Le chef de l’État a abordé avec son homologue ghanéen le processus du retour à l’ordre constitutionnel normal. De l’avis du président en exercice de la Cedeao, notre pays est sur la bonne voie.
Le président de la Transition, «invité à effectuer une visite d’amitié et de travail à Accra (Ghana), Lomé (Togo), Dakar (Sénégal) et Bissau (Guinée-Bissau)», est arrivé hier dans la capitale ghanéenne. Bah N’Daw est à cette occasion accompagné du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Zeïni Moulaye et de son collègue des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou Ag Ilyene
Il s’agissait pour le chef de l’État, en se rendant au pays de Nana Akufo-Addo, président du Ghana et en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, de témoigner de la reconnaissance du peuple malien au peuple et au président ghanéen. Ce, pour son rôle déterminant et son implication personnelle pour arriver à convaincre les autres chefs d’État sur la nécessité de l’allègement et de la levée des sanctions imposées au Mali suite au événements du 18 août dernier.
Bah N’Daw était également venu faire le point de l’état de mise en œuvre des engagements pris par les autorités de la Transition vis-à-vis de la Cedeao pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel. À son arrivée à l’aéroport international de Kotoka, le président N’Daw a eu droit à tous les honneurs dus à son rang : salut aux couleurs et exécution des hymnes nationaux, passage en revue de la Garde d’honneur. Avant de se rendre au palais présidentiel Jubiler Housse où il a eu un tête-à-tête avec son homologue ghanéen. Les deux dirigeants ont ensuite présidé une séance de travail aux termes de laquelle ils ont animé une conférence de presse pour faire le point de la situation au Mali.
En la matière, des progrès notables ont déjà été enregistrés. Le dernier acte posé, a souligné Bah N’Daw, a été la signature du décret pour la désignation et la mise en place du Conseil national de Transition. «Sa mise en place mettra fin aux engagements que nous avons vis-à-vis de la Cedeao», a indiqué le chef de l’État malien. Il a également rappelé le retour de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta «chez lui au Mali», après son séjour médical aux Émirat arabes unis.
Prenant la parole à son tour, le président ghanéen et président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao a réaffirmé l’engagement et la détermination de son organisation et de son pays à soutenir les autorités de la Transition. Le but étant, selon Nana Akufo-Addo, d’arriver à un aboutissement heureux de la Transition, au retour de la paix et de la stabilité dans notre pays.
Processus qui est, a indiqué le dirigeant ghanéen, en bonne voix. «Au regard de tout ce que nous constatons et entendons, nous sommes sûrs que nous verrons très bientôt un changement positif et qualitatif au Mali», a déclaré Nana Akufo-Addo. Faisant allusion au règlement de la crise malienne, il a rappelé : «Les solutions doivent venir de nous. Les autres viendront nous accompagner».
Concernant les relations bilatérales, le chef de l’État ghanéen a précisé que le Mali est, en tant que porte d’entrée à l’Afrique de l’Ouest, un partenaire stratégique et historique pour son pays. Il a fait un bref rappel de la contribution des pères des indépendances de nos deux pays à la création de la Fédération Ghana-Guinée-Mali. «Nos relations étaient très étroites aux premières heures des indépendances. C’est à nous d’approfondir et d’écrire une nouvelle page de cette histoire», a-t-il exhorté. Visiblement très touché par cette visite, le chef de l’État ghanéen a témoigné du comportement exemplaire et la contribution de nos compatriotes vivant chez lui à la construction de son pays. «La communauté malienne est la plus intégrée et la plus respectée au Ghana», a-t-il reconnu.
En réponse aux questions des journalistes, le président Bah N’Daw a souligné que la présence dans le gouvernement des représentants des groupes armés témoigne des progrès en cours pour le rétablissement de la paix et de la stabilité au Mali, notamment dans les régions du Nord. Concernant le refus du M5-RFP de siéger au CNT, il a répondu : «C’est une question extrêmement sensible. Je n’ai pas eu l’occasion d’en parler à l’intérieur. Permettez-moi de ne pas l’évoquer ici à l’extérieur».
Le président du Ghana a rappelé que la situation au Mali est abordée de manière collégiale à la Cedeao. Insistant sur son attachement au principe d’interdépendance et de complémentarité entre les États membres, Nana Akufo-Addo a invité à faire en sorte qu’il y ait dans un bref délai des pouvoirs élus démocratiquement comme c’est aujourd’hui la seule voix d’accéder au pouvoir dans la Cedeao. La conférence de presse a été suivie d’un déjeuner offert par le président ghanéen à son hôte du jour. L’ensemble du corps diplomatique présent au Ghana a pris part au déjeuner, offrant ainsi l’occasion aux deux leaders de réaffirmer leur attachement au respect des engagements pris vis-à-vis de la Cedeao et la détermination de celle-ci à accompagner la Transition au Mali.
La visite du président de la Transition au Ghana a coïncidé avec le décès de l’ancien président ghanéen John Jerry Rawlings, à l’âge de 73 ans. Cet ancien militaire est considéré comme étant à l’origine du redressement du Ghana pour en faire un des pays les plus stables de la région ouest-africaine.
Envoyé spécial
Cheick M. TRAORÉ
Source: L’Essor-Mali