Beaucoup de gens trouvent la vindicte populaire normale et se plaisent à brûler vif la personne supposée coupable d’un forfait. Tout en oubliant que la main qui tue une première fois n’hésiterait pas à recommencer si l’occasion se renouvelait. Ce sont des criminels en devenir.
Le mardi 25 juillet 2017, un braquage contre le bureau de change et de transfert Edimar à Médina Coura, en plein jour, a coûté la vie à deux jeunes voleurs qui ont été brûlés. Le fait est survenu dans les environs de 11 heures à proximité de «Soukouninkoura». Selon des témoins et comme le témoigne également un vidéo amateur qui a filmé la scène de lynchage, les deux jeunes rattrapés étaient munis de deux pistolets automatiques et de gaz lacrymogènes. Les braqueurs ont réussi à extorquer une somme importante au gérant sous la menace de leurs armes.
Après leur forfait, le gérant les a poursuivis dans leur fuite à moto en criant aux voleurs et est parvenu à faire tomber l’un des braqueurs et l’a maîtrisé avec l’aide de la foule venue lui prêter main-forte. Quelques mètres à peine, le deuxième voleur, qui conduisait la moto, a été appréhendé dans sa fuite par la foule.
Les deux jeunes, malgré leur tentative, n’ont pu échapper à la vindicte populaire, l’application de l’article 320 (brûlés vifs). Comme le témoignent les images, une justice populaire rendue devant un public qui pense avoir bien agi. Informées, les forces de l’ordre et la protection civile se sont rendues sur les lieux pour faire le constat et ramasser les corps calcinés et personne n’a été inquiété. Une enquête est cependant ouverte pour identifier les deux corps.
Tous ceux qui ont pris part à ce massacre sont tôt ou tard de potentiels criminels. Les gens préfèrent se cacher dernière le prétexte que ces voleurs recouvrent trop rapidement la liberté quand ils sont livrés aux forces de l’ordre et qu’il faut en finir avec une sentence sans appel. Celui qui tue un être humain, sans que sa propre vie soit en danger, où on parle de la légitime défense, est potentiellement capable de tuer encore une fois, s’il juge l’occasion opportune.
Le mari qui prend part à une tuerie avant le soir n’hésitera pas à tuer sa propre femme le jour où il jugera une action de cette dernière de trop. Le fils qui massacre son camarade sous prétexte qu’il a volé sera marqué toute sa vie et pourrait être tenté de tuer devant la situation qui dépasse son contrôle. Surtout que rien ne prouve que le fait de tuer le vol limiterait les cas de vols et de braquages. Les femmes doivent faire extrêmement attention à leurs maris et aux parents de veiller sur leurs enfants pour qu’ils ne prennent pas part à des tueries qui pourront détruire leur vie très prochainement. À l’Etat également de prendre ses responsabilités parce que tôt ou tard, les cœurs endurcis se tourneront vers lui et personne ne sait ce qui peut en résulter !
Gabriel TIENOU
Source: Le Reporter