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Violence à Mali : Qu’attendent Alpha Condé et la hiérarchie militaire pour sévir contre le colonel Issa Camara ?

Aujourd’hui, loin des regards de Conakry, la préfecture de Mali, à cheval entre le chef-lieu de la région administrative de Labé et la frontière guinéo-sénégalaise, a fait l’objet d’altercations entre Issa Camara, le commandant du camp militaire et les populations locales qui ont failli tourné à un bain de sang. Informées, les autorités de Conakry ont fini par « déplacer » l’encombrant soldat qui régnait là en petit maître, du moins, en attendant que le calme revienne définitivement à la préfecture de Mali, qui semblait être quadrillée par des militaires, nous rapporte un témoin ayant quitté la ville après que sa boutique ait été pillée.

colonel Commandant Issa Camara soldat militaire beret rouge

Guinéenews©, pour sa part, s’est plongé un peu dans le passé récent de ce militaire atypique pour trouver une explication à son acte, en principe interdit par l’éthique militaire, mais aussi puni par le règlement de discipline militaire (crédit photo :artistedumonde.viabloga.com).

 

En effet, selon plusieurs sources militaires, il y a juste six ans que le lieutenant-colonel Issa Camara, ancien membre de la junte militaire du capitaine Dadis, ancien gouverneur de région sous général Konaté et commandant du bataillon sous Alpha Condé, n’était qu’un simple sergent au camp Alpha Yaya, qui n’exerça aucune fonction en relation avec son grade. Ce qui sous entend, selon nos informations, commander et instruire un effectif de douze personnes au sens militaire du terme. Malheureusement, le sergent d’alors passa à côté de cette opportunité dévolue à tout sous-officier de grade équivalent, pour des raisons propres à la grande muette guinéenne qui s’est livrée, en violation des statuts militaires, à une accélération jamais égalée dans l’avancement en grades à très grande échelle.

 

” Ce triste état de fait a malheureusement fini par mettre entre les bras des forces armées, une génération d’officiers de même acabit que Issa Camara, qui passa en l’espace d’un temps record, à compter de 2008, du statut de sous-officier subalterne à celui d’officier supérieur. C’est astronomique ! Issa n’aurait dû bénéficier, même avec beaucoup de générosité de la hiérarchie militaire, que de deux avancements qui feraient de lui aujourd’hui, tout au plus, un sous-officier supérieur”, affirment des sources militaires.

 

À en croire aux mêmes sources, le grade de lieutenant-colonel, les hautes fonctions civiles et militaires incarnées par ce soldat au tempérament convulsif, semblent excessives. « Il ne fréquenta aucune école militaire connue et respectée, à l’image de l’École Militaire Interarmées de Conakry, qui forma des officiers de très grande valeur, qui ont honoré la Guinée en Angola, en Guinée-Bissau, au Libéria et en Sierra-Léone », affirme un ancien collaborateur de Issa en service au camp alpha Yaya Diallo ayant joint la rédaction  de Guinéenews.  “Il n’y a l’ombre d’aucun seul doute, poursuit-il que Issa, aux yeux de plusieurs observateurs, portera toujours l’image d’un usurpateur de fonctions et de grades et celui qui ne maitrise pas ses émotions, en brutalisant des populations paisibles, violant ainsi le rôle de chef militaire protecteur et défenseur des citoyens. De tels actes répréhensibles déshonorent l’uniforme et l’institution militaire “,affirme-t-il

 

Des « Issa Camara », il y en a encore dans les forces armées guinéennes, pourtant en pleine reforme. Pour justifier son acte lors d’une émission radio, le colonel Issa n’a pas hésité d’affirmer qu’il “s’en fout” de cet événement malheureux qui s’est passé à Mali.  Dans ses propos à la radio, Issa a affirmé que ses hommes ont intercepté des armes en provenance du Sénégal. Si ces propos n’étaient pas passes inaperçus, ils auraient créé un incident diplomatique entre la Guinée et le Sénégal, deux pays frères qui tentent de normaliser leur relation depuis l’apparition d’Ebola dans notre pays.

 

De Mali Yembering, nos reporters ont constaté qu’Issa se promène encore dans les rues de Conakry avec deux pick-up remplis de militaires alors que les victimes de ses forfaitures n’ont que leurs yeux pour pleurer, du moins pour l’instant !

 

“Si nous cohabitons ensemble ici dans la paix aujourd’hui, nous n’avons pas les mêmes relations, les mêmes intelligences et les mêmes moyens, c’est parce que la loi est là. Sinon, ce serait la loi du plus fort. Monsieur le ministre, on nous a tirés ici, on nous a volés ici, on nous a blessés ici. Nos notables ont difficilement observé la prière du vendredi. Nous nous plaignons chez vous, nous tous réunis ici. S’il est vrai que nous sommes victimes de l’injustice et de l’arbitraire, nous voulons que nos bourreaux sachent qu’ils ont provoqués. Nous n’avons pas d’argent, mais nous avons plus que l’argent, la dignité. Il faut que nous vous disions cela. Nous ne sommes pas contents de ce qui s’est passé ici. Ils nous ont tirés, ils nous ont blessés, ils ont pillé nos biens, ils nous ont humiliés. Après, ils sont allés à Conakry pour raconter des contre-vérités dans les radios. Nous n’avons pas aimé cela. Nous disons que si vous voulez avoir un objet dans les mains de quelqu’un, vous avez deux choix : l’intelligence ou la douceur, mais pas la violence…..”, fustigeait récemment le maire de Mali Fily Diallo lors du passage du ministre de la Justice Me Cheick Sako.

Lire ou relire : Violences à Mali : le maire Fily Diallo dit ses quatre vérités au ministre de la justice

 

Quand est-ce que l’armée mettra un terme à cette réalité dérangeante, sous le regard parfois indifférent de la hiérarchie militaire ? Qu’attend le ministre de la défense Dr Mohamed Diané, arrivé en janvier dernier, pour faire un état des lieux et le bilan de la réforme des forces de défense et de sécurité en vue prendre les décisions qui s’imposent ? Saura-t-il remettre en cause des travers incompatibles avec l’état de militaire et placer à la tête des camps, des officiers qui ont le background compatible avec leurs fonctions ?

 

Déjà, les langues commencent à se délier car le président  du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle Damaro Camara, opte pour une “sanction à la hauteur de la faute commise”. Le chef d’état major des forces armées, le général Namory Condé a, de son côté, envoyé une mission de sensibilisation à Mali conduite par son adjoint le général Édouard Théa avec l’appui des autorités locales. La hiéarchie militaire a vigoureusement condanmé l’acte perpétré par le baitaillon de Issa et l’a qualifié de “déshonorant et humiliant” pour la grande muette.

 

Dans un communiqué lu à la RTG lundi 20 juin 2016, le parquet général, par la voix du procureur de la République Moundjour Chérif, a “…décidé d’engager sans délais, des poursuites judiciaires conséquentes contre des éléments relevant du bataillon d’infanterie de Mali auxquels sont reprochés des infractions de coups et blessures volontaires, pillages, vols, incendie volontaire et autres…’’.
De même, Human Rights Watch dans un communiqué rendu public lundi 20 juin demande aux autorités guinéennes à ouvrir “une enquête impartiale concernant cette affaire”.

En ce qui concerne la justice, de sources proches du parquet général, l’on nous informe que plusieurs auditions ont eu lieu de Labé jusqu’à Mali Yembering. Mais, apprend-on  le parquet dit attendre la réaction de l’hiérarchie militaire qui devrait en principe mettre le colonel Issa à la disposition de la justice car la population attende à ce que justice soit rendue.

 

Les regards sont tournés vers le président de la République qui est le commandant en chef des forces armées guinéennes, tant les attentes sont grandes. Sinon, de tels actes remettraient en cause les fondements même de la reforme des forces de défense et de sécurité qui est en cours en Guinée.

 

Source: guineenews

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