La Directeur générale du FMI, Christine Lagarde est arrivée hier dans notre pays pour une visite officielle au cours de laquelle elle aura des entretiens avec le chef de l’Etat et le chef du gouvernement. Elle a eu dès hier une séance de travail avec les ministres en chargé de l’économie, des finances, du budget et de la promotion des investissements. Elle doit d’adresser au conseil économique, social et culturel ce jeudi et visitera une coopérative maraîchère à Samanko et une école à Torokorobougou. Si on sait que les différentes missions du FMI dans notre pays ont exprimé leur hostilité à la politique des subventions du gouvernement, on se demande si le gouvernement Oumar Tatam Ly va céder sur ce sujet aux injonctions de la patronne du FMI.
Cette visite de trois jours dans notre pays du successeur de Dominique Strauss Khan sera une belle occasion pour marquer les cinquante ans de la coopération entre le Mali et le Fonds monétaire international. Une période au cours de laquelle l’institution de Breton Wood n’a cessé d’apporter son assistance technique et financière à notre pays.
Les deux parties ont récemment trouvé un accord sur le cadre macroéconomique pour le budget 2014 et notre pays va bénéficier d’un prêt de près de 30 milliards de FCFA dans le cadre du droit de tirage des fonds spéciaux.
Mais aujourd’hui le point d’achoppement entre les deux parties tient surtout à la politique de subvention de certains produits par le gouvernement. Ainsi, les experts du FMI qui ont séjourné au Mali ces dernières années, s’insurgent contre les subventions des engrais, du gaz et même de l’énergie, car pour eux, on ne peut pas bâtir une économie solide sur les subventions.
Lors d’une présentation devant le conseil économique, social et culturel au mois de décembre, le représentant résident du FMI au Mali, Anton Op De Beke avait dressé un tableau peu reluisant des subventions. Ainsi en 2013, l’Etat a subventionné l’EDM, à hauteur de 40 milliards FCFA alors que c’est seulement 15% de la population qui a accès à cette électricité. Il projette 57 milliards de FCFA en 2014 pour supporter la baisse du coût de l’électricité. Car l’électricité produite à 120 FCFA le kwt est cédée à 96FCFA aux consommateurs. Avec ces subvention, c’est comme si tous les Maliens avaient contribué. En 2011, les exos ont coûté au contribuable malien 231 milliards FCFA dont 121 milliards FCFA sur les impôts et 109 milliards FCFA sur la douane. Ce qui fait 4,6% du PIB. En 2012, ce sont 229 milliards FCFA dont 111 milliards FCFA sur les impôts et 117 milliards FCFA sur la douane.
Si l’on s’en tient aux experts du FMI, l’Etat doit arrêter ces sacrifices financiers. Et pourtant, celles-ci contribuent à réduire les coûts des produits concernés. C’est le cas des hydrocarbures, du gaz et même de l’électricité dont les coûts au Mali font partie des plus bas de la sous-région. Cependant, ces subventions se justifient à plus d’un titre si l’on sait qu’au Mali, les salaires, s’ils existent, sont les plus bas de la sous-région et plus de 7% de la population malienne vit au dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins d’un dollar par jour.
Youssouf CAMARA
SOURCE: L’Indépendant