Un vieil adage affirme « l’homme ne vit pas que de pain ». Les distractions de l’esprit font partie de nos besoins vitaux. Comme le cinéma, florissant au Mali et porteur d’espoir à l’aube de l’indépendance.
Les films maliens étaient glorifiés, même à l’international : Souleymane Cissé, avec des succès comme « Baara » (1979), « Finyè » (1983), « Yeleen » (1987), raflant des prix dans les festivals, faisait la fierté nationale, avec d’autres compères. Mais aujourd’hui le Mali a mal à son cinéma. Salif Traoré, Secrétaire général de l’Union nationale des cinéastes, dissimulant difficilement sa perplexité, répond « non » ! Pourtant, impossible de nier le malaise. Il est loin le temps où aller au cinéma constituait la principale distraction des Maliens de tous âges ! Y inviter sa petite amie était une recette infaillible de séduction.
Les causes de ce déclin sont multiples. Pour M. Traoré, le secteur, considéré comme une activité non lucrative, faisait partie des cibles privilégiées de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, sous la pression desquels l’État, dans les années 80, ferma toutes les salles, laissant orphelin le Babemba, aujourd’hui Magic, privatisé. En 2018, sensible à la décadence cinématographique nationale, le gouvernement décida de réhabiliter le secteur en votant un budget de 6 milliards de FCFA, qui ne fut jamais mis en place. Mais des fonds sont d’ores et déjà disponibles pour la construction à Bamako de deux complexes cinématographiques sur les deux rives du Djoliba.
Avec le Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM), l’État veut porter assistance aux cinéastes, qui, faisant preuve d’un grand sens de l’engagement, avec les moyens du bord, se battent pour rester debout ! Une jeune génération audacieuse, refusant d’abdiquer, produit de plus en plus d’œuvres prisées en Afrique et dans le monde, telles « Le cireur du coin » de Fatoumata Tioye Coulibaly, « Jamu Duman » (documentaire) de Salif Traoré, « Kuma ! » (documentaire) de Hawa Aliou N’diaye, « Le village apaisé » (film d’animation) d’Issouf Bah ou « Afro star 22 » (série) du jeune paysan-cinéaste Aboubacar Gakou.
Diomansi Bomboté
Canard Déchaîne