Tous les jours, en fin d’après midi, des milliers de restauratrices de circonstance ponctionnent leur part sur la manne d’argent que distribuent les jeûneurs sur le chemin de retour à la maison
Pendant le mois de Ramadan, Bamako affiche une soudaine prolifération de points de vente de nourriture sur les trottoirs des grandes avenues et le bas côté des rues. Des femmes qui ont le sens des affaires allument les fourneaux à partir de 16 heures. Cependant, les gargotes des marchés, des gares routières et des espaces classiques de brassage des affaires connaissent une baisse de fréquentation pendant la journée de jeûne. Leurs clients traditionnels sur le chemin de retour à la maison pour rompre le jeûne font halte devant les vendeuses circonstancielles de mets variées et de légumes et fruits. Leurs étals sont installés aux abords des rues et des avenues.
Les restaurants en plein air proposent des menus simples. Les commandes de bouillie, de soupes de têtes de bœuf, de moutons, des galettes de mils, de tisanes de quinquéliba, de bissap (dabiléni), de jus naturels sont servis en un temps record. Tous ceux qui n’ont plus le temps d’être chez eux avant la rupture s’installent sur des bancs. Ils se font servir des repas complets de rupture du jeûne.
La dame Ramatoulaye, âgée d’une vingtaine d’années, révèle que la majorité des clients servis surplace sont des étudiants et des salariés qui arrêtent tardivement leur activité professionnelle. A la gare routière de Djicoroni-Para, Maladon Sangaré prépare à midi pour les voyageurs non jeûneurs. Et dans l’après-midi, elle propose des repas de rupture de jeûne.
Le cordon bleu Batoma Kouyaté a installé son restaurant en plein air sur le tronçon entre le marché de Sébenikoro et le pont du Woyowayanko. Elle vend de la soupe d’abats et de pièces de poulets. Elle affirme vendre en moyenne pour 25 000 Fcfa par jour pendant ce mois béni.
Notre curiosité nous a conduit à une jeune dame en train de frire des beignets à côté d’un immeuble, non loin de la Place CAN, à l’ACI 2000. Elle ne cache pas la rentabilité des beignets accompagnés de tisane et de sauce de viande de bœuf. Elle affirme vendre quotidiennement pour plus de 30 000 Fcfa.
Le maçon, Mamadou Cissé savoure son repas dans une gargote située près du Lycée Prosper Camara à Hamdallaye. Il juge que la multiplication des points de vente pendant le Ramadan est une bonne chose. Les célibataires dont les familles ne sont pas à Bamako peuvent se procurer facilement des repas. Mais il estime que celui qui mange dehors, ne doit pas faire la fine bouche sur les repas qu’on lui propose au coin d’une rue. Certains clients se plaignent de la qualité et de l’assaisonnement des repas servis dans la rue. Certaines préparations sont trop sucrées, trop salées ou trop huilées. Ces excès peuvent avoir des répercutions sur la santé.
Nous abordons un client assis devant une gargote non loin du marché de Sébénicoro. Il témoigne en ces termes : « Je mange ici même en dehors du mois de Ramadan. Les repas proposés par ma cliente sont sains». Avant d’atterrir chez celle qui le rassure, ce jeune homme avait fait le tour de nombreuses vendeuses qui mettent trop de sel ou du sucre dans le haricot. Ce client soucieux de sa santé pense que des dispositions devraient être prises par les services d’hygiène, pour vérifier la qualité des repas des vendeurs et des vendeuses de rues. Même si leur activité est temporaire.
La vendeuse Mariam Konaté se soucie de la santé des clients. Elle prend les commandes spéciales de ceux qui souffrent de diabète ou qui ne mangent pas de sel. Par contre, Fanta Diarra de Sébénicoro met du sucre dans le haricot prétendant que c’est bon à manger. «Je le fais aussi à la demande de certains clients. J’utilise également de huile et du sel dans mon riz pour qu’il soit mangeable sans sauce. Je ne pense pas que ces pratiques nuisent à la santé», dit-elle.
Qu’en pensent les spécialistes de la santé ? Les mélanges dénoncés par les clients ne constituent pas de problème sur la santé, selon Dr Magassa médecin à la clinique Makoroba à Médina-coura. Les éléments comme le sucre, le sel et l’huile apportent des nutriments à l’organisme. Le sel est essentiellement composé de chlorure de sodium, le sucre de glucose et l’huile est composée de l’ionogramme complet. «Leur mélange n’est pas un risque, sauf si les conditions d’hygiène n’ont pas été respectées», a fait savoir le toubib. La nutritionniste Rosine Ouattara partage le même avis que Dr Magassa. Elle invite la population à respecter les conseils donnés par les médecins.
Juliette Coulibaly
Source: Essor