Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a effectué du 22 au 24 novembre 2017, une visite mémorable en 3ème région. IBK n’a pu s’empêcher de répondre, fraternellement et amicalement, au maire de Sikasso, dans la guerre à fleuret moucheté qui les oppose depuis quelques mois
Parti dans le Kenédougou pour le lancement du démarrage des travaux d’aménagement en 2×2 voies de la traversée de la ville de Sikasso, la vaccination du cheptel, l’inauguration de la nouvelle station d’adduction d’eau potable de la ville de Kénédougou, l’inauguration du pont de Kouaro-barrages, la pose de première pierre d’un magasin de stockage et de conservation des produits agricoles, notamment la pomme de terre, et l’inauguration d’un autre magasin pour la même cause, IBK n’a pu s’empêcher de répondre, fraternellement et amicalement, à Kalfa Sanogo, dans la guerre à fleuret moucheté qui les oppose depuis quelques mois.
En effet, dans l’après-midi du mercredi 22 novembre, après l’étape réussie de la visite d’IBK à Bougouni et à Koumantou (voir notre dernière parution), une marée humaine a réservé un accueil fameux au chef de l’Etat. Pour certains sikassois, c’était inédit.Dans son discours de bienvenue, le maire s’est réjoui de cette grande mobilisation en ces termes : « Excellence M. le Président, vous vous souvenez qu’en décembre 2011, en plein mois de carême, puis en juillet 2013, alors que vous n’assumiez pas encore les lourdes charges qui sont les vôtres aujourd’hui, nous vous avions accueilli avec la même ferveur. C’est juste à côté, dans l’enceinte du Stade Babemba Traoré qui jouxte cet espace, qu’en juillet 2013 une marée humaine en liesse vous a honoré. Vous m’avez, en cette circonstance, fait un geste inoubliable en disant devant cet innombrable public que ce que j’avais fait pour vous, pour votre campagne électorale, même votre parti, le RPM, n’avait pas fait la moitié de la moitié, c’est-à-dire le quart. Et vous avez ajouté ce jour-là que vous seriez ingrat en ne le disant pas ici devant les miens ». Avant d’ouvrir avec intelligence les hostilités, une véritable guerre à fleuret moucheté : « Notre chère épouse, Ami Maïga, a rappelé souvent à ceux qui l’avaient oublié ou ne le savaient pas qu’au moment où la cour à Sébénicoro était désertée, y compris par ceux desquels on ne pouvait s’y attendre, Kalfa était présent. Mais, comme le dit l’adage, tout succès a plusieurs géniteurs. Et pour paraphraser : nous fûmes quand d’autres n’y étaient pas ».
Vingt-quatre heures après, IBK a réagi à la faveur de la conférence des forces vives de Sikasso, tenue dans la salle de spectacles Lamissa Bengaly. Le maire Kalfa Sanogo était au présidium en même temps qu’IBK, celui-ci l’a regardé droit dans les yeux et lui a dit : « Kalfa, nous sommes des amis et cela a été répété depuis hier. Tu sais que je ne suis pas un ingrat. J’ai rendu du bien à tous ceux qui me l’ont fait. Tu le sais bien, j’ai renvoyé l’ascenseur à tous ceux qui m’ont fait du bien. Je n’ai de haine contre personne. Je ne peux avoir de la haine pour quelqu’un, priez pour qu’IBK reste ainsi ». La salle, comme un seul homme, s’est levée pour applaudir à tout rompre. La leçon, de part et d’autre, a été bien comprise.
Deux heures de temps après cette réplique, IBK a reçu en tête-à-tête Kalfa Sanogo, au pied- à-terre où il résidait dans la capitale du Kenédougou. Après 50 minutes d’échanges, Kalfa en ressort le visage épanoui, sans dire mot à personne. Rien n’a filtré de cet entretien.
Précisons, qu’en bon démocrate, disons républicain, le maire de Sikasso a pris part à toutes activités présidées par IBK. Pour ceux qui ne le savent pas, plusieurs activités ont eu lieu dans des communes environnantes. Le maire de Sikasso a tenu à être là.
Notre commentaire
La sortie de Kalfa Sanogo, de notre point de vue n’était pas du tout méchante. C’est même honnête et sincère de sa part de dire publiquement ce qu’il reproche à IBK (nous fûmes à Sébénikoro quand d’autres n’y étaient pas). La désinvolture avec laquelle il s’est exprimé montre à suffisance le lien qui existait entre les deux personnalités. Cela prouve aussi une certaine déception de l’ancien PDG de la CMDT. A l’entendre parler, il a été oublié par IBK au profit des opportunistes. En analysant profondément son discours, on peut bien croire que sa candidature annoncée relève plutôt de cette déception. Et il pense qu’il a été payé en monnaie de singe. Ce qui est loin d’être le cas, en écoutant IBK aussi qui persiste et signe qu’il a « renvoyé l’ascenseur à tous ceux qui lui ont fait du bien ».
Tout ce que l’on sait, c’est que Kalfa Sanogo a été nommé PDG de la CMDT, sous IBK. Cela est-il insuffisant ? On ne saurait le dire, encore qu’on n’ait pas tous les secrets de leurs relations. Kalfa Sanogo voulait-il plus ou n’a toujours pas compris les raisons de son limogeage ? En tant qu’observateur, on peut affirmer que c’est un homme propre, qui n’a pas le goût de l’argent facile, comme d’autres prédateurs qui ont passé par là.
En réalité, peu de choses séparent les deux hommes, qui se respectent encore. Apparemment la politique peut creuser le fossé qui les sépare parce que la plupart des barons de l’ADEMA dont est membre Kalifa Sanogo ne sont pas dans une logique de soutenir sa candidature. Ils veulent accompagner IBK pour un second et ultime mandat. Ce qui fâche Kalfa Sanogo, lequel a saboté la candidature de son parti à la présidentielle en 2013 en faveur d’IBK.
Avec le temps, il n’est pas exclu que Kalfa Sanogo trouve les mots justes, pour faire le deuil de sa candidature, en rejoignant son camarade IBK.
Elhadj ChahanaTakiou
envoyé spécial à Sikasso
Source: 22 Septembre