La vente ambulante d’objets divers est une pratique de plus en plus intégrée dans le quotidien de beaucoup de jeunes filles, sur instruction de leurs parents ou patronnes, qui parcourent de longues distances avec une assiette ou un seau sur la tête à la recherche de clientèle de tout genre.
Si la pratique est une source de revenus pour les parents et les patronnes, elle peut s’avérer très dangereuse, surtout pour les filles croquantes qui sont plus exposées à d’énormes risques.
Les garçons également en font souvent les frais.
La preuve, beaucoup deviennent des délinquants, ou des petits voleurs, car ayant pris goût à l’argent.
Bibata, une jeune vendeuse ambulante venue du centre du Mali, nous raconte sa mésaventure : À peine 13 ans, la jeune fille quitte sa maison familiale chaque jour, vers 16h portant sur sa tête un plateau contenant un peu de tout : savon, amidon, encens, poudre de bleu, etc. Comme d’habitude, elle fait le porte-à-porte pour avoir de potentiels clients. Malheureusement, c’est là que son chemin a croisé son bourreau, nous raconte-t-elle :
« Ce jour-là , je n’avais presque plus de marchandises, mais par cupidité, je voulais vider mon assiette. Ainsi, j’ai continué ma route et le porte à porte jusqu’à ce que je passe devant une maison où j’ai été appelée par un homme d’un certain âge. Inconsciente et insouciante et ne doutant de rien, je me dirige vers lui. Il me prend deux savons, se dirige vers une pièce et me demande de venir prendre mon argent. Naïve comme je suis, je le suis patiemment et consciemment. Et tout d’un coup, il change de mine et me tire par le bras vers lui, glisse sa main sous mon pagne, essaie de me faire coucher sur son matelas. Au moment où il s’apprêtait à commettre son forfait, il reçoit de la visite. Du coup, je me suis vite enfuie sans me retourner. Une histoire que j’ai encore du mal à raconter, mais je remercie Dieu qui m’a sauvé ce jour-là ».
Contrairement à Bibata, combien de filles qui exercent la vente ambulante n’ont pas eu la chance d’échapper à leurs agresseurs et qui souffrent en silence ?
Par ailleurs, c’est le lieu de souligner que la jeune Bibata n’a pas pu continuer ses études, parce que, confesse-t-elle, la pratique lui prenait beaucoup de son temps et l’épuisait trop.
Pour beaucoup d’observateurs, c’est la pauvreté qui pousse certains parents à exposer leurs enfants de la sorte. Mais il est important de ne pas oublier les dangers que courent ces enfants sans défense dans les rues.
Une triste réalité de la société malienne qui interpelle les autorités et les organisations de défense des droits des enfants.
En tout cas, aujourd’hui, le phénomène prend de l’ampleur mais on n’en parle pas, même si cela se passe au vu et su de tout le monde: « il est une réalité bien vivante dans notre société, mais personne n’ose en parler, dénoncer, mais pourquoi. Mais, le plus souvent, les jeunes filles se retrouvent avec des miettes».
M.Yattara
Source : L’Alternance