Y a-t-il un budget prévu pour la communication ?
En tout cas, une grande partie de la presse ignore son existence même si nous savons que des milliards ont été débloqués pour l’élaboration dudit projet et l’élection référendaire.
Que de l’amateurisme pour un projet qui suscite tant de débat !
En bon responsable, le Président de la Maison de la Presse, Elhadj Bandjougou DANTE accompagné de plusieurs Présidents des faîtières de la presse et un grand nombre de représentants des médias ont participé au lancement de cette campagne de vulgarisation du projet de nouvelle constitution, le lundi 15 mai 2023, au CICB en présence du 1er ministre, du ministre de la Communication, de celui de la Refondation, de celui de l’Administration Territoriale et de plusieurs autres membres du gouvernement.
Le Dr Choguel Kokalla Maiga, chef du gouvernement, au lieu de dire à la presse ce qu’il attend d’elle et quel moyen le gouvernement dispose pour elle pour cette prestation, a plutôt parlé du rapport des Nations Unies qui a précédé le lancement de la campagne de vulgarisation du projet de constitution.
Toutefois, il a invité les hommes de media à organiser des débats ouverts, productifs et riches sur le sujet, encourageant les contributions de chacun pour une meilleure compréhension et appropriation des principales dispositions du projet de constitution, oubliant que ce travail demande les moyens d’accompagnement.
Comment peut-on demander à une presse indéniablement frappée par la réduction de ses revenus, une presse qui a du mal à entrer en possession de son dû, de faire ce travail impressionnant, sans aucun accompagnement au moment où d’autres sont payés pour la même mission ?
Ce qui est révoltant, de 1992 à nos jours, c’est la première fois que la presse soit affaiblie à ce point et mieux encore, l’accès à l’information est devenu un véritable problème pour les vrais journalistes, ils sont menacés, violentés avec des arrestations extrajudiciaires.
On se demande finalement si c’est la presse qui a failli à sa mission ou si c’est l’Etat qui a décidé de reléguer cet instrument de la démocratie et de la bonne gouvernance au second plan.
Pour leur propre bien et pour l’intérêt de la Nation, les autorités de la transition doivent rectifier vite le tir. Car, sans l’implication réelle des vrais médias, aucune action de gouvernance ne saurait réussir.
Albadia DICKO