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Sacs plastiques non biodégradables : Péril sur l’environnement

Mardi 30 juin 2020, il est 19h 30mn à Yirimadio Zerny, un quartier périphérique de la Commune VI du District de Bamako. Dans la boutique de Sidi Mohamed Haïdara, un quadragénaire mauritanien, les clients, dans une quasi bousculade, se succèdent au comptoir pour leurs achats pour le dîner. En 15 minutes, presqu’une dizaine de clients furent tous servis. Du pain, de l’huile, des insecticides, en passant par le savon, le lait ou le sucre en poudre, sont remis aux clients, par le vendeur, dans des sachets plastiques à usage unique.

 

Parmi ces clients sortis de la boutique, Mariam Ongoïba, trentenaire, enseignante et mariée. « J’ai entendu dire que les sachets plastiques sont dangereux pour l’environnement mais j’accepte que le boutiquier y met mes courses puisque que c’est assez pratique », explique-t-elle. A la question de savoir ce qu’elle fera de ces sacs plastiques, une fois débarrassés de leur contenu, sa réponse est sans équivoque. «Après avoir enlevé mes produits, je les jetterai dans la poubelle comme tout le monde », a laissé entendre l’enseignante, sans états d’âme.

Quant à notre boutiquier, Sidi Mohamed Haïdara, cela fait plus de 20 ans qu’il exercice ce commerce. « J’ai commencé ce métier depuis 1999, en Côte d’Ivoire jusqu’à l’éclatement de la crise postélectorale en 2011 quand j’ai décidé de venir m’installer, ici, au Mali. J’ai toujours servi mes clients dans des sachets plastiques à usage unique », a-t-il confié. Toutefois, le Mauritanien reconnait que l’utilisation des sacs plastiques contribue à la dégradation de l’environnement, mais ignore complètement l’existence d’une loi interdisant leur usage au Mali.

«Depuis que je vends, ici, à Bamako, jamais un client n’a refusé d’être servi dans les sachets. D’ailleurs beaucoup exigent de doubler voire tripler le sachet lorsqu’ils estiment avoir payé suffisamment pour cela », a détaillé le boutiquier. En revanche, depuis quelques années, le gouvernement mauritanien a interdit l’utilisation de ces sachets plastiques à usage unique, se souvient Sidi Mohamed. « En dépit de cette interdiction, certains commerçants continuent, toujours, d’en faire usage en catimini », a-t-il admis.

La ville de Bamako produit environ 3.390 tonnes de déchets par jour, dont 5% constitués de matières plastiques soit 169,5 tonnes !!! selon des études réalisées en 2016. Le directeur national de l’Assainissement, du contrôle des pollutions et nuisances, l’Inspecteur général des Eaux et forêts, Ousmane Sidibé, qui cite ces statistiques, pense qu’elles doivent être actualisées aujourd’hui.

Il suffit d’une seconde pour fabriquer un sac plastique qui est, en moyenne, utilisé pour à peine 20 minutes mais met entre 100 et 400 ans à se désagréger, soutiennent les experts. Le sac plastique, à usage unique, est devenu le symbole de notre société de consommation. Utilisés en grand nombre pour une utilité limitée, ces sacs se retrouvent sur les rives et au fond de nos fleuves, dans les océans et ont des conséquences avérées sur le milieu marin et l’écosystème en général.

Depuis quelques années, l’on constate une prise de conscience internationale concernant la problématique de ces sacs plastiques à usage unique. La célébration, le 3 juillet dernier, au Mali et dans le monde, de la ‘Journée mondiale de lutte contre l’utilisation des sacs plastiques qui ne se décomposent pas’ illustre cette prise de conscience. Certains pays ont, d’ores et déjà, interdit les sacs plastiques sur leur territoire. C’est aussi le cas, depuis 2014, avec l’adoption de la loi n° 2014-024 du 03 juillet 2014 portant interdiction de la production, de l’importation et de la commercialisation des sachets plastiques non biodégradables en République du Mali. Par biodégradable, il faut entendre tout sachet plastique susceptible de se décomposer dans un délai de plus de 18 mois, sous l’action des micro-organismes présents dans la nature.

Cette loi interdit, depuis le 1er janvier 2014, la production, l’importation et la commercialisation de sachets plastiques, sac de grand ou petit format à base de matière synthétique (polyéthylène), servant de contenant pour les denrées alimentaires ou tout autre produit. Quid de l’application effective de ce texte plusieurs années après son adoption ?

Au Mali, les sachets plastiques prolifèrent partout. Aucun décor n’échappe aujourd’hui à l’invasion de cette matière polluante. Que ce soit dans nos marchés, pharmacies, restaurants huppés ou gargotes, nos ateliers de couture. Mais, aussi, dans nos grandes villes comme en campagne, des milliers de sachets plastiques non biodégradables sont utilisés quotidiennement. Ils sont importés en grande quantité en violation flagrante de la loi.

Selon l’Organisation des Nations-unies (ONU), environ 5.000 milliards de sacs en plastique sont consommés, chaque année, dans le monde, soit presque 10 millions par minute. « S’ils étaient attachés ensemble, ils pourraient entourer la planète sept fois toutes les heures », calcule l’ONU. Elle indique, également, qu’un peu plus de 10 tonnes de plastique sont produites, chaque seconde, dans le monde. Le plastique est d’ailleurs devenu le matériau le plus fabriqué après le ciment et l’acier, fait savoir l’Organisation mondiale. «Depuis 1950, 6,3 milliards de déchets plastiques se sont accumulés sur la planète», déplore-t-elle.

AT/MD

(AMAP)

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