Vraisemblablement le débat a été porté sur ce registre, autant les partisans utilisent toutes les astuces pour faire croire au succès même monté de toutes pièces, autant les détracteurs utilisent les mêmes énergies pour dénigrer et fustiger les avancées. Cependant, l’autre débat essentiel qui a longtemps occupé les Maliens semble ne plus être d’actualité à savoir : est-ce que le sortant sera candidat à sa propre succession ? Visiblement le sortant est candidat et prêt à en découdre, pour cela il a déjà donné un avant-gout de ce qui sera la campagne pour la présidentielle de 2018.Mais, alors pourquoi la visite de 72 heures à Sikasso est-elle utilisée comme jauge pour la présidentielle prochaine. Certainement que les séquelles du bras de fer du projet de révision constitutionnelle est une partie de l’explication. Mais, les raisons fondamentales étant la gouvernance de ce mandat qui a vraiment surpris nos compatriotes par l’ampleur du désastre. Mais pour autant cette visite est-elle une jauge appropriée pour la réélection, ou non du président IBK en 2018 ?
Du 21 au 23 Novembre 2017 le président IBK a effectué une visite dans la troisième région de notre pays, ce périple présidentiel a suscité de nombreux commentaires, mais les observateurs ont constaté que le débat s’est très vite mû en une sorte de baromètre pour mesurer la popularité du président de la république. Pourtant dans un contexte normal et en république, il est tout à fait indiqué que de temps en temps le président de la république effectue de tels voyages dans le pays profond pour visiter les populations. Mais, les ressentiments à l’égard du régime sont tels que l’on a l’impression que les différents acteurs perdent toute notion de logique, alors toutes les occasions sont transformées en un forum pour régler les comptes et surtout mettre en garde le régime contre toute initiative de vouloir se maintenir au pouvoir. De l’autre côté la maladresse est telle que, aucun effort n’est fait pour tenter de dissimuler les manipulations et autres montages politiques visant à tirer du profit politique dans les toutes actions entamée. L’amateurisme des autorités a atteint un niveau qui frôle le ridicule, certaines scènes n’ont rien à envié aux pratiques Nord Coréennes de populisme autoritaire, comme si nous n’apprenons rien de nos erreurs. Ce qui est ahurissant dans le leadership, c’est que l’homme qui est à la commande est un vrai mastodonte politique qui reste haut percher au sommet de son mirador. Ainsi, ce que l’on ne comprend pas du tout, c’est l’ampleur du décalage entre IBK et son peuple, qu’il a du mal à entendre et préfère se réfugier dans sa réalité à lui faite de ” tout va bien “. Ce déni général orchestré est ainsi devenu la règle de conduite du régime qui semble être dans une autre dimension de la réalité différente de celle des Maliens. Alors la frustration a atteint un niveau où l’on attend que 2018 pour en découdre, c’est de cela que le régime et ses partisans ne veulent entendre. Très vite, on résume la situation à un bras de fer entre la majorité et l’opposition politique qui est déterminée à profiter de toute l’occasion pour faire partir le régime, du moins c’est l’accusation portée par le régime. C’est pourquoi, très souvent le président de la république a été en première ligne pour fustiger, l’opposition et tous les adversaires politiques, il les a souvent qualifiés de ” Gnegoo ” (les méchants), on se souvient encore de l’expression ” petit monsieur “.
C’est sûr que toute la dérive a pour origine, les touts débuts du mandat en 2013, achat de l’avion présidentiel et son corollaire de mensonges, menaces gratuites sur la lutte contre la corruption (année 2014 décrétée année de lutte contre la corruption sans suite), impunité, omniprésence de la famille dans la gestion de l’état, l’influence sans limite du fils du président, cacophonie au sein du gouvernement, instabilité gouvernementale…
Le projet de révision constitutionnelle a fini par mettre en musique toutes ces incohérences qui ont fini par libérer la contestation, nous avons frôlé le pure, finalement la réal politique l’emporte sur l’arrogance et la manipulation. Le projet de révision constitutionnelle était l’opportunité rêvée délivrée aux populations pour montrer au régime son niveau de frustration et le degré de la contestation.
C’est dans ce contexte de contestation et de déception que vit les Maliens eux qui ont accordé en toute connaissance au président IBK un mandat plein d’espoir et de légitimité plus de 77% des suffrages au deuxième tour du scrutin présidentiel, du jamais vu dans ce pays, c’est pourquoi la frustration est à la hauteur de l’engagement des Maliens.
Evidemment que nous n’avons pas la prétention d’être exhaustif ou détenir toute la réalité, mais produire la réflexion, participer au débat pour les perspectives politiques dans notre pays. Perspectives qui se dessinent avec de nombreuses incertitudes qui ne permettent pas pour le moment d’identifier clairement les données. En tout cas, le débat sur la présidentielle n’est plus loin, il faut se préparer et affuter ses armes car, il serait illusoire pour un candidat de passer en force. A mon avis tous les acteurs sont conscients des enjeux dans ce pays en crise où tout est fragile.
On l’aura compris la surveillance est systématique entre la majorité présidentielle et l’opposition multiforme dont l’objectif premier semble être le départ du président IBK du pouvoir en 2018, c’est pourquoi toutes ses actions sont passées au crible pour continuer à y déceler d’autres failles à utiliser au moment opportun.
Ousmane COULIBALY
Zénith Balé-Mali