Des échauffourées entre Palestiniens et armée et colons israéliens secouaient samedi 1er août la Cisjordanie occupée au lendemain d’une journée meurtrière marquée par la mort de trois jeunes Palestiniens, dont un bébé brûlé vif par des extrémistes juifs.
Les funérailles d’une des trois victimes, Laith Khaldi, 16 ans, touché mortellement par une balle de l’armée israélienne, ont dégénéré samedi après-midi. Des dizaines de jeunes du camp de Jalazoun, en bordure de Ramallah, ont jeté des pierres sur des soldats qui répliquaient à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes et de tirs de balles de caoutchouc. Le calme était cependant revenu à Jérusalem, écrasée sous un soleil de plomb, après une nuit émaillée de heurts qui ont fait une dizaine de blessés palestiniens.
Ce nouveau cycle de violences a débuté vendredi à l’aube, lorsque des hommes masqués ont lancé des cocktails Molotov par la fenêtre de la maison de la famille Dawabshah, dans un village palestinien du nord de la Cisjordanie occupée. Ali, 18 mois, est mort brûlé vif. Ses deux parents, Saad et Riham, et son frère, Ahmed, quatre ans, se débattent entre la vie et la mort. Saad Dawabshah, brûlé au troisième degré sur 90 % du corps, est dans « un état critique », a indiqué l’hôpital israélien de Beer-Sheva. Son épouse et son fils sont « dans un état très grave et leurs vies sont en danger », selon l’hôpital Tel Hashomer de Tel-Aviv.
Cette attaque, menée par des « terroristes juifs », selon les mots, d’une rare dureté, des autorités israéliennes, est la dernière d’une longue liste de violences de l’extrême droite israélienne et des colons. Mercredi, Israël détruisait deux maisons en construction dans la colonie de Beit El, près de Ramallah – mais annonçait en construire « immédiatement » 300 autres. Deux jours plus tard, la maison des Dawabshah était attaquée et les assaillants recouvraient les murs d’une étoile de David et de slogans évoquant la « vengeance » et le « prix à payer », le label utilisé par ces activistes.
Rassemblement à Tel-Aviv contre l’extrême droite
Vendredi, journée traditionnelle de mobilisation, les manifestations ont rendu hommage au bébé devenu symbole de la violence des colons – responsables selon l’Autorité palestinienne de 11 000 attaques ces dix dernières années. Ces défilés ont ensuite dégénéré en affrontements avec les forces israéliennes.
La première victime a été Laith Khaldi, dont la mère, Samar Khayat, en larmes, a accusé les soldats d’avoir tué son fils, « encore un enfant », « de sang-froid ». Vendredi, un autre adolescent a été tué par l’armée israélienne, cette fois à Gaza, l’armée expliquant qu’il s’était approché trop près du mur séparant Israël de l’enclave palestinienne.
Cette journée de violences a succédé à un autre événement sanglant : jeudi soir, un orthodoxe juif a blessé à coups de couteau six personnes, dont une adolescente, lors de la Gay Pride de Jérusalem. L’homme venait de purger dix années de prison pour une attaque similaire qui avait fait trois blessés lors de la Gay Pride de 2005. Un rassemblement est prévu samedi soir à Tel-Aviv sous le mot d’ordre « Stop à la haine ». « Il faut que nous disions haut et fort que les incitations à la haine de l’extrême droite tuent », assurent les organisateurs sur leur page Facebook.
Source: Le Monde