Dans une interview accordée à un confrère de la place, l’honorable Moussa Diarra, député RPM élu en commune IV du District de Bamako, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger le gouvernement, et par ricochet,le Président IBK, suite à la suppression de la Taxe Emploi Jeunes. En effet, répondant à la question de savoir quel jugement portait-il, en tant que président de la Commission Jeunesse Emploi et Formation professionnelle à l’Assemblée nationale, sur la suppression de cette taxe, l’honorable Moussa Diarra n’a pas fait dentelle. Voici sa réponse !
« Je suis un peu déçu par rapport à la promotion de l’emploi et des jeunes, déçu par le fait qu’au moment où le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, place son second quinquennat sous le signe de la promotion de la jeunesse, certains aillent à la suppression des sources pérennes de financement des projets jeunes ! Cela est très difficile à comprendre. On ne peut dédier un mandat à la jeunesse et supprimer en même temps la Taxe emploi jeunes car ce sont avec ces taxes que des services comme l’Apej et le Fafpa parvenaient à accomplir leurs missions. Ces taxes-là ont été instituées par une loi.
Auparavant, ces deux structures fonctionnaient avec la contribution forfaitaire des employeurs, mais les techniciens ont vu que cette contribution n’est pas la solution pérenne au financement des activités de l’Apej et du Fafpa, d’où la création, à travers une loi, de la TEJ (ndlr : Taxe emploi jeunes) qui était recouvrée par le service des Impôts à 100%. Donc, il n’y avait pas un problème de mobilisation de ces ressources. Et les autres pays de la sous-région sont venus même s’inspirer de l’exemple malien. Au niveau de l’UEMOA, les ministres en charge de l’emploi veulent en faire une disposition communautaire, mais malheureusement, c’est au même moment que notre pays supprime cette taxe pour la remplacer par une contribution forfaitaire qui est même aléatoire.
Vous êtes déjà au courant que l’Apej prenait chaque année en stage plus de 3000 jeunes, affectés dans des structures. Avec l’avènement d’IBK ce quota a été porté à 5000 jeunes. Ce recrutement de masse permet de calmer l’ardeur des jeunes car l’emploi des jeunes est une question de sécurité sociale. Cette année, je ne pense pas si ce recrutement de masse aura lieu faute de ressources financières. Et j’ai eu même à interpeller le ministre des Finances, l’actuel Premier ministre (ndlr : à l’époque il n’était pas Premier ministre) lorsque j’ai eu vent qu’il voulait supprimer la TEJ. Et l’argument qu’il avait avancé pour justifier cette suppression ne tient pas ».
Quel est cet argument ?
L’honorable Moussa Diarra répond : « Parce qu’il avait dit qu’avec la contribution forfaitaire, les budgets de ces deux structures pourront être augmentés plus qu’avec la TEJ. Mais voilà qu’avec une année de fonctionnement avec la contribution forfaitaire, c’est le contraire de son argument qui vient de se produire car les budgets des deux structures ont drastiquement chuté. J’ai été surpris que ces taxes-là soient supprimées et nous, en tant que législateurs, nous n’avons pas été alertés par le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle. Si j’avais su, une semaine auparavant, j’allais pousser tous les pions pour l’éviter. Mais lorsque je m’en suis rendu compte, c’était trop tard ».
Rassemblés par A.K
Le Matinal