La formalisation de l’orpaillage clandestin est nécessaire pour maîtriser les flux illicites. Initiée par l’état du Mali depuis quelques années, elle semble être le chemin idoine pour endiguer ce phénomène et ses effets néfastes sur l’homme et son environnement. Cela, afin d’optimiser l’impact que pourrait avoir le secteur (à l’état formalisé) sur nos économies en termes de contribution au Produit intérieur brut (PIB), au développement des zones d’accueil et même à l’industrie minière.
En la matière, l’orpaillage artisanal occupe près de 10% de la population du Mali, du Niger, et du Burkina Faso, selon la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Sa contribution est jugée dérisoire à l’économie notamment malienne, car non comptabilisée dans la production nationale annuelle d’or estimée à plus de 60 tonnes. Il a pourtant été constaté que l’égal de cette production traverse nos frontières avant de se retrouver sur le marché noir. Le domaine est également considéré comme l’activité minière la plus préoccupante particulièrement au niveau des pays du Sahel.
En cause : les activités illicites inhérentes ou qui prospèrent tout autour. Au nombre de ces pratiques illégales nourries par l’absence de cadre réglementaire applicable à l’exploitation minière artisanale, figure l’utilisation d’enfants mineurs sur ces sites. Outre son impact sur l’environnement notamment la destruction des sols et de la flore du fait de l’utilisation du mercure et de plusieurs autres substances chimiques, la production artisanale de l’or suscite également des défis sécuritaires importants. Dans les pays producteurs d’or au Sahel, « à la violence et aux conflits entre autochtones et allogènes dans la zone dite des trois frontières, s’est ajouté le terrorisme dont l’orpaillage clandestin constitue une des sources de financement », alerte le Commissaire de la Cedeao chargé de l’énergie et des Mines, Sédiko Douka.
Pour pallier ces problèmes, Sédiko Douka annonce « une réglementation régionale sur l’exploitation des mines artisanales ». Le texte vise à formaliser les mines artisanales à petites échelles, semi-mécanisées et bannir les pratiques illicites et illégales dans le domaine, précise le Commissaire chargé de l’énergie et des Mines.
Cette approche s’apparente au prototype de celle que notre pays tente de mettre en place depuis près de cinq ans. Initiée par l’ancien ministre des Mines, Pr Tiémoko Sangaré, la forme vise à favoriser une coexistence pacifique entre exploitation industrielle et celle artisanale d’une part, et à booster la production nationale en arrivant à savoir au centime près la quantité d’or produite par le secteur artisanal, d’autre part. Cela grâce à l’installation de comptoir d’achat sur les placers, l’encadrement des « Tomboloma » et l’éclosion de petites mines industrielles en formalisant des mines artisanales.
La réforme peine à prendre corps faute de volonté politique réelle. Le cadre réglementaire existe déjà au Mali. Notre expérience pourrait aider l’organisation sous-régionale à réussir ce challenge.
Cheick M. TRAORÉ
Source : L’ESSOR