Au Mali comme dans plusieurs pays africains les personnes atteintes d’albinisme sont confrontées à des violations de toutes natures, notamment la discrimination, la stigmatisation, les assassinats. Le président de la Coalition des organisations des personnes atteintes d’albinisme (CORPA) appelle à l’implication de tous pour faire face au problème.
Pour de lugubres rituels surtout à la veille des élections en Afrique, les albinos sont les cibles des pratiques maléfiques. « En Afrique, c’est encore très dur d’être “blanc de peau et noir de sang” », explique Salif Keita, artiste musicien et albinos.
Pour le président de la Coalition des organisations des personnes atteintes d’albinisme CORPA « Le droit à la vie des personnes atteintes d’albinisme est menacé dans la mesure où face à des crimes rituels, quand on n’a pas une justice qui peut s’appliquer, nos droits sont menacés. Ça veut dire qu’on peut tuer d’autres personnes sans que rien ne soit fait. La petite albinos Ramata de Fana a été froidement assassinée le 13 mai 2018, et, depuis cette date, l’enquête n’a rien donné comme résultat. On nous a mis la poudre aux yeux en nous disant que l’auteur a été arrêté et, après, rien.
En tant que président de la CORPA, j’ai écrit au ministre de la Justice en la personne de Me Malick Coulibaly. Jusque-là, je n’ai pas eu de réponse mais je vais le relancer. En termes de loi, il y a la loi de protection des personnes handicapées dont nous faisons partie. Cette loi n’est pas encore appliquée. Il y a en outre la relecture du code pénale, on va essayer de faire un plaidoyer si on peut prévoir des procédures pénales spécifiques. Nous pensons qu’il n’y pas assez de volonté autour de la chose», regrette le président de la CORPA.
A l’occasion de ses deux concerts parisiens récemment, le chanteur raconte son combat contre les violences faites aux albinos : « A chaque élection, pour des questions de superstition, les sacrifices humains reprennent : les albinos sont arrachés à leurs mamans et assassinés. En novembre, j’ai chanté à Fana, une grosse ville du Mali, à la mémoire d’une petite fille de 5 ans enlevée chez elle, dans son lit, juste avant la présidentielle. On l’a retrouvée décapitée, la tête posée à côté de son corps », déplore-t-il avant de conclure « l’Etat ne fait pas grand-chose, les affaires ne sont même pas traduites en justice. Les sacrifices sont commandités par les gens riches et les hommes politiques sont les premiers à avoir recours aux sacrifices».
A noter que la Fondation Salif Keita s’est fixée comme mission l’amélioration des conditions de vie des enfants albinos au Mali et en Guinée, notamment en distribuant la crème solaire depuis 2006. Elle prend également en charge leurs frais de consultation ophtalmologique ou dermatologique.
Bourama Camara
Source : Le Challenger