Briser les tabous qui entourent les violences faites aux femmes et aux filles, et aider à une meilleure compréhension des inégalités genre, afin d’avoir plus d’engagements des jeunes pour lutter et prévenir ces agressions. Tel était l’objectif majeur de la rencontre universitaire sur les violences faites aux femmes et aux filles, tenue le samedi dernier dans l’amphithéâtre de 500 places de l’Université de Ségou.
La rencontre, présidée par le conseiller aux affaires administratives et juridiques du gouverneur de la Région de Ségou, Abdramane Dembélé, a enregistré la présence du représentant de l’Union européenne, Allaye Dicko, du représentant du ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Yacouba Camara, du recteur de l’Université de Ségou, Esaii Daou et du président du groupe de référence des organisations de la société civile au sein du programme Initiative Spotlight, Kassoum Coulibaly.
Organisé par l’Union européenne et les Nations unies en partenariat avec le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille sur financement du programme Initiative Spotlight, cet évènement visait à engager un débat sur les violations des droits fondamentaux des femmes et des filles au sein de nos communautés. Il visait également à donner un aperçu des us et coutumes/traditions africaines positives qui prônent le respect des droits et l’autonomisation de la femme et de la jeune fille et à faire un plaidoyer pour un véritable changement de mentalités et de comportements.
Ce rendez-vous qui a mobilisé les professeurs, les étudiants, les enseignants-chercheurs, les acteurs communautaires, les autorités traditionnelles et religieuses et autres personnes ressources a été riche en interventions, témoignages et échanges.
Prenant la parole, le recteur de l’Université de Ségou a rappelé que la violence faite aux femmes et aux filles est une réalité indéniable et amère dans notre société. En témoignent les statistiques alarmantes de l’Enquête démographique et de santé du Mali (EDM-VI 2018). Au moins, 45 % des femmes de 15 à 49 ans ont subi des actes de violences physique ou sexuelle dans notre pays et environ la moitié des femmes, soit 49 % de la même tranche, en union ou en rupture, ont subi une violence émotionnelle, psychologique, physique et sexuelle.
Esaii Daou a estimé que la communauté universitaire compte plus de 6.000 étudiants, dont plus du tiers constitue des femmes ou des filles. Par conséquent, elles ont besoin de se protéger, d’être protégées non pas parce qu’elles sont faibles, mais parce qu’elles le valent bien. Il a remercié l’UE pour cette rencontre universitaire qui permettra aux étudiants de transmettre à leurs camarades et leur entourage les messages de prévention et de conduite à tenir face aux violences faites aux femmes et aux filles.
Le représentant du ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a fait savoir que la première Constitution de l’empire du Manding adoptée à Kouroukan Fouga en 1235 prônait la reconnaissance et le respect de la place de la femme dans la société.
Si le concept local «Muso» se traduit par source de l’humanité, Yacouba Camara dira que la femme dans notre société est sacrée tant pour son statut de mère, tante, sœur qu’épouse et fille.Il a déploré le fait que les femmes et les enfants sont toujours victimes de plusieurs agressions, dont le viol, le harcèlement sexuel et les mutilations génitales féminines (MGF) malgré les efforts déployés par les autorités.
De son côté, Abdramane Dembélé a souligné l’importance de conjuguer les énergies pour apporter des résultats tangibles et durables dans la lutte contre les VBG.
Invité à animer la présente thématique, l’enseignant-chercheur et écrivain Dr Fodé Moussa Sidibé a indiqué qu’en remontant dans l’histoire, notre société matriarcale était respectueuse des droits des femmes. Selon lui, c’est en cherchant à savoir comment vivaient nos aïeux et en retournant à nos valeurs anciennes que nous pourrons faire face à ces violences contemporaines.
Mamadou SY
Amap-Ségou
Source : L’ESSOR