Elles sont devenues la risée de leur communauté respective. Elles n’arrivent plus à suivre les cours à l’école, à cause de la peur d’être indexées par les camarades de classe. Entre audiences à n’en pas finir des services sécurité et traumatise, occasionné par les violences, ces victimes ne savent plus où mettre de la tête.
Notre pays a été, ces derniers jours, au centre de plusieurs scandales d’agression sexuelle dans différents quartiers de Bamako, des plus connus et plus anonymes. Après la diffusion sur les réseaux sociaux de la vidéo d’un viol collectif qui a provoqué un choc général chez tout un peuple, les populations ont été une fois encore indignées par un autre viol collectif et des actes de pédophilie, découverts par les différents commissariats, à travers la ville. Les victimes frappées par ces actes de dépravation de nos mœurs vivent toujours entre incertitude et psychose. Puisque ces genres d’attentats à la pudeur, dans notre société, restent toujours tabous, et les auteurs des actes ont généralement 90 % de chance de bénéficier de l’impunité.
Pour libérer la parole et ne pas laisser la honte étouffer les dernières affaires portées devant la justice, à travers les commissariats de police de la place, des ONG se sont mobilisées. Elles ont encouragé les victimes à collaborer avec la justice pour que les présumés criminels ne récidivent jamais leurs forfaits. Mais malheur là encore, c’est que la majorité des victimes sont des mineurs, qui ont encore beaucoup d’influences de leurs parents.
Pour une fois, dans ces derniers cas, l’on ne manque pas de signe d’espoir. En effet, dès la diffusion de la vidéo dite de viole collective, plusieurs organisations de la société civile se sont mobilisées, en plus elles ont accepté de se constituer en partie civile afin que les dossiers ne tombent pas dans les oubliettes. C’est grâce à leur mobilisation d’ailleurs que la victime du viol collectif balancé sur les réseaux sociaux a eu le courage de se présenter à la brigade des mœurs.
Nous nous souvenons encore des appels à témoins pour l’identification de la victime et le geste d’encouragement financier de ‘’Les amazones’’.
« Le collectif met à la disposition de celui ou celle qui pourra nous mettre en relation avec la victime ou avec la famille de la victime une somme symbolique de 50 000 francs CFA. Cette histoire ne devrait même pas prendre une journée, parce que l’on voit clairement ces jeunes criminels », a dit Mme Diakité Kadidia Fofana, présidente du collectif.
À ces 50.000 CFA et venu s’ajouter 1 Million de FCFA proposé par de l’ONG WILDAF à toute personne qui dénicherait la victime de son encoignure de lamentation. Mme DIAKITE a expliqué leur insistance par le fait que le sujet est tabou, à cause de pesanteurs sociales culturelles au Mali.
« Le viol est un sujet tabou au Mali. Il suffit que l’on découvre que les violeurs sont des proches de la fille et là, on règle le tout à la mosquée, à travers les imams et plus personne n’en parle. À chaque fois que ce genre de problème surgit, c’est tout le monde qui s’en mêle, les chefs de quartiers, et on trouve la solution pour étouffer l’affaire, en se focalisant toujours sur le fait que ce n’est pas bon pour la fille, ce n’est pas bon pour la famille », avait rappelé Me Moctar Mariko, président de l’Association malienne des droits de l’homme, au micro de notre confrère de RFI.
Jointe par nos soins, Mme TRAORE Fatoumata DIKCO, la chargée de violence basée sur le genre de l’ONG WILDAF, a affirmé que pour permettre aux victimes de vivre comme d’autres de leur âge, il faut les délocaliser et surtout les accompagner pour que les cauchemars qu’elles ont vécus soient de mauvais souvenirs.
PAR CHRISTELLE KONE
Info-matin